(mini chapitre...)
-Iserine ?
La maudite se retourna. Un garçon assez grand et un peu trop banal à son goût la dévisageait.
-Euh, oui ?
Qui était-il ? Comment pouvait-il la connaître ?
-Tout va bien ?
Est-ce que... c'était quelqu'un de son passé ?
-O... oui ! Oui, et toi ?
-Ça va. Tu as reteint tes cheveux ? J'avoue que le rose ça te va grave mieux.
-Ah ! Merci ! Pas aussi beau que le naturel par contre... (peut-être que...) hein, tu sais, le naturel.
-Ouais.
Tant pis. Elle ne saurait jamais ce à quoi elle ressemblait avant cette salle teinture... Mais mieux valait avoir l'air normal.
-Hum... Que fais-tu ici ?
-Du skate. J'attends le bus là. Y'a bientôt la compet, t'sais. Et toi ?
Quelle horrible façon de parler.
-J'essaie d'aller aux Pyrénées.
-Aux Pyrénées ?
-Oui.
-En bus ?
-Oui.
-Le bus va plutôt t'emmener à l'asile. Euh, attends, est-ce que t'as tête va bien ?
Mince ! Elle avait oublié sa blessure ! Son front devait toujours saigner.
-Oui oui ne t'inquiètes pas.
Il l'a toisa d'un regard lourd de questions. Personne ne dit rien. Iserine secoua la tête. Elle ne pouvait pas laisser cette occasion passer !
-Tu ne saurais pas où je pourrais trouver... des renseignements ?
-T'as pas ton téléphone ?
-Non. Confisqué.
-Bah... tu peux toujours aller à la bibliothèque je suppose ? C'est quel genre de rensei...
-Oh ! Merci ! Je dois te laisser, désolé.
Iserine était embarrassée - elle n'avait pas réalisé qu'il n'avait pas fini de parler. Et qu'elle ne savait pas où était la bibliothèque. Mais elle trouverait. Normalement.
Iserine déambula dans les rues pendant un temps bien trop long, sans jamais s'y retrouver. Elle avait tellement faim qu'elle faillit arracher un chewing-gum par terre et l'avaler. Heureusement, son bon sens avait pris le dessus. Oh, et une voiture l'avait presque écrasé. Aujourd'hui n'était pas un bon jour pour être Iserine Eltanin.
Ou peut-être pas. Après une longue marche, elle aperçut le bâtiment convoité. Enfin ! Bon, peut-être n'était-ce pas lui, mais il ressemblait à l'image qu'elle s'en faisait. Et puis, il y avait écrit médiathèque dessus, alors ça devrait faire l'affaire.
Iserine entra, se fit saluer par une dame derrière un comptoire (ce qui l'embarassa beaucoup, étant donné qu'elle n'avait pas pensé à dire bonjour, puis qu'elle décida donc de dire coucou mais se rendit compte en plein milieu que c'était vraiment une façon stupide de dire bonjour, et se contenta donc de ne rien répondre, se faisant ainsi passer pour une personne très impolie et stupide). Elle scruta les étagères, se rappela qu'elle n'était pas ici pour lire, et finit par trouver un ordinateur libre.
Si les miracles existaient, ils avaient choisis ce moment là pour se montrer : Iserine comprit comment fonctionnait la machine alors qu'elle n'en avait jusqu'alors jamais utilisé. Elle appuya sur plusieurs icônes, fut un peu confuse, observa ses voisins, et l'écran devient blanc. Elle chercha les lettres sur le clavier, appuya sur la louche, et une carte apparut.
Iserine l'examina. Elle avait vraiment sous-estimé la distance entre sa destination et son emplacement... Comment allait-elle parcourir tout ça ? Jordan serait mort lorsqu'elle arriverait là bas !
La jeune fille soupira et quitta sa place. Elle ne pouvait pas laisser un autre ami partir comme ça... peut-être qu'elle allait devoir demander de l'aide à quelqu'un, pour une fois. Iserine sortit du bâtiment, réussit enfin à saluer la dame de l'accueil, mais claqua la porte derrière elle par accident. Elle regarda ses pieds avancer sur le bitume, sa tête perdue entre les sons des voitures, des oiseaux, des conversations, des voix graves et aigues.
Et puis, elle reconnut une mélodie étrange, familière. La voix de quelqu'un qu'elle connaissait bien, la seule qu'elle connaissait vraiment.
La sienne.
Iserine se retourna sans même y penser. Et là, elle se vit.
Elle même. Souriante, pareille, elle.
Iserine Eltanin.
"... mais avant de vivre en paix avec les autres, je dois vivre en paix avec moi-même.
~Harper Lee, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur"
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Souvenirs Célestes
Science Fiction/!\ Attention, cette histoire comporte des sujets sensibles /!\ TW : dépression, mort, scènes à caractères violents "Bienvenue à Middle Down, Iserine. Le refuge pour maudits." La limite entre les histoires et la réalité est aussi mince qu'une feuill...