Chapitre 5

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J'étais prisonnière de la Bête.

Cette pensée me tournait dans la tête comme un poison. Chaque seconde qui passait, chaque respiration que je prenais dans cet endroit glacé et silencieux, ne faisait qu'accentuer l'horreur de ma situation. Les murs du manoir semblaient se resserrer autour de moi, comme une cage dorée. Un piège luxueux et étouffant, conçu pour me maintenir sous l'emprise de Leone.

Leone. Ce nom résonnait dans ma tête avec une force brutale. Ses yeux sombres et impitoyables, son sourire cruel, tout en lui semblait construit pour inspirer la peur. Et pourtant, une partie de moi ne pouvait pas s'empêcher de se demander ce qu'il y avait derrière ce masque. Pourquoi m'avait-il choisie ? Pourquoi moi, fille d'un libraire endetté, devais-je être celle qui devait payer pour les erreurs de mon père ?

Je me souvenais de la façon dont il m'avait fixée, comme s'il pouvait voir à travers mes pensées les plus profondes, comme s'il pouvait lire chacune de mes faiblesses. Il avait dit qu'il me briserait, mais pas tout de suite. Ce serait trop facile, avait-il murmuré. Chaque mot qu'il avait prononcé était une promesse silencieuse de souffrance, et je savais qu'il ne mentait pas. Leone était un homme de pouvoir, un homme habitué à contrôler chaque aspect de son monde, et maintenant... j'en faisais partie.

Je n'avais aucune illusion. J'étais sa prisonnière.

Ma chambre était vaste, ornée de draperies somptueuses et de meubles anciens, mais tout ce luxe me paraissait étranger, presque grotesque. Ce n'était pas un endroit où je me sentais en sécurité. Chaque objet semblait me rappeler que j'étais à la merci de cet homme, que je n'avais aucun contrôle sur ma vie. Mon père était libre maintenant, mais à quel prix ? Mon cœur se serrait à cette pensée. J'avais échangé ma liberté contre la sienne, et je ne savais pas si j'avais fait le bon choix. J'ignorais ce que l'avenir me réservait, mais une chose était certaine : je n'étais plus maîtresse de mon destin.

Je me levai du lit et me dirigeai vers la fenêtre. Dehors, la nuit était noire, presque impénétrable. Les jardins qui entouraient le manoir étaient éclairés par quelques lampadaires lointains, projetant des ombres inquiétantes sur les statues et les haies taillées à la perfection. Tout semblait silencieux, figé dans une tranquillité trompeuse. Pourtant, je savais qu'au-delà de cette façade calme, il y avait une autre réalité. Celle de Leone. Une réalité faite de violence, de pouvoir, et de domination.

Je fermai les yeux, essayant de calmer le tumulte dans ma tête. Mais chaque tentative de trouver un peu de paix intérieure était rapidement balayée par la peur. Peur de ce qu'il allait me faire, peur de perdre cette part de moi que j'essayais désespérément de protéger. Leone avait dit qu'il voulait briser la lumière en moi, mais je refusais de le laisser faire.

Je refusais d'être une victime.

Soudain, j'entendis un bruit derrière moi. Un grincement léger, presque imperceptible. Je me retournai rapidement, mon cœur battant à tout rompre. La porte de ma chambre s'ouvrit lentement, et une femme entra. Elle portait un uniforme de domestique, et ses gestes étaient rapides mais discrets. Ses yeux baissés évitaient soigneusement de croiser les miens.

— Madame, dit-elle d'une voix douce. Je suis là pour vous apporter votre dîner.

Elle posa un plateau sur la table, sans un mot de plus, et se dirigea vers la porte pour repartir aussi silencieusement qu'elle était venue. Mais je ne pouvais pas la laisser partir sans poser au moins une question.

— Attendez, dis-je précipitamment. S'il vous plaît... combien de temps vais-je rester ici ?

Elle s'arrêta, hésitante. Ses mains tremblèrent légèrement alors qu'elle serrait les pans de sa jupe. Finalement, elle tourna la tête vers moi, mais sans me regarder directement.

— Je ne peux pas vous dire, mademoiselle, murmura-t-elle. Tout dépend de Monsieur Leone.

Et sans ajouter un mot, elle disparut, me laissant seule avec mes pensées.

Je me laissai tomber sur le canapé, le poids de sa réponse me pesant lourdement sur les épaules. Tout dépendait de Leone. Ma liberté, ma vie, mon avenir, tout était entre ses mains. Une rage sourde montait en moi. Je ne voulais pas être à sa merci. Je ne voulais pas être ce pion qu'il pouvait manipuler à sa guise. Mais que pouvais-je faire ? J'étais coincée ici, et chaque jour qui passait ne ferait que renforcer son contrôle sur moi.

La colère était mon seul refuge. Si je laissais la peur m'envahir, je savais que je sombrerais. Alors, je m'accrochai à cette colère, à ce refus de céder, de le laisser me détruire.

Je savais que Leone reviendrait. Il finirait par vouloir me voir, tester mes limites, jouer à son jeu cruel. Mais je devais être prête. Je devais rester forte, même si tout en moi me hurlait de fuir.

Car je savais une chose : tant que j'avais encore la force de résister, tant que cette lumière en moi brillait encore, il ne m'aurait jamais complètement. Et c'était peut-être la seule chose qui me restait dans cet enfer.

Prisonnière, oui. Mais pas encore brisée. Pas encore.

la belle et le mafieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant