Playlist :
Take me to church - Hozier
Zorcha
La neige tombait en silence, recouvrant la forêt d'un manteau d'une blancheur aveuglante. Une blancheur trompeuse, immaculée en apparence, mais souillée par le sang que Zorcha y répandait sans relâche. Cachée dans l'ombre des conifères, elle attendait, le souffle court, l'adrénaline brûlant dans ses veines comme un poison familier. Une nouvelle patrouille de l'armée noire approchait, leurs pas brisant la croûte de glace avec une régularité presque rassurante. Ils ne savaient rien. Ils ne se doutaient pas que leur mort les épiait, silencieuse et impitoyable.
Zorcha frappa avec la précision d'un fauve. Une dague trouva la gorge du premier avant même qu'il ne réalise ce qui l'avait touché. Le deuxième tenta d'alerter les autres, mais elle l'avait déjà abattu d'un revers de lame, son sang s'éparpillant sur la neige pure en éclats écarlates. Les cris étouffés, les gargouillis de souffrance se perdaient dans l'immensité glaciale. Et lorsqu'il ne resta plus que le silence, elle contempla son œuvre.
Le froid mordait sa peau, s'infiltrait dans ses muscles tendus, mais elle ne frissonnait pas. La douleur, le froid, la fatigue, tout cela n'était que des murmures lointains qu'elle balayait d'un revers de conscience. Il n'y avait que la rage, brute, insatiable, qui tambourinait dans son crâne comme un animal en cage.
Rien n'apaisait cette colère qui la rongeait, cette rage dévorante qui faisait trembler ses mains même après la bataille. Elle était seule, entourée de cadavres, et pourtant ce n'était pas eux qu'elle haïssait. C'était elle-même.
La forêt s'étendait autour d'elle, vaste, indifférente. La neige absorbait tout, même les cris, même les regrets. Pourtant, elle avait l'impression que le vent murmurait ses doutes, ses peurs, comme une voix qu'elle refusait d'entendre.
Zorcha savait. Elle savait que Naëlion et Lorelye descendaient vers le Sud, qu'ils se préparaient à la guerre, et elle restait là, fuyant, incapable d'affronter ce qui la terrifiait le plus. Retrouver Lorelye aurait été une délivrance, un point d'ancrage dans ce chaos, mais elle ne pouvait s'y résoudre.
Et Rills... Son nom la traversa comme un poignard. Elle l'avait repoussé, menacé, condamné à l'oubli, et pourtant, l'ombre de son absence la hantait. Elle regrettait. Un poids étouffant lui serrait la poitrine chaque fois qu'elle pensait à lui, mais c'était plus fort qu'elle. Elle ne savait pas comment ouvrir son cœur. Elle en était incapable.
L'amour n'apportait que de la douleur. L'aimer, c'était s'exposer à la souffrir. Être aimée, c'était accepter une faiblesse insupportable. Alors, elle tuait. Encore et encore. Comme si le sang pouvait noyer le vide en elle.
Mais le vide était toujours là. Et il semblait s'étendre à mesure qu'elle s'enfonçait dans cette guerre.
Elle se souvenait du dernier regard qu'il lui avait lancé. Ni colère, ni reproche, seulement cette incompréhension douloureuse, ce chagrin muet qu'elle ne supportait pas d'affronter. Elle l'avait blessé plus qu'elle ne l'avait voulu, plus qu'elle ne l'avait prévu. Et si elle le revoyait maintenant, elle savait qu'il y aurait dans ses yeux quelque chose d'encore pire : de l'espoir. L'espoir qu'elle puisse revenir vers lui, l'espoir qu'elle regrette. Et elle regrettait. Mais elle ne pouvait pas lui offrir autre chose que du malheur. Quelques mois en arrière, la vision qu'elle avait de Rills avait commencé à changer.
Ils se faisaient face, seuls dans la clairière, la lune projetant des ombres fantomatiques sur la neige.
— Tu as un problème avec moi, lança Rills sans détour.
Zorcha ricana, les bras croisés.
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Âmes Étoilées Tome II [TERMINÉ]
FantasySPOIL/Attention/ il est nécessaire d'avoir lu le tome 1 pour lire le 2 ! Sélina Barton nageait depuis des jours dans la mer du Sud, survivant miraculeusement à la tentative de meurtre du roi Sirius. Malgré la disparition de sa mémoire, Sélina sait q...
![Âmes Étoilées Tome II [TERMINÉ]](https://img.wattpad.com/cover/376053566-64-k609347.jpg)