Chapitre 16 : Les éclats d'une vérité

4 0 0
                                    


Point de vue : Matheo Riddle

Le froid du matin semblait s'infiltrer dans chaque recoin de Poudlard, mordant la peau et alourdissant l'atmosphère. Mais ce n'était pas le froid qui me glaçait aujourd'hui. Non, c'était autre chose. Une sensation sourde, profonde, qui prenait racine quelque part dans ma poitrine. Une vérité que je ne voulais pas accepter, mais qui était désormais impossible à ignorer.

Je marchais seul dans les couloirs, mon visage fermé, dissimulant tant bien que mal le tumulte qui grondait à l'intérieur. J'avais appris la nouvelle comme tout le monde à Poudlard — des murmures, des regards, des rumeurs qui couraient plus vite que la réalité. Alex et Théodore. Ensemble. Officiellement.

Je m'étais préparé à cette possibilité. En fait, une part de moi avait su dès le début que Théodore représentait tout ce que je n'étais pas, tout ce qu'Alex semblait rechercher dans ses moments de doute. Je l'avais vu venir, senti dans ses hésitations, dans ses regards partagés entre nous. Mais savoir que ce moment était réellement arrivé, que j'avais été... remplacé, me brisait plus que je ne l'aurais imaginé.

Je m'arrêtai dans un couloir vide, appuyé contre le mur de pierre froid. L'air glacé qui s'infiltrait par les fenêtres ouvertes correspondait étrangement à l'engourdissement que je ressentais à l'intérieur. Je n'étais pas censé me sentir comme ça. Matheo Riddle ne se laissait jamais abattre. Je ne perdais pas, jamais. Et pourtant, aujourd'hui, je réalisais que j'avais bel et bien perdu quelque chose, ou plutôt quelqu'un.

Ce n'était pas une simple défaite. C'était comme perdre une partie de moi que je n'avais jamais voulu admettre que je possédais. Alex n'était pas qu'un jeu, pas qu'une distraction dans un monde où chaque relation était une lutte de pouvoir. Elle avait été plus que ça. Elle était celle qui m'avait fait douter de mes propres méthodes, de ma manière de fonctionner. Elle avait percé les fissures que je cachais sous mes couches d'indifférence.

Et maintenant, elle m'échappait.

Je serrai les poings, sentant la colère monter en moi. Mais ce n'était pas une colère contre elle ou même contre Théodore. C'était contre moi-même. J'avais toujours cru que je pouvais tout contrôler, manipuler chaque situation pour qu'elle m'avantage. Mais ce n'était pas le cas ici. Les sentiments d'Alex, sa décision, avaient échappé à mon contrôle, et c'était probablement ce qui me blessait le plus.

Perdu dans mes pensées, je ne l'entendis pas arriver. Ce n'est que lorsque j'entendis son souffle, léger mais présent, que je levai les yeux pour voir Alex, debout devant moi. Son visage, illuminé par la faible lumière du matin, reflétait à la fois une inquiétude sincère et une certaine culpabilité.

— Matheo, murmura-t-elle, sa voix douce et hésitante.

Je la regardai un instant, incapable de parler tout de suite. Chaque fibre de mon être voulait cacher ce que je ressentais vraiment, se recroqueviller derrière ce masque de froideur que j'avais toujours porté. Mais cette fois, c'était différent. C'était elle. Je ne pouvais pas mentir.

— Alors c'est vrai, dis-je enfin, ma voix plus dure que je ne l'avais prévu. Toi et Théodore.

Elle hocha la tête, ses yeux baissés un instant avant de me regarder à nouveau. Il n'y avait aucune arrogance dans son regard, aucune satisfaction. Juste cette sincérité qu'elle portait toujours avec elle.

— Oui, c'est vrai, répondit-elle doucement. Je... je suis désolée, Matheo.

Je laissai échapper un léger rire amer. Désolée ? Ce mot semblait tellement insuffisant pour tout ce que je ressentais à cet instant.

— Tu n'as pas à être désolée, Alex, répondis-je en secouant la tête. Tu as fait ton choix, et je savais que ce moment arriverait. C'était inévitable, non ?

Elle fit un pas vers moi, tendant la main comme pour me toucher, mais elle hésita. Je pouvais voir dans ses yeux qu'elle ne voulait pas me blesser, qu'elle se souciait encore de moi. Et c'est précisément ce qui rendait la situation encore plus difficile.

— Je ne voulais pas que ça se termine ainsi, dit-elle doucement. Toi et moi, on a partagé quelque chose de spécial. Je ne peux pas ignorer ça, ni ce que tu représentes pour moi. Je veux que tu restes dans ma vie, Matheo. Comme... comme mon ami.

Mon ami. Ce mot résonna dans ma tête, douloureusement. C'était une défaite amère, mais c'était aussi une réalité que je devais accepter. Peut-être que c'était tout ce que je pouvais espérer, maintenant qu'elle avait choisi Théodore. J'aurais pu m'éloigner, tourner le dos et tout effacer, mais je savais que je n'en étais pas capable. Pas avec Alex. Elle comptait trop pour moi, et même si cela signifiait rester dans l'ombre de Théodore, je n'étais pas prêt à la perdre complètement.

Je pris une profonde inspiration, relâchant la tension dans mes épaules.

— D'accord, dis-je finalement, ma voix plus douce, bien que teintée de tristesse. Je serai ton ami, Alex. Si c'est ce que tu veux, je serai là pour toi.

Elle sembla soulagée par mes mots, même si je pouvais voir dans ses yeux qu'elle comprenait la douleur derrière mon acceptation. Elle s'avança encore un peu plus et posa une main légère sur mon bras, un geste réconfortant, mais qui semblait aussi marquer la distance entre nous désormais.

— Merci, murmura-t-elle, ses yeux brillants d'émotion.

Je me contentai de hocher la tête, incapable de trouver d'autres mots. Alex se retira doucement, me lançant un dernier regard avant de s'éloigner, me laissant seul dans le couloir.

Je la regardai partir, sentant une étrange sensation de vide se répandre en moi. C'était terminé, d'une certaine manière. L'espoir que j'avais gardé en moi s'était effondré. Mais en même temps, une autre réalité prenait forme. J'étais toujours là, à ses côtés, même si ce n'était plus comme je l'avais espéré.

Elle avait fait son choix. Et je resterai à ses côtés, malgré tout. Parce que c'était Alex, et que même si mon cœur était brisé, je ne pouvais pas me résoudre à la perdre complètement.

Peut-être qu'être son ami serait plus difficile que tout ce que j'avais imaginé, mais c'était un rôle que j'étais prêt à endosser. Parce qu'elle le méritait. Parce que je l'aimais, même si elle avait choisi un autre.

Et peut-être qu'un jour, cette douleur s'atténuerait. Mais pour l'instant, il n'y avait que le froid du matin et le silence de ma propre défaite.

Les cœurs Serpentard - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant