Âmes Étoilées Tome II [TERMINÉ]

46-Siriussienne

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Royalty - Egzod, Maestro Chives et Neoni

Lorelye

Un mois s'était écoulé depuis son enlèvement.

Un mois depuis qu'elle avait été arrachée à l'autel par le Prince de Sables, sous les regards tétanisés de la cour. Un mois depuis qu'elle avait consenti à cet enlèvement, consciente qu'épouser Kairik signerait la fin de tout espoir pour le Nord. Mais aujourd'hui, ce mariage avorté n'avait plus d'importance. L'alliance politique entre Sirius et Naos n'était plus qu'un rêve dissipé dans le vent et les ruines. La guerre l'avait remplacée. Une guerre brutale, impitoyable, qui ne laissait pas le temps aux rancœurs personnelles d'éclore.

Les armées noires du Roi Obscur avaient déferlé sur l'Evalera avec une précision effroyable. Quelqu'un les avait trahis. Quelqu'un qui connaissait Alma de l'intérieur, qui avait livré les défenses de la cité avec une précision qui ne laissait aucun doute sur sa maîtrise militaire. Lorelye n'avait pas eu le temps de mener l'enquête. Il fallait survivre. Il fallait rassembler les troupes, sauver ce qui pouvait encore l'être.

Et pour cela, ils avaient besoin de Naëlion.

Le Prince de Sables. Son geôlier. Son sauveur. Son ennemi.

Aucune représaille n'avait été engagée contre lui, et cela la hantait plus qu'elle ne voulait l'admettre. Pas parce qu'elle cherchait vengeance — pas encore — mais parce qu'elle aurait voulu comprendre. Comprendre ce qu'ils étaient, à présent. Ce qu'elle était, elle, après tout cela. Comprendre pourquoi il était toujours là, au sommet des murailles d'Alma, à scruter l'horizon avec la détermination silencieuse de ceux qui n'ont jamais connu la défaite.

Il commandait leurs hommes. Et pire encore, il était bon dans ce rôle. Trop bon.

Lorelye le trouva là, debout sur les remparts, sa silhouette drapée dans le sable et le sang des batailles passées. Elle s'arrêta à quelques pas de lui, le vent soulevant les pans de son manteau, sa main crispée sur la garde de son poignard.

— Un mois, Naëlion, dit-elle, la voix basse mais tranchante. Et nous voilà.

Il ne se retourna pas immédiatement, laissant le silence s'étirer entre eux. Puis, enfin, il tourna la tête, son regard d'onyx capturant le sien.

— Vous êtes toujours en vie. C'est tout ce qui compte.

Une réponse insatisfaisante. Mais elle n'avait pas le temps de se battre contre des fantômes du passé. Pas alors que l'ombre du Roi Obscur grandissait sur leur monde.

Alors elle serra les dents et releva le menton.

— Pour l'instant. Mais dites-moi, Naëlion... Qui croyez-vous nous a trahis ?

Il ne répondit pas tout de suite. Mais dans son regard, elle vit une vérité qu'elle n'était peut-être pas prête à entendre.

Alors, d'une voix basse, il révéla ce qu'elle redoutait :

— Ce n'était pas Kairik. Du moins, pas lui seul. Il voulait vendre Naos au Roi Obscur après votre mariage en échange d'une immunité. Mais il n'a jamais eu le temps d'agir. L'ennemi est entré par une autre porte... une porte qu'il ne contrôlait pas.

Lorelye sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine. Quelqu'un d'autre les avait livrés. Et ce quelqu'un était encore là, tapi dans l'ombre.

Lorelye, à proximité du prince siriussien, regardait la cité naonienne à présent détruite. Les flammes s'éteignaient peu à peu, ne laissant derrière elles que des cendres et l'odeur âcre du sang séché. Le vent portait encore les cris d'agonie des derniers survivants, étouffés par le silence pesant de la défaite. Son regard parcourut les ruines, et elle laissa ses souvenirs revenir, inexorables, l'écraser sous leur poids.