Chapitre 19 : Frère et protecteur

4 0 0
                                    


Point de vue : Lorenzo Berkshire

Les couloirs de Poudlard étaient aussi familiers que les lignes de ma main. Chaque recoin, chaque ombre m'étaient connus après toutes ces années à arpenter ces halls. Mais aujourd'hui, quelque chose était différent. Le bruit des discussions, des rires, des pas précipités des élèves semblaient lointains, presque irréels. Il n'y avait qu'une chose qui occupait mon esprit : Alex.

Ma petite sœur. Toujours si forte, si déterminée, mais je la connaissais mieux que personne. Derrière ce masque d'assurance, elle cachait souvent plus qu'elle ne laissait voir. Je l'avais vue changer ces derniers mois, s'ouvrir aux autres, se lier à des personnes comme Théo et Matheo. Mais quelque chose me disait que ces relations ne seraient jamais simples.

Je n'aurais jamais pensé la retrouver comme ça. Alex, seule, effondrée dans un coin sombre d'un couloir désert, ses épaules tremblant sous le poids de ses larmes. Mon cœur se serra instantanément. Ce n'était pas la Alex que je connaissais. Pas ma sœur, toujours si calme et imperturbable. Ce n'était pas elle.

— Alex ? murmurai-je, en m'approchant doucement, comme si je craignais que ma voix ne brise quelque chose d'encore plus fragile en elle.

Elle leva la tête brusquement, ses yeux rougis par les larmes, et mon cœur se serra un peu plus. Elle tenta immédiatement de se redresser, de s'essuyer les yeux d'un geste rapide, mais je pouvais voir qu'elle était dévastée.

— Lorenzo, dit-elle d'une voix brisée, comme si elle ne s'attendait pas à ce que je la trouve là.

Je me rapprochai d'elle sans un mot de plus, m'accroupissant pour être à sa hauteur, et je posai une main douce sur son épaule. Elle voulait se montrer forte, mais je savais qu'elle avait besoin de moi à cet instant précis. Elle avait besoin de son grand frère, pas de quelqu'un pour la juger ou l'interroger.

— Qu'est-ce qui s'est passé ? demandai-je doucement, essayant de garder ma voix calme.

Elle secoua la tête, comme si elle ne voulait pas en parler, comme si elle pensait que ses problèmes n'étaient pas importants, mais je n'étais pas dupe. Si elle était dans cet état, c'était bien plus grave qu'elle ne voulait l'admettre.

— C'est... c'est stupide, Lorenzo, murmura-t-elle, les larmes recommençant à couler malgré elle. Je suis tombée dans un piège, comme une idiote.

Je fronçai les sourcils, me demandant de quoi elle parlait. Alex n'était pas le genre de personne à se laisser prendre au piège facilement. Elle était plus intelligente que ça, plus rusée. Mais en la voyant comme ça, brisée, je savais que quelque chose l'avait blessée profondément. Et ça me mettait en colère. Qui avait osé faire ça à ma sœur ?

— Un piège ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Qui t'a fait ça ? demandai-je, ma voix devenant plus dure malgré moi.

Elle essaya de parler, mais les mots semblaient coincés dans sa gorge, comme si dire la vérité à voix haute rendrait tout cela encore plus réel. Je pouvais voir dans ses yeux qu'elle ne voulait pas m'inquiéter, mais je n'allais pas reculer. Pas cette fois.

Finalement, elle parla, sa voix tremblante de douleur.

— Pansy... et Daphné. Elles m'ont dit que Théo... que Théo avait fait de moi un pari. Que tout ce qu'il voulait, c'était me conquérir avant Matheo. Qu'il ne m'a jamais vraiment aimée.

Les mots tombèrent comme des coups de poignard, et je sentis une vague de colère monter en moi. Un pari ? C'était ridicule. Théo, ce garçon que j'avais vu traîner autour d'Alex, prétendant la respecter, avait osé jouer avec elle de cette manière ? Mais alors que la rage menaçait de prendre le dessus, je vis à quel point elle était fragile à cet instant. Ce n'était pas le moment pour la colère. Pas maintenant.

Je pris une profonde inspiration, tentant de maîtriser mes émotions, et je la tirai doucement contre moi, enveloppant mes bras autour d'elle. Elle se laissa faire, ses larmes mouillant ma robe, mais je m'en fichais. Tout ce qui comptait, c'était qu'elle sache que je serais toujours là pour elle.

— Alex, murmurai-je doucement. Peu importe ce qu'elles t'ont dit, tu ne dois pas les croire sans parler à Théo. Je sais que ça fait mal, mais tu sais mieux que quiconque que dans ce château, les rumeurs sont souvent plus dangereuses que la vérité.

Elle renifla, levant les yeux vers moi, son visage encore marqué par la douleur.

— Et si elles avaient raison, Lorenzo ? Si tout ça n'était qu'un mensonge ? Je ne veux plus être une idiote. Je ne veux plus me laisser manipuler.

Je la regardai, plongeant mon regard dans le sien, essayant de lui transmettre toute la force dont elle avait besoin en ce moment.

— Théo ne serait pas idiot au point de parier sur toi, Alex. Pas toi. Je le connais assez pour savoir qu'il tient à toi. Mais si tu veux la vérité, la seule personne qui peut te la donner, c'est lui. Pas Pansy, pas Daphné. C'est à lui de te prouver qu'elles ont tort.

Elle resta silencieuse, mais je pouvais voir dans ses yeux qu'elle réfléchissait à ce que je venais de dire. Elle hocha finalement la tête, essuyant les dernières larmes de son visage.

— Tu as raison, murmura-t-elle. Je dois parler à Théo. Mais j'ai tellement peur, Lorenzo. Et si tout ce que je croyais vrai n'était qu'un mensonge ?

Je serrai un peu plus fort sa main dans la mienne.

— Peu importe ce qu'il se passe, Alex, tu n'es pas seule. Je suis là. Et je ne laisserai personne te blesser comme ça. Tu es plus forte que tu ne le penses.

Elle me regarda avec une gratitude silencieuse, et je sentis une vague de soulagement m'envahir. Alex était ma petite sœur, et peu importe ce qui se passait à Poudlard, peu importe les manipulations ou les trahisons, je serais toujours là pour elle.

Je la laissai se redresser, voyant qu'elle retrouvait peu à peu son calme.

— Merci, Lorenzo, murmura-t-elle. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.

Je lui souris doucement, tapotant son épaule.

— Tu n'auras jamais à le savoir. Parce que je serai toujours là.

Elle hocha la tête une dernière fois avant de se tourner, prête à affronter la vérité, peu importe ce qu'elle serait. Et moi, je restai là, regardant ma petite sœur s'éloigner avec une force nouvelle, sachant que quoi qu'il arrive, elle n'était plus seule.

Les cœurs Serpentard - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant