Les cœurs Serpentard - Tome 1

Chapitre 27 : Dans l'intimité des ombres

Point de vue : Théodore Nott

La lumière dorée de la fin d'après-midi traversait doucement les fenêtres du dortoir, projetant des ombres douces sur les murs de pierre. Le silence était apaisant, et pour la première fois depuis des jours, je sentais un semblant de normalité revenir. Alex était avec moi, et c'était tout ce qui comptait. Après ce qu'elle avait traversé avec Daphné, il était plus important que jamais de rester ensemble, de la protéger, mais aussi de lui offrir un espace où elle pouvait se sentir en sécurité.

Je m'étais arrangé pour que nous puissions avoir un peu de temps seuls, loin de tout le bruit, des rumeurs, et des jeux dangereux de Serpentard. Une simple excuse pour passer du temps ensemble dans mon dortoir. Ce n'était pas si compliqué à mettre en place, mais cela signifiait tellement plus pour nous deux après ces jours troublés.

Elle était là, assise sur le bord de mon lit, silencieuse. Son bras, encore un peu fragile après l'incident avec Daphné, était soigneusement bandé, et je pouvais voir la fatigue peser sur ses traits. Mais elle souriait légèrement, ce sourire discret que j'aimais tant. Ce sourire qui disait qu'elle allait bien, qu'elle était forte malgré tout.

— Comment tu te sens ? demandai-je doucement en m'approchant, prenant place à côté d'elle sur le lit.

Elle haussa les épaules, un léger soupir s'échappant de ses lèvres.

— Un peu mieux. C'est juste... épuisant, avoua-t-elle en me regardant, ses yeux brillants de cette sincérité qui me touchait à chaque fois. Mais être ici, avec toi, ça m'aide. Ça me fait oublier tout le reste.

Je lui souris, heureux de savoir que ma présence la réconfortait. Nous avions traversé tellement de choses en peu de temps. Ces derniers jours avaient été un tourbillon d'émotions, de trahisons, et de confrontations. Mais à cet instant, tout semblait s'apaiser, comme si le simple fait d'être ensemble suffisait à éloigner les ombres.

Je passai doucement une main dans ses cheveux, effleurant sa joue du bout des doigts. Elle ferma les yeux un instant, se laissant aller à ce contact. C'était un geste simple, mais il signifiait tant pour moi. La voir là, avec moi, en sécurité, me faisait réaliser à quel point elle comptait pour moi. Et à quel point j'étais prêt à tout pour la protéger.

— J'ai pensé à ce que tu as dit, commença-t-elle doucement, ouvrant les yeux pour me regarder. À propos de Daphné, de tout ce qu'elle a fait...

Je me figeai légèrement, sachant que ce sujet reviendrait tôt ou tard. Mais je restai silencieux, attendant qu'elle poursuive.

— Je ne veux pas que tu te mettes en danger à cause de moi, Théo, continua-t-elle, sa voix douce mais pleine de gravité. Ce qu'elle a fait était horrible, mais... je ne veux pas que ça devienne un cycle de vengeance. Je veux juste que ça s'arrête. Que tout redevienne normal.

Je soupirai, comprenant sa position, mais ressentant toujours cette colère sourde à l'idée que quelqu'un avait pu la blesser. Je voulais protéger Alex, mais je savais aussi que la vengeance n'était pas ce qu'elle voulait. Elle était plus forte que moi dans ce sens. Elle était capable de pardonner, ou du moins, d'aller de l'avant sans se laisser consumer par la haine.

— Je comprends, Alex, dis-je doucement en prenant sa main dans la mienne. Mais tu sais que je ne peux pas juste laisser passer ça. Pas après ce qu'elle t'a fait.

Elle me regarda, ses yeux emplis de cette compassion que j'admirais tant chez elle.

— Je sais, murmura-t-elle. Mais s'il te plaît, ne laisse pas cette histoire nous changer. Je ne veux pas qu'on devienne comme eux. Je veux qu'on reste nous, quoi qu'il arrive.

Je hochai la tête, serrant doucement sa main dans la mienne. Elle avait raison, bien sûr. Nous devions rester fidèles à ce que nous étions, ne pas nous laisser entraîner dans les intrigues de Serpentard. Alex avait toujours été différente, et c'était une des raisons pour lesquelles je l'aimais. Elle ne jouait pas à ces jeux de pouvoir. Elle restait vraie, authentique. Et je devais faire de même.

— Je te promets de ne pas me laisser emporter, dis-je enfin, ma voix pleine de sincérité. Mais sache que je serai toujours là pour te protéger, quoi qu'il arrive.

Elle sourit doucement, me remerciant d'un simple regard. C'était tout ce dont elle avait besoin. Pas de vengeance, pas de représailles. Juste quelqu'un à ses côtés.

Je l'attirai doucement contre moi, et elle se blottit dans mes bras, sa tête reposant contre mon torse. Le silence s'installa entre nous, un silence confortable, apaisant. Le battement régulier de son cœur contre ma poitrine me rassurait, et je sentais que, malgré tout ce qui s'était passé, nous étions plus proches que jamais.

Je déposai un léger baiser sur le sommet de sa tête, respirant son parfum familier, et je sentis sa main se glisser dans la mienne. C'était dans ces moments simples que je réalisais à quel point j'étais chanceux de l'avoir à mes côtés. Peu importe les défis que nous avions à affronter, je savais que tant qu'Alex et moi restions ensemble, nous pourrions surmonter n'importe quoi.

Elle leva les yeux vers moi, ses lèvres esquissant un sourire doux.

— Tu sais, dit-elle d'une voix plus légère, je n'ai jamais pensé que je finirais dans un dortoir de Serpentard, blottie contre un garçon, en me sentant aussi en sécurité.

Je ris doucement, caressant ses cheveux.

— Eh bien, c'est la première fois pour moi aussi, admis-je, un sourire complice sur les lèvres. Mais je dois dire que ça ne me déplaît pas.

Elle éclata de rire, un son léger et doux qui me réchauffa le cœur. C'était exactement ce dont nous avions besoin après tous ces moments tendus : un instant de légèreté, de simplicité.

Nous restâmes ainsi pendant un moment, savourant la tranquillité de cet instant volé au reste du monde. Ici, dans ce dortoir, c'était juste nous. Pas de jeux de pouvoir, pas de mensonges, juste la vérité de ce que nous ressentions l'un pour l'autre.

Je savais que le chemin serait encore semé d'embûches, que Daphné et Pansy ne renonceraient pas facilement. Mais à cet instant précis, avec Alex dans mes bras, je savais que nous étions prêts à tout affronter ensemble.

Et pour la première fois depuis longtemps, l'avenir ne me faisait plus peur.