Chapitre 25

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Je me retourne brusquement, mon cœur ratant un battement, et là, je le vis. Il était là, juste derrière moi, son téléphone à l'oreille, ses yeux plantés dans les miens. Mon souffle se coupa instantanément. Tout autour de moi sembla se figer, comme si le temps lui-même avait suspendu son cours.

Il portait l'uniforme de première de notre lycée, bien que le tissu paraissait un peu plus ajusté autour de ses épaules que dans mes souvenirs. Ses piercings avaient disparu, et ses cheveux, autrefois teints d'un rose vibrant qui attirait tous les regards, étaient maintenant blonds, attachés en une queue de cheval basse et désordonnée. Un signe évident que les règles strictes du lycée avaient exigé ce changement, mais cela n'enlevait rien à son charme.

Il avait changé. Ses cheveux avaient suffisamment poussé pour que cela me frappe tout de suite. Il avait grandi aussi, sa silhouette plus imposante, plus musclée. Ou bien était-ce seulement l'effet de la distance, de ces longs mois d'absence qui amplifiaient chaque détail que j'avais manqué, chaque centimètre de sa transformation ?

Je le regardais, incapable de bouger, mes larmes coulant maintenant librement, et pourtant, mon cœur battait à une vitesse vertigineuse. Ses yeux, ceux-là mêmes qui avaient hanté mes nuits, brillaient toujours de cette même lumière, de cette même joie que j'avais connue autrefois.

C'était comme si rien autour de nous n'existait plus. Le monde s'était rétréci, comprimé, et tout ce qui comptait était ici, maintenant, dans cet instant partagé entre nous deux. Mon cœur criait pour le rejoindre, pour sauter à son cou et sentir la chaleur de ses bras autour de moi, mais mes jambes refusaient de bouger, je ne pouvais pas le faire. Mon corps entier semblait figé par l'émotion, prisonnier d'un tourbillon de sentiments contradictoires.

Kiryu : Je suis vraiment doué pour être en retard, on dirait... plaisanta-t-il, brisant la tension avec un sourire à la fois amusé et un peu nerveux.

Sa voix douce, légèrement moqueuse, perça la bulle dans laquelle je m'étais enfermée. Ce son familier me ramena brusquement à la réalité, mais une réalité dans laquelle tout semblait à la fois étrangement nouveau et nostalgique.

Alice : On ne t'a jamais dit que c'était mal de faire attendre une femme ?, rétorquai-je en reprenant mes esprits, tentant tant bien que mal de cacher l'émotion qui menaçait de me submerger.

Je n'en croyais toujours pas mes yeux. Comment... comment était-ce possible qu'il soit là devant moi ? Ce que j'avais tant désiré, ce que j'avais cru perdu, se tenait là, tangible, réel. Et pourtant, l'irréalité de la situation continuait de m'envelopper comme un rêve.

Alice : Mais... comment ? demandai-je, ma voix encore tremblante, mes pensées en désordre.

Kiryu : J'ai cherché. C'est incroyable le nombre de lycées dans le coin... Tu m'excuseras, il m'a fallu une petite remise à niveau, répondit-il, un léger sourire flottant sur ses lèvres, son regard ancré dans le mien comme s'il redécouvrait, lui aussi, chaque trait de mon visage, comme si chaque détail était une redécouverte.

Ses mots résonnaient dans ma tête, mais je n'avais pas le temps de répondre que la voix de Kyoka nous interrompit.

Kyoka : Euh... Quelqu'un m'explique ce qu'il se passe ici ?

Je sursaute presque, me souvenant soudainement que nous n'étions pas seuls. L'instant semblait avoir aspiré toute mon attention, me faisant oublier que le monde continuait de tourner autour de nous. Nous nous tournâmes en même temps vers mes amies, brisant ainsi le charme délicat de cet instant magique.

Alice : Les filles, je vous présente Kiryu. Kiryu, voici Kyoka et Mana, mes meilleures amies d'enfance, dis-je en essayant de reprendre contenance, bien que mes mains tremblaient légèrement sous le flot d'émotions.

Stay with meOù les histoires vivent. Découvrez maintenant