Chapitre 28 : Le poids de la vengeance

2 0 0
                                    


Point de vue : Alex Berkshire

Le dortoir de Serpentard était silencieux, mais je pouvais sentir l'agitation sous la surface. Une tension presque palpable flottait dans l'air, et ce n'était pas uniquement à cause des événements récents. Ce soir, tout semblait peser plus lourd, chaque regard, chaque murmure me rappelait ce qui s'était passé. Je pouvais sentir les non-dits, les rumeurs qui se propageaient, et tout me ramenait à Lorenzo.

Je n'aurais jamais cru qu'il irait aussi loin.

Tout avait commencé quelques heures plus tôt. J'étais sortie de la salle commune pour prendre l'air, espérant que la fraîcheur de la nuit calmerait mes pensées. Mais à mon retour, quelque chose n'allait pas. Les regards furtifs, les conversations chuchotées... J'avais compris que quelque chose s'était produit. Et rapidement, j'ai appris ce que c'était.

Lorenzo s'était vengé.

Mon frère, toujours si protecteur, toujours là pour veiller sur moi, avait décidé de prendre les choses en main. Et cette fois, il avait franchi une ligne. Daphné et Pansy en avaient fait les frais. J'avais entendu les rumeurs—une confrontation dans un couloir sombre, des sortilèges lancés, des regards remplis de peur. Ils disaient que Lorenzo avait été implacable, qu'il n'avait montré aucune pitié.

En apprenant cela, mon cœur s'était serré. Je savais que Lorenzo ne me laisserait jamais tomber, mais je ne voulais pas de vengeance. Pas comme ça. Pas dans ce cycle de violence et de haine qui ne ferait que s'envenimer. Il avait voulu me protéger, je le comprenais, mais à quel prix ?

Je pris une profonde inspiration et sortis du dortoir pour aller le trouver. Je savais qu'il serait dans un coin isolé, loin des regards, probablement en train de ressasser ce qu'il avait fait, comme il le faisait toujours après avoir pris une décision difficile. Je connaissais Lorenzo. Il n'avait pas agi par simple colère. C'était sa manière de régler les choses, sa manière de montrer qu'il veillait sur moi.

Je le trouvai dans un couloir près des cachots, adossé contre un mur, les bras croisés. Ses traits étaient tendus, son regard dur. Mais en me voyant approcher, son expression se radoucit légèrement. Il savait déjà pourquoi j'étais là.

— Alex, murmura-t-il, sa voix basse et pleine de gravité.

Je m'arrêtai devant lui, cherchant les mots justes. La colère et l'inquiétude se bousculaient dans mon esprit, mais je savais que Lorenzo avait agi comme il le faisait toujours : en protecteur. Mais cela ne signifiait pas que je pouvais laisser passer.

— Qu'est-ce que tu as fait, Lorenzo ? demandai-je doucement, ma voix emplie de tristesse plus que de reproche.

Il détourna le regard un instant, soupirant légèrement avant de répondre.

— Ce que j'avais à faire, Alex. Elles t'ont blessée. Elles t'ont trahie. Je ne pouvais pas rester là sans rien faire.

Je secouai la tête, sentant les larmes me monter aux yeux. Ce n'était pas ce que je voulais. Pas cette violence, pas cette spirale de vengeance. Mais je savais que pour Lorenzo, c'était la seule manière de me protéger, de s'assurer que plus personne n'oserait s'en prendre à moi.

— Tu penses que c'est ce que je voulais ? Que j'ai besoin que tu te venges pour moi ? demandai-je, ma voix tremblante.

Il planta enfin son regard dans le mien, son expression sévère mais empreinte de cette affection fraternelle que je connaissais si bien.

— Non, Alex. Je sais que ce n'est pas ce que tu voulais. Mais parfois, il faut agir pour faire comprendre à ceux qui jouent à ces jeux qu'il y a des conséquences. Je n'ai fait que leur rendre la monnaie de leur pièce.

Je me sentais partagée entre la compréhension et l'inquiétude. Lorenzo avait raison sur un point : Daphné et Pansy avaient mérité des conséquences pour leurs actions. Mais je ne voulais pas que cela se termine en guerre ouverte entre nous. Je ne voulais pas que mon frère, ou quiconque, s'enlise dans ce cycle de haine.

— Lorenzo... soupirai-je en passant une main sur mon visage. Je ne voulais pas ça. Je veux juste que tout s'arrête. Que les choses reviennent à la normale.

Il baissa la tête un instant, comme s'il pesait mes mots. Puis il se redressa, croisant les bras de nouveau, plus résolu.

— Je sais, Alex, dit-il doucement. Mais parfois, ce n'est pas aussi simple. Elles ne te laisseront jamais en paix si elles pensent qu'elles peuvent te blesser sans conséquences. J'ai fait ce que j'avais à faire pour qu'elles comprennent ça.

Je me sentais épuisée par tout cela. Lorenzo avait toujours été mon protecteur, celui qui prenait les coups à ma place, celui qui réglait les problèmes que je n'étais pas capable d'affronter. Mais cette fois, cela allait trop loin. Je ne voulais plus de violence, je ne voulais plus de jeux de pouvoir. J'avais Théo, et c'était tout ce qui comptait. Je voulais juste qu'on me laisse tranquille.

— Tu dois arrêter, Lorenzo, dis-je finalement, ma voix ferme. Je t'aime, et je te suis reconnaissante pour tout ce que tu fais pour moi, mais cette vengeance, cette violence... Ce n'est pas ce que je veux. Ça ne résoudra rien.

Il me regarda longuement, ses yeux plongés dans les miens, cherchant à comprendre ce que je ressentais vraiment. Et pour la première fois, je vis quelque chose changer en lui. Une prise de conscience peut-être. Il hocha lentement la tête, relâchant un peu de la tension qu'il portait dans ses épaules.

— D'accord, dit-il doucement, comme une promesse. Si c'est ce que tu veux, je te respecte. Mais sache que je serai toujours là, quoi qu'il arrive.

Je souris faiblement, sentant une vague de soulagement m'envahir. Je savais que Lorenzo ne me laisserait jamais tomber, mais j'étais heureuse qu'il comprenne enfin que je ne voulais plus de cette violence. Je voulais juste avancer, avec Théo, et laisser tout cela derrière nous.

Je m'approchai de lui et le serrai dans mes bras, sentant ses bras puissants m'envelopper en retour. Nous restâmes ainsi un moment, en silence, simplement heureux d'être ensemble.

Lorenzo avait toujours été mon rocher, et je savais qu'il le resterait. Mais il avait compris que, cette fois, il ne pouvait pas tout régler par la force. Nous devions trouver un autre chemin.

Un chemin de paix.

Les cœurs Serpentard - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant