Les jours étaient devenus une routine étouffante, chaque matin se fondant dans la monotonie du précédent. Je me réveillais dans ce lit opulent, entourée de murs qui semblaient se refermer sur moi, comme une toile d'araignée dont il était impossible de s'échapper. Pourtant, chaque détail de cette maison, de ce manoir imposant, devenait une partie de moi, imprégnait mes pensées, mes rêves. Leone, avec son regard glacial, son allure impénétrable, hantait mes nuits autant que mes jours. Je ne pouvais pas m'empêcher de me demander qui il était vraiment, pourquoi il m'avait enfermée ici et quel jeu il jouait avec mon esprit.
Un matin, alors que je descendais pour prendre le petit-déjeuner, je trouvai la table vide, les domestiques déjà partis après avoir soigneusement dressé les couverts. Un silence oppressant régnait dans la maison. Je n'avais pas vu Leone depuis plusieurs jours, et cela me perturbait plus que je ne voulais l'admettre. C'était étrange, cette absence me pesait. Je m'étais habituée à sa présence, même distante, même menaçante. Sans lui, la maison semblait plus vide encore, et mon isolement devenait insupportable.
Je m'assis à la table, le regard perdu dans le vide, écoutant le silence envahir chaque recoin de la pièce. Ce silence avait quelque chose d'inquiétant, comme une menace invisible, prête à surgir à tout instant. La lumière qui filtrait à travers les grandes fenêtres semblait terne, incapable de réchauffer l'atmosphère glaciale qui régnait dans la maison. Mon esprit vagabondait, cherchant des réponses à des questions que je ne savais même plus formuler.
Les journées se succédaient, toutes semblables, mais celle-ci avait un goût différent, un arrière-goût de changement. Quelque chose d'indéfinissable flottait dans l'air, une tension que je ne pouvais ignorer. Où était-il ? Pourquoi cette absence prolongée alors qu'il ne semblait jamais vouloir me quitter des yeux ? Le manoir, avec ses couloirs interminables et ses secrets cachés, devenait presque un personnage à part entière, un gardien silencieux des mystères de Leone.
L'après-midi, une idée s'insinua dans mon esprit, aussi dangereuse qu'inévitable. Il me fallait comprendre. Il me fallait explorer ce manoir, chaque recoin, chaque pièce inexplorée, dans l'espoir de découvrir des indices sur cet homme qui me gardait captive. J'avais toujours su que la maison recelait des secrets, mais jusqu'à ce jour, je n'avais jamais eu le courage de m'aventurer au-delà des limites imposées. Aujourd'hui, ces limites me paraissaient floues, presque inexistantes.
Je me levai, la détermination brûlant en moi, et me dirigeai vers les étages supérieurs, là où Leone s'était toujours montré plus protecteur, presque interdit. Plus je montais les escaliers, plus mon cœur battait fort, résonnant dans le silence comme un écho de mes craintes.
À chaque marche gravie, la tension montait en moi. Le manoir semblait prendre vie, ses murs secrets semblant chuchoter des avertissements, comme pour me rappeler que je m'aventurais sur un terrain interdit. Pourtant, je continuais, poussée par une curiosité dévorante et un désir croissant de comprendre ce qui se cachait derrière ces portes verrouillées.
Les couloirs du deuxième étage étaient plus sombres, l'air plus lourd, comme si l'ombre de Leone planait ici plus intensément qu'ailleurs. J'avais remarqué depuis mon arrivée que ces pièces restaient inaccessibles, et les rares fois où j'avais tenté de m'en approcher, Leone avait toujours trouvé un moyen de me détourner. Mais aujourd'hui, son absence prolongée me donnait l'audace de braver cet interdit.
Je m'arrêtai devant une porte massive, en bois sombre, dont la poignée argentée semblait briller d'une lueur glaciale dans la pénombre. Mon souffle était court, mes doigts tremblaient légèrement alors que je posais ma main sur la poignée froide. Je pris une inspiration profonde, puis tournai lentement la poignée, sentant la porte céder sous la pression de ma main.
