Chapitre 11 : Des Étoiles et des Ombres

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Point de vue : Alex Berkshire

La nuit était tombée sur Poudlard, et je n'avais pas bougé de mon lit depuis mon retour de la tour d'astronomie. Le silence régnait dans le dortoir des filles, entrecoupé uniquement par la respiration régulière de mes camarades endormies. Mais moi, je ne trouvais pas le sommeil. Pas après cette conversation avec Théodore. Pas après tout ce qu'il m'avait dit.

Je repassais encore et encore ses mots dans ma tête. Ses paroles étaient si simples, si sincères, qu'elles m'avaient presque déstabilisée. Avec Théo, il n'y avait jamais de sous-entendus, jamais de jeux d'influence comme avec Matheo. Il était direct, honnête, et en sa présence, je me sentais... apaisée. Mais c'était aussi ça qui me perturbait. Pourquoi tout semblait-il si compliqué avec Matheo, alors que les choses étaient si naturelles avec Théo ?

Je me redressai lentement dans mon lit, tirant mes jambes contre moi alors que la lune éclairait faiblement la pièce à travers les rideaux. Je savais que quelque chose devait changer, que je ne pouvais plus rester indécise. Mais chaque fois que je pensais avoir trouvé une réponse, une nouvelle question surgissait.

Avec Matheo, il y avait cette attirance incontrôlable, une intensité palpable chaque fois que nos regards se croisaient. Il m'intriguait, il me fascinait. Il était comme un puzzle que je ne pouvais m'empêcher de vouloir résoudre, même si je savais que m'approcher trop près pourrait me blesser. Mais il y avait aussi ce côté sombre chez lui, ce besoin constant de contrôler, de manipuler. Et c'était ce qui me faisait douter.

Avec Théo, les choses étaient plus claires. Plus simples. Il ne cherchait pas à me changer, à me tester. Il me laissait être moi-même, sans me pousser à jouer à des jeux de pouvoir. Il représentait tout ce que je n'avais jamais eu à Serpentard : la stabilité, la sérénité. Pourtant, une part de moi avait l'impression que cette simplicité ne pouvait pas durer, comme si quelque chose en moi cherchait toujours ce frisson, ce danger, ce que je trouvais en Matheo.

Je soupirai, agacée par mes propres pensées. Pourquoi devais-je choisir ? Pourquoi ne pouvais-je pas simplement profiter du moment sans avoir à analyser chaque sentiment, chaque geste ? Mais je savais que ce n'était pas aussi simple. À Serpentard, tout était un jeu. Les relations, les alliances, tout avait un but, un enjeu.

Et c'était précisément ce qui rendait mon choix si difficile.

Je passai une main dans mes cheveux, essayant de me calmer. Peut-être que le problème n'était pas Matheo ou Théo. Peut-être que le problème venait de moi, de cette incapacité à me décider. Peut-être que je cherchais trop à analyser, à comprendre, alors qu'il fallait simplement suivre mon instinct.

Je décidai de sortir du dortoir. J'avais besoin de marcher, de respirer l'air frais de la nuit, et de mettre un peu de distance entre moi et mes pensées. Je m'enroulai dans une cape noire et quittai la salle commune de Serpentard, mes pas résonnant doucement dans les couloirs vides.

Je me retrouvai de nouveau à la tour d'astronomie. Un endroit qui semblait maintenant symboliser mes doutes et mes réflexions. Je montai les marches en silence, jusqu'à atteindre le sommet. La vue était magnifique, comme toujours. Le ciel nocturne était dégagé, parsemé d'étoiles brillantes qui semblaient danser au-dessus de moi. Le vent frais balaya mes cheveux, apaisant légèrement l'agitation intérieure qui m'habitait.

Je m'approchai de la balustrade, regardant le paysage nocturne en contrebas, essayant de trouver des réponses dans ce silence étoilé.

— Je savais que je te trouverais ici.

La voix, grave et familière, me fit sursauter légèrement. Je me retournai pour voir Matheo apparaître à l'entrée de la tour, ses yeux sombres braqués sur moi. Mon cœur accéléra instantanément. Il était toujours capable de me faire cet effet, même dans les moments où je m'y attendais le moins.

— Matheo, murmurai-je, incapable de cacher la surprise dans ma voix. Que fais-tu ici ?

Il haussa un sourcil, s'approchant lentement.

— J'aurais pu te poser la même question, répliqua-t-il en croisant les bras. Mais je suppose que tu cherches à fuir quelque chose, ou quelqu'un. Peut-être même moi.

Son ton était direct, comme toujours, et je sentis la tension s'installer immédiatement entre nous. Je détestais ça. Avec lui, tout était un test, une épreuve, comme s'il cherchait toujours à me pousser dans mes retranchements.

— Je ne fuis rien, répliquai-je, essayant de garder mon calme. J'avais juste besoin de réfléchir.

Il esquissa un sourire, mais c'était un sourire froid, sans joie.

— Réfléchir à quoi, Alex ? À ce que tu veux vraiment ?

Ses mots me frappèrent plus durement que je ne l'aurais imaginé. Il n'avait pas tort, mais l'entendre ainsi, aussi directement, me rendait tout encore plus compliqué.

— Peut-être, admis-je, incapable de mentir.

Il s'approcha encore plus, jusqu'à ce que son regard plonge dans le mien, son intensité habituelle m'enveloppant.

— Tu sais que tu ne peux pas rester indécise éternellement, dit-il doucement. Ce n'est pas toi, Alex. Tu es quelqu'un qui sait ce qu'elle veut. Alors, qu'est-ce que tu veux ?

Je me figeai, mon cœur battant à tout rompre. Ses mots résonnaient dans ma tête, et une partie de moi savait qu'il avait raison. Je ne pouvais plus me cacher derrière mes doutes.

Je devais choisir. Matheo, avec toute sa complexité et son intensité, ou Théodore, avec sa simplicité et son calme.

— Je... je ne sais pas, répondis-je honnêtement, mes mots presque inaudibles.

Matheo me regarda longuement, ses yeux perçant à travers mes défenses. Puis, il hocha lentement la tête, comme s'il comprenait quelque chose que moi-même je ne réalisais pas encore.

— Quand tu sauras, Alex, je serai là, dit-il calmement avant de se détourner et de disparaître dans l'ombre.

Je restai seule dans la nuit, le vent soufflant doucement sur mon visage, les étoiles toujours brillantes au-dessus de moi. Mais malgré la beauté du ciel, je me sentais plus perdue que jamais.

Il était temps que je prenne une décision, même si cela signifiait perdre quelque chose en chemin.

Les cœurs Serpentard - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant