Chapitre 31 : Sous le poids de l'obscurité

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Point de vue : Alex Berkshire

L'obscurité. C'est tout ce dont je me souviens. Un voile noir qui m'entourait, me noyant dans une mer de douleur et de confusion. Les cris, les éclairs de lumière verte et rouge fendant l'air, le froid glacial de la peur qui s'insinuait dans mes os... Je ne savais plus où j'étais, ni combien de temps s'était écoulé depuis l'attaque.

Les Mangemorts avaient frappé vite et fort, prenant tout le monde par surprise. Poudlard, un lieu que je croyais invincible, avait été infiltré, brisé par cette vague d'obscurité. Je me souviens des combats, des sorts lancés sans relâche, et du moment où j'avais vu Théo se jeter dans la mêlée, prêt à tout pour me protéger. Mais ensuite... tout était flou.

Et maintenant, l'obscurité se dissipait lentement, remplacée par une lumière blanche et éblouissante qui me brûlait les yeux. Je clignai des paupières, essayant de m'adapter, mon corps lourd et douloureux contre un matelas trop dur. L'odeur familière de l'infirmerie envahit mes narines, et c'est là que je compris où j'étais.

Je tentai de bouger, mais une douleur sourde envahit tout mon corps. Mon bras, mon ventre... tout me faisait mal. Une vague de panique me submergea. Où était Théo ? Était-il sain et sauf ? Que s'était-il passé après l'attaque ? Des images confuses d'éclairs de lumière et de cris me traversaient l'esprit, mais rien n'était clair.

— Alex ?

Je tournai lentement la tête vers la voix, et je vis Madame Pomfresh s'approcher de mon lit, son expression sérieuse mais compatissante. Elle déposa une main douce sur mon front, vérifiant ma température, avant de se redresser et de me regarder avec cette lueur d'inquiétude que je connaissais bien.

— Tu es à l'infirmerie, murmura-t-elle doucement. Tu as été gravement blessée, mais tu es en sécurité maintenant. Il faut que tu te reposes.

Je clignai des yeux, essayant de comprendre ce qu'elle disait. Tout me semblait si irréel. Mon esprit était encore embrouillé par les derniers événements, mais un sentiment d'urgence ne cessait de grandir en moi.

— Théo... est-ce que Théo va bien ? réussis-je à articuler, ma voix à peine un murmure.

Madame Pomfresh me regarda avec une légère hésitation, mais elle finit par hocher la tête.

— Il va bien. Il est resté à tes côtés, mais je l'ai envoyé se reposer. Il reviendra bientôt.

Un soulagement s'abattit sur moi à l'entente de ces mots. Théo allait bien. Mais il y avait autre chose, un poids lourd dans mon ventre, une sensation de vide qui ne cessait de croître. J'essayai de me redresser, mais une douleur fulgurante m'arrêta, me coupant le souffle.

— Doucement, Alex, chuchota Madame Pomfresh, posant une main ferme sur mon épaule pour m'immobiliser. Tu as subi de graves blessures internes. Il est important que tu te ménages.

Je fronçai les sourcils, mon cœur s'accélérant à mesure que je comprenais qu'il y avait quelque chose de plus, quelque chose qu'elle ne me disait pas.

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que vous ne me dites pas ? demandai-je, ma voix tremblante.

Elle baissa les yeux, puis soupira profondément avant de se redresser pour me faire face.

— Alex, il y a quelque chose que tu dois savoir, dit-elle doucement. Quelque chose que j'aurais voulu ne jamais avoir à te dire, mais c'est important que tu sois au courant.

Mon cœur se serra dans ma poitrine, et je sentis mes mains devenir moites alors qu'une peur sourde s'installait en moi.

— Lorsque tu es arrivée ici après l'attaque, tu étais gravement blessée. Mais ce n'est pas tout... Tu étais enceinte.

Le monde s'arrêta autour de moi. Enceinte ? Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'elle me disait. Mon esprit, déjà embrouillé, peinait à assimiler cette nouvelle.

— Enceinte ? répétai-je, incrédule. Comment... ?

Elle me regarda avec une infinie tristesse dans les yeux.

— C'est encore tôt. Tu n'étais enceinte que de quelques semaines. Mais avec les blessures que tu as subies... Alex, je suis désolée, mais tu as perdu le bébé.

Les mots s'abattirent sur moi comme une vague glaciale, me coupant le souffle. J'étais enceinte... et maintenant, je ne l'étais plus. Un poids lourd s'installa sur ma poitrine, rendant chaque respiration difficile. Je ne savais même pas que j'étais enceinte, et maintenant, ce bébé, ce petit être qui aurait pu être une part de Théo et moi, était parti. Un vide immense m'envahit, et je sentis mes yeux se remplir de larmes avant même que je puisse comprendre pleinement ce que je venais d'apprendre.

Je me tournai sur le côté, cachant mon visage dans l'oreiller, le cœur brisé, et je laissai les larmes couler librement. Comment pouvais-je ressentir une telle perte pour quelque chose dont je n'avais même pas conscience ? C'était un rêve qui m'avait été volé avant même que je puisse l'imaginer.

Madame Pomfresh resta silencieuse, respectant ma douleur. Elle quitta finalement la pièce, me laissant seule dans cette chambre d'hôpital, perdue dans le tourbillon de mes émotions.

Après un moment qui me sembla durer une éternité, j'entendis la porte s'ouvrir à nouveau. Je sentis une présence familière s'approcher, et je savais que c'était Théo avant même de le voir. Il s'assit doucement à côté de moi, prenant ma main dans la sienne. Il ne dit rien, et je ne savais pas s'il était déjà au courant de la nouvelle.

— Alex... murmura-t-il enfin, sa voix brisée par l'inquiétude et la tristesse.

Je me tournai lentement vers lui, mes yeux toujours humides de larmes. Je ne savais pas comment lui dire. Comment pouvais-je lui dire que nous avions perdu quelque chose d'aussi précieux avant même de l'avoir eu ?

Mais lorsque nos regards se croisèrent, je vis dans ses yeux qu'il savait déjà. Il le savait, et il partageait ma douleur. Son visage était marqué par le choc, par la tristesse, mais aussi par cet amour inébranlable qu'il avait toujours eu pour moi.

— Je suis désolé, murmura-t-il, sa voix à peine un souffle alors qu'il pressa ses lèvres contre ma main. Je suis tellement, tellement désolé.

Je ne répondis pas, incapable de trouver les mots. Nous restâmes là, dans le silence, à pleurer ensemble pour ce que nous avions perdu.

Les cœurs Serpentard - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant