Chapitre 34 : L'adieu sous la pluie

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Point de vue : Théodore Nott

La pluie tombait doucement, imprégnant le sol de Poudlard d'une tristesse froide, silencieuse. Chaque goutte semblait porter avec elle un morceau de chagrin, une part de ce poids que je n'arrivais plus à porter seul. Je me tenais là, figé, le regard rivé sur le cercueil d'Alex qui reposait devant moi, prêt à être enterré sous cette terre lourde et humide.

Je n'arrivais toujours pas à croire que c'était réel.

Autour de moi, les murmures et les sanglots des élèves et des professeurs se mêlaient à la mélodie triste de la pluie. Mais tout cela me paraissait distant, irréel. Le monde entier pouvait bien s'effondrer, cela n'avait plus aucune importance. La personne que j'aimais le plus au monde n'était plus là. Alex, celle avec qui je pensais partager un avenir, était partie, et je me sentais vide. Comme si une partie de moi avait été arrachée.

Je restais immobile, incapable de détourner le regard du cercueil, mes doigts serrant convulsivement une enveloppe que Matheo m'avait donnée juste avant la cérémonie. Une lettre. Une lettre qu'Alex m'avait écrite. Je n'avais pas encore eu la force de l'ouvrir, de lire ses derniers mots. L'idée même de le faire me terrifiait, car une fois que j'aurais lu cette lettre, ce serait la fin. Le dernier lien tangible que j'avais avec elle.

Je sentis une présence à mes côtés. Matheo, fidèle à lui-même, se tenait là, silencieux. Lui aussi souffrait, je le savais. Alex n'était pas seulement mon amour, elle était aussi sa meilleure amie. Et malgré toutes les tensions qui avaient existé entre nous, à cet instant, nous partagions la même douleur. Il ne dit rien. Il n'y avait rien à dire.

La cérémonie était brève. Des discours furent prononcés, des souvenirs partagés, mais tout me semblait flou. Je ne voulais pas entendre ces mots de réconfort. Ils étaient vides. Aucun d'eux ne pouvait combler l'absence d'Alex. Aucune parole ne pouvait atténuer la douleur qui brûlait en moi, qui consumait chaque fibre de mon être.

Lorsque tout fut fini et que les autres commencèrent à se disperser, je restai là, figé, incapable de bouger. Le vent froid se leva, et la pluie se fit plus forte, mais je ne bougeai pas. Je n'étais pas prêt à la laisser partir. Pas encore. Pas comme ça.

Après un long moment, je pris une profonde inspiration et baissai les yeux vers la lettre dans ma main. Mon cœur battait plus fort alors que je déchirai doucement l'enveloppe, mes doigts tremblants à chaque geste. À l'intérieur, une feuille pliée soigneusement. Je la dépliai lentement, craignant ce que j'allais y trouver, mais sachant que je devais le faire. Que c'était le dernier cadeau qu'elle m'avait laissé.

Théo,

Je ne sais pas comment commencer cette lettre. En vérité, je ne pensais jamais avoir à l'écrire. Mais si tu la lis, c'est que je ne suis plus là, et j'ai l'impression que te dire au revoir par écrit est plus facile que de le faire en personne. Alors, je vais essayer d'exprimer ce que j'ai toujours voulu te dire.

Je t'aime. C'est aussi simple que ça, mais tellement compliqué à la fois. Depuis le jour où nous nous sommes rencontrés, tu as changé ma vie. Tu m'as offert une place dans ton cœur, et je t'ai donné le mien en retour. Ces moments que nous avons partagés, ces nuits sous les étoiles, nos rêves d'un futur ensemble... Tout cela restera à jamais gravé en moi, même si je ne peux plus être là pour les vivre avec toi.

Je suis désolée. Désolée de devoir te laisser ainsi, désolée de ne pas pouvoir tenir la promesse que je t'ai faite de rester à tes côtés. Mais sache que, où que je sois maintenant, je suis avec toi. Je veillerai toujours sur toi. Parce que c'est toi, Théo. Toi, qui as fait battre mon cœur de cette manière si unique. Toi, qui m'as montré ce qu'était l'amour véritable.

Je sais que tu souffres. Et si je pouvais, je prendrais cette douleur, je la garderais pour moi. Mais je te demande une chose, et c'est peut-être la chose la plus difficile que je puisse te demander : continue de vivre. Continue de te battre, même si tout semble perdu. Je sais que tu en es capable. Parce que c'est ce que tu as toujours fait. Tu m'as donné la force quand j'en avais besoin, et je sais que tu trouveras cette force en toi, même maintenant.

Je ne veux pas que tu passes ta vie à regretter ce que nous n'avons pas pu avoir. Vis pour moi, Théo. Vis pour nous deux.

Prends soin de Matheo, il aura besoin de toi. Et sache que peu importe ce que l'avenir te réserve, tu as été, et tu seras toujours, l'amour de ma vie.

Je t'aime.

À jamais,

Alex

Je restai là, la lettre dans les mains, incapable de respirer, incapable de comprendre. Chaque mot résonnait en moi comme un coup de poignard, mais il y avait aussi quelque chose de plus doux, quelque chose de réconfortant. Elle m'aimait. Même jusqu'à la fin, elle m'avait aimé.

Les larmes que j'avais retenues éclatèrent soudain, roulant sur mes joues sans que je puisse les arrêter. Tout ce que je ressentais—la douleur, la colère, la tristesse—tout éclata en un torrent que je ne pouvais plus contenir. Je serrai la lettre contre moi, comme si elle pouvait me ramener Alex, comme si ses mots pouvaient combler le vide qu'elle avait laissé derrière elle.

Matheo, toujours là, posa une main réconfortante sur mon épaule, mais je ne pouvais pas le regarder. Je ne pouvais plus faire face à cette réalité. Pas encore.

— Elle t'aimait vraiment, Théo, dit-il doucement, ses mots perçant à travers la douleur.

Je hochai la tête, incapable de répondre, mes larmes se mêlant à la pluie. Oui, elle m'aimait. Et je l'aimais aussi, plus que tout au monde. Mais elle était partie, et je ne savais pas comment continuer sans elle.

Le ciel au-dessus de nous était gris, chargé de nuages lourds qui semblaient pleurer avec nous. Mais même dans cette obscurité, il y avait quelque chose dans les mots d'Alex qui m'avait laissé une lueur d'espoir. Une promesse que, même dans la mort, elle était toujours avec moi. Et peut-être, un jour, je trouverais la force de continuer. Pour elle.

Mais pour l'instant, je restais là, sous la pluie, le cœur brisé, tenant la dernière trace d'elle que j'aurais jamais.

Les cœurs Serpentard - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant