Chapitre 7

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Les jours s'étiraient, chacun d'eux ressemblant au précédent. Le manoir était devenu ma cage, une prison luxueuse où chaque pièce, chaque meuble semblait me rappeler que je n'étais plus maîtresse de ma vie. Le temps n'avait plus de sens ici. Je ne voyais Leone qu'à de rares occasions, mais sa présence planait toujours sur moi, comme un spectre silencieux qui m'observait de loin, attendant que je faiblisse.

Je passais mes journées à errer dans les couloirs, cherchant désespérément un moyen de m'échapper, même si je savais que tout était minutieusement surveillé. Les domestiques, silencieux et effacés, évitaient de croiser mon regard, comme s'ils savaient déjà que mon sort était scellé. Ils ne parlaient jamais, ne me posaient aucune question. Mais je pouvais sentir leur pitié à peine voilée. Ils avaient dû voir d'autres femmes dans ma situation. Peut-être avaient-elles toutes cédé, finissant par accepter leur captivité.

Je ne voulais pas être comme elles. Je ne pouvais pas.

Je refusais de me laisser sombrer dans cette passivité. Il y avait quelque chose de profondément oppressant dans ces murs, dans cette attente silencieuse que je fléchisse sous le poids de la situation. Les journées s'écoulaient lentement, et malgré le luxe étouffant du manoir, je me sentais plus emprisonnée que jamais.

La nuit, je m'allongeais dans mon lit immense, incapable de trouver le sommeil. Mes pensées tournaient en boucle, cherchant une échappatoire. Je passais des heures à imaginer des plans, des stratégies pour m'enfuir. Mais chaque chemin que j'entrevoyais semblait me ramener à Leone. Il était omniprésent, même dans son absence. Ses rares apparitions me hantaient, son regard perçant me sondant à chaque instant, comme s'il savait exactement ce que je ressentais, ce que je pensais.

Un soir, alors que je descendais pour dîner, je remarquai un léger changement dans l'air. Leone était assis, comme toujours, à l'autre bout de la longue table, son visage partiellement dissimulé dans l'ombre. Mais cette fois, il semblait différent. Plus détendu, presque serein. Cette attitude me déstabilisa, mais je refusai de montrer la moindre faiblesse.

— Assieds-toi, Isabelle, dit-il calmement sans me regarder.

Je m'installai face à lui, observant son visage avec attention. Il prit une gorgée de vin avant de lever les yeux vers moi, un sourire imperceptible sur ses lèvres.

— Je vois que tu t'habitues à ton nouvel environnement, dit-il doucement, comme s'il s'adressait à une invitée.

Je soutins son regard, mon cœur battant plus fort.

— Ce n'est pas une question d'habitude, répliquai-je, mes mots plus tranchants que je ne l'avais prévu. C'est une question de survie.

Leone haussa un sourcil, visiblement amusé par ma réponse. Il se pencha légèrement en avant, ses mains posées sur la table.

— Et tu comptes survivre comment, Isabelle ? demanda-t-il d'une voix douce, presque affectueuse. En fuyant ? Tu sais que tu ne pourrais jamais quitter cet endroit sans mon accord.

Un frisson parcourut mon échine, mais je ne détournai pas les yeux. Il cherchait à me faire douter, à me briser. Mais je ne céderais pas aussi facilement.

— Peut-être que je n'ai pas besoin de fuir, rétorquai-je, mon ton glacial.

Le silence qui suivit fut pesant. Leone me dévisagea un instant, son sourire disparaissant peu à peu. Il se leva soudainement, et pendant un bref instant, je crus qu'il allait s'éloigner sans un mot. Mais au lieu de cela, il s'approcha lentement de moi, chaque pas résonnant dans la grande salle. Lorsqu'il fut juste en face de moi, il se pencha légèrement, me fixant avec une intensité qui me fit frémir.

la belle et le mafieuxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant