Chapitre 16 : L'ascension du nouveau pouvoir

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Le jeu a changé, le pouvoir se réécrit sous de nouvelles règles.


Marco

J'entends un coup de feu retentir à travers les couloirs de l'hôpital, perçant le chaos ambiant.
Les gens autour de moi se précipitent dans toutes les directions, des cris et des bruits de pas précipités résonnent. Une panique incontrôlable se propage comme une traînée de poudre. Si
Miguel a fait du mal à Nina, je jure devant Dieu qu'il en paiera le prix, que je lui infligerai une mort lente et douloureuse, et que je ne trouverai la paix qu'une fois qu'il aura payé pour ses actes.
Je monte à toute vitesse, les escaliers défilant sous mes pieds comme si le sol lui-même se dérobait sous moi. Mon cœur bat à tout rompre alors que je me précipite vers l'étage où est hospitalisé le père de Nina. En atteignant enfin la porte de sa chambre, je pousse la porte avec une violence incontrôlable, et ce que je découvre me fend le cœur en deux.
Miguel est allongé sur le lit, la vie s'échappant lentement de lui. Une large tache de sang éclabousse les draps blancs, contrastant avec leur pureté immaculée. L'électrocardiogramme, qui était le témoin de son existence fragile, émet un bip incessant, un son monotone qui semble se moquer de la gravité de la situation. Le silence oppressant de la chambre est interrompu seulement par ce bip, un rappel cruel que Miguel est maintenant au bord de l'abîme, et que tout ce que je craignais est devenu réalité.
Ce n'est pas pour Miguel que je m'en fais ; lui, je le considère comme un être déchu qui a obtenu ce qu'il méritait. Ce que je redoute, ce qui me déchire de l'intérieur, c'est la douleur incommensurable que cela causera à Nina. Elle n'est plus la jeune fille sans défense qu'elle était autrefois. Le fait d'ôter la vie d'un être humain, peu importe à quel point il est impitoyable, nous transforme profondément. C'est une marque indélébile qui change notre essence, une cicatrice invisible qui altère notre perception du monde et de nous-mêmes.
Nina a déjà traversé tant d'épreuves, et cette nouvelle tragédie la marquera d'une manière que personne ne peut comprendre entièrement. La perte de Miguel, aussi abominable soit-elle, est une épreuve supplémentaire dans le chemin difficile qu'elle doit parcourir. Cela l'obligera à affronter des aspects sombres de son propre être, à réévaluer ses propres valeurs et à chercher un sens dans une réalité devenue encore plus cruelle.
En contemplant la scène devant moi, je me rends compte que la véritable tragédie réside dans la façon dont Nina devra maintenant porter le poids de ce changement brutal. Elle doit maintenant faire face aux conséquences de sa décision et à un monde où la violence et la perte sont devenues des compagnons constants. C'est cette transformation, ce passage inévitable d'une innocence brisée à une réalité impitoyable, qui me préoccupe le plus.
Je saisis le bras de Nina avec une urgence presque brutale, mon cœur battant à toute vitesse tandis que je lui crie :
- Vite, Nina ! On doit s'enfuir, les flics vont arriver dans quelques minutes !
Elle me regarde, les yeux emplis d'une confusion mêlée de détresse, et avant même qu'elle puisse répondre, elle murmure d'une voix tremblante :
- Marco, je sais tout.
Les mots résonnent dans ma tête comme une détonation. Une part de moi veut s'arrêter, comprendre ce qu'elle sait et comment cela change notre situation. Mais il n'y a pas de place pour la réflexion maintenant. Je la fixe avec une intensité presque désespérée, conscient que chaque seconde compte :
- On en parlera plus tard ! On n'a pas le temps pour ça ! Nous devons nous échapper maintenant, et rapidement !
Je sens la tension dans ses muscles, une hésitation à quitter cet endroit où la vérité a éclaté, où le chaos s'est immiscé. Pourtant, le son des sirènes se rapproche, une confirmation sonore que notre temps est compté. Je tire Nina avec moi, chaque mouvement chargé d'une détermination féroce. La réalité de la situation nous frappe de plein fouet : il y a un monde extérieur où des décisions doivent être prises rapidement, où des vies peuvent basculer en un instant.
Nous devons nous échapper de cet enfer, de cette scène tragique, avant que les forces de l'ordre n'arrivent et nous entraînent encore plus loin dans le tourbillon de la folie.
Une fois dans la voiture, je suis étonnée qu'elle ne dis rien. Je ne sais pas si je devrais essayez de lui parler ou la laisser venir à moi. J'essaie d'entamer la conversation :
- Nina, il faut qu'on parle. Tu as tué ton...
Je me stoppe, le poids de mes mots suspendu dans l'air. La réalité de la situation est presque trop lourde à supporter, et je sens une vague de frustration et de confusion monter en moi. Mais avant que je puisse exprimer toute l'étendue de ce que je ressens, Nina m'interrompt, sa voix résolue et empreinte d'une profonde tristesse.
- J'ai tué un homme qui m'a manipulée. Un homme qui t'a manipulé également. Ce n'était pas un père pour moi, Marco. C'était un tyran, un homme dont les intentions étaient aussi obscures que ses méthodes étaient cruelles.
Elle parle avec une telle clarté que chaque mot semble résonner avec la vérité, malgré la douleur qu'elle exprime. Avant que je puisse réagir ou poser d'autres questions, elle continue avec une détermination impérieuse :
- Mais avant de discuter de tout cela, il est impératif que nous réunissions tout le monde.
Rassemble tout le monde devant mon ancienne maison, y compris Yann et l'inconnu que nous avons croisé au parc, celui qui est venu frapper chez moi. C'est crucial que nous soyons tous ensemble pour comprendre ce qui se passe et planifier la suite.
Je vois dans ses yeux une résolution qui ne laisse aucune place au doute. La situation exige une action immédiate, et je sais que chaque seconde compte. Nous devons confronter les vérités non dites, les manipulations et les secrets qui ont conduit à cette tragédie. Hâter la réunion est devenu une nécessité impérieuse pour naviguer dans ce chaos et décider de notre prochaine étape.
J'ai quand même peur de ce que pourrait faire Nina. Après tout, elle vient de tuer son père, et ce geste, aussi justifié qu'il puisse sembler, est un tournant qui pourrait avoir des répercussions profondes et imprévisibles sur elle. La ligne entre la justice et la vengeance est souvent floue, et je ne peux m'empêcher de craindre que cette violence ne change quelque chose en elle, qu'elle puisse déstabiliser son équilibre psychologique et moral.
Le poids de cette action pourrait être plus lourd qu'elle ne l'imagine. Même si elle a agi en réponse à une manipulation cruelle et à une vie marquée par la tromperie, le meurtre reste une barrière franchie qui peut altérer la manière dont elle se voit elle-même et comment elle se rapportera aux autres. La colère et la douleur, bien qu'elles puissent être des moteurs puissants, peuvent aussi mener à des dérives incontrôlables.
Nina a toujours été une figure de force et de détermination, mais ce moment est différent.
C'est un acte qui la place au centre d'une tempête émotionnelle et morale. Je redoute qu'elle ne se perde dans cette tempête, que la culpabilité et le poids de ses actions ne l'engloutissent. Les conséquences psychologiques de ce geste pourraient la transformer de manières que nous ne pouvons encore comprendre.
Je suis conscient que je dois veiller sur elle de plus près, surtout maintenant. Il est crucial de l'accompagner avec précaution, de lui offrir le soutien dont elle aura besoin pour traverser cette épreuve et pour trouver un chemin vers la rédemption ou, du moins, vers une paix intérieure.
Mais pour l'instant, nous devons avancer et faire face ensemble aux défis qui nous attendent, tout en étant attentifs à l'état émotionnel fragile de Nina.
***
Nina
Nous arrivons enfin à la propriété, ou plutôt ce qu'il en reste : un tas de cendres noirci par les flammes et le temps. Là où se dressait autrefois ma maison, il ne reste plus que des décombres fumants, vestiges d'une vie désormais réduite en cendres. En voyant cette scène de destruction, un sentiment complexe se mêle en moi. Il y a une part de soulagement étrange à voir cette maison disparue, effacée comme un mauvais souvenir. Sa destruction semble presque symbolique, une purge nécessaire pour tourner la page sur tout ce qu'elle représentait.
Au milieu de ce désastre, les hommes sont déjà là, regroupés et attendant nos ordres avec une impatience mal contenue. Mais ils sont loin d'être préparés pour le cataclysme que je m'apprête à déclencher. Le désastre ne réside pas seulement dans la maison brûlée, mais dans la tempête qui s'annonce, une tempête qui va s'abattre sur eux comme un ouragan. La vérité que nous sommes sur le point de dévoiler et les actions que nous allons entreprendre vont ébranler les fondations mêmes de leur monde.
Je prends un moment pour évaluer la situation, ma détermination renforcée par la vision de cette propriété en ruines. Ce désastre physique est le reflet du chaos imminent que je compte engendrer. Les hommes sont inconscients du déferlement qui va s'abattre sur eux, et leur ignorance de l'ampleur du bouleversement à venir est presque réconfortante. C'est une chance, un avantage que nous devons exploiter au maximum.
En me dirigeant vers eux, une résolution implacable guide chacun de mes pas. Ce que je vais déclencher n'est pas seulement une réponse à une série d'événements tragiques, mais une déclaration de guerre contre tout ce qui a tenté de nous écraser. La maison n'est plus, mais son esprit vit dans l'ombre de ce que je suis sur le point de libérer.
Je me tourne vers mes hommes, ma présence imposante contrastant avec le calme étrange qui règne malgré la tension palpable. Je tire mon arme de ma ceinture, la brandissant devant eux comme un sceptre de pouvoir. La froideur de ma voix est accentuée par un ton démoniaque et sarcastique qui semble résonner dans l'air chargé :
- Messieurs, voyez-vous, voici mon arme. Elle vient tout juste de tuer mon père, avec un peu de mon aide, bien entendu.
Je laisse les mots flotter un instant, observant les réactions, puis je continue d'une voix encore plus glaciale :
- Alors, qui sera le prochain ?
Mon regard se fixe sur Yann, et je pointe mon arme en sa direction. La scène est tendue, et la peur commence à percer à travers la façade de calme des hommes. Je fais un pas en avant, et mes mots sont chargés de mépris et de rancœur :
- Peut-être toi. Sous tes airs de papa parfait, avec ton "mon fils ne doit pas être mêlé à tout ça" et tout ton blabla moral. Tu m'as orientée vers cet accident, me faisant croire que tu parlais de celui de mon père, alors que tu savais parfaitement ce que tu faisais.
Les yeux de Yann s'écarquillent alors que la terreur se manifeste clairement sur son visage. Il est évident qu'il n'avait pas anticipé une telle confrontation, et la peur est maintenant son seul compagnon. Son anxiété est presque palpable, une réponse instinctive à la menace immédiate qui plane au-dessus de lui.
Je laisse un silence pesant s'installer, le regardant droit dans les yeux, sachant que chaque seconde de ce suspense accroît la pression sur lui et sur les autres. La vérité est que je suis prête à tout pour mener ce jeu de pouvoir jusqu'à son terme, et je n'hésiterai pas à frapper encore plus fort si nécessaire.
Je ne baisse pas mon arme, la maintenant avec une fermeté glaciale, et je fais le tour du groupe avec une détermination implacable. Mes pas résonnent dans le silence pesant, chaque mouvement amplifiant la tension qui flotte dans l'air. Mon regard se fixe sur l'inconnu, l'homme mystérieux dont la présence ici ne fait qu'ajouter au chaos de la situation.
- Et toi, bel inconnu, dis-je d'une voix tranchante, pleine de mépris. Tu es venu chez moi prétendument pour "prendre de mes nouvelles". Marco t'a arrêté en cours de route, mais qu'aurais-tu bien pu raconter comme mensonge, sinon ?
Je m'arrête devant lui, le regard perçant, mes yeux scrutant le moindre de ses mouvements. ​Chaque mot que je prononce est chargé de défi, chaque regard que je lui lance est une accusation silencieuse.
- Quelle histoire tissais-tu pour justifier ta présence ici ? Quelle version des faits as-tu préparée pour nous berner ?
L'inconnu, maintenant sous le feu de la rampe, semble lutter pour maintenir son calme. La peur est clairement visible dans ses yeux, un reflet des conséquences désastreuses de ses actions et de son rôle dans cette spirale de tromperie et de manipulation. Il est évident qu'il n'avait pas prévu une telle confrontation, et la pression de la situation commence à le submerger.
Je fais un pas en arrière, regardant autour de moi pour évaluer les réactions des autres, le silence accablant de l'assemblée amplifiant le poids de mes paroles. Cette scène de confrontation est plus qu'une simple démonstration de pouvoir ; c'est une mise en scène dramatique où chaque individu est contraint de faire face à ses propres choix et à la vérité de ses intentions.
C'est le tour des garçons, à présent. Mon arme est à présent braquée sur Vincenzo, et je me tiens devant lui avec une intensité glaçante. Chaque mouvement est précis, chaque mot calculé pour augmenter la pression.
- Et toi, Vincenzo, tu étais au courant pour ma mère, n'est-ce pas ? Je laisse un moment de silence suivre ma question, mes yeux perçant le sien pour chercher une réponse. Il sait qu'il ne peut échapper à la vérité sous ce regard implacable.
Je fais un léger mouvement, maintenant mon arme fixée sur Vincenzo, et je pivote lentement vers Marco, Giovanni, et Enzo.
- Marco, Giovanni et Enzo aussi, n'est-ce pas ? Vous étiez tous au courant. Vous avez joué votre rôle dans ce théâtre tragique.
Leurs visages se tendent, une peur non dissimulée se lisant dans leurs expressions. Je fais un pas en avant, accentuant la menace silencieuse de mon arme. Le stress de la situation devient presque tangible alors que la tension monte.
Ensuite, je dirige mon regard vers Gabriel, le dernier sur la liste. Je l'observe attentivement, maintenant l'arme pointée en sa direction avec une froideur implacable.
- Et toi, petit Gabriel, avec ton histoire particulièrement touchante, tu savais que Marco m'a manipulée pour obtenir le pouvoir, n'est-ce pas ?
Je laisse mes mots s'imprégner dans l'air, le poids de la révélation pesant lourdement sur Gabriel. Sa façade de calme est en train de se fissurer sous la pression, et la terreur commence à s'infiltrer dans ses yeux. Il sait que chaque mot prononcé maintenant peut être décisif, que la manipulation et les secrets qu'il cache ne peuvent plus rester dans l'ombre.
L'atmosphère est devenue électrique, chaque membre du groupe ressentant la lourdeur de l'instant. Mon arme reste braquée sur eux, une promesse silencieuse de ce qui pourrait advenir si la vérité n'est pas pleinement exposée. Le silence qui suit est lourd de menace, chaque individu présent dans la pièce réalisant que le jeu de pouvoir est sur le point de se transformer en une confrontation décisive.
Vous m'avez tous trahie et bernée. Vous avez agi sous les ordres de mon père tout en prétendant que c'est moi qui détenais le pouvoir. Vous étiez ses pions, manipulés comme des marionnettes dans un jeu où chaque mouvement était calculé pour servir ses propres intérêts. Vous avez participé à une mascarade, à un théâtre où la vérité était soigneusement dissimulée derrière des façades de loyauté et de respect.
Maintenant, alors que les décombres de ce monde ancien tombent autour de nous, j'ai besoin de personnes véritablement loyales à mes côtés. La suite ne peut être construite qu'avec des alliés fiables, des partenaires prêts à embrasser un nouveau pouvoir avec une sincérité totale.
Alors, il est temps de choisir votre camp. Vous pouvez vous soumettre à cette nouvelle réalité, prouver votre allégeance et vous aligner avec mes objectifs. Ou, si vous préférez continuer à jouer les trompeurs et les manipulateurs, vous pouvez accepter les conséquences de vos actes. Le choix est simple : soumettez-vous et intégrez cette nouvelle ère, ou mourrez en refusant de faire partie de la reconstruction. Le destin est désormais entre vos mains, et chaque décision prise aujourd'hui déterminera si vous aurez une place dans l'avenir que je suis en train de forger.
***
Marco
Nina me fait peur, terriblement peur. Je vois en elle une intensité glaciale qui m'évoque l'ombre de son père, une froideur et une détermination qui semblent transcender les limites de ce que j'avais cru possible. La transformation en cours est si radicale que j'ai du mal à reconnaître la personne que j'ai connue autrefois. La menace dans ses yeux est palpable, une promesse de destruction qui semble prête à se déchaîner sur tout ce qui l'entoure.
Avec une intensité désespérée, je décide d'intervenir, essayant de faire ressortir le brin d'humanité qui pourrait encore résider en elle, ce fragment de la Nina que j'ai connue avant cette spirale de violence et de manipulation. J'avance d'un pas hésitant, ma voix tremblante mais pleine de conviction.
- Arrête, Nina. Tu ressembles de plus en plus à ton père.
Chaque mot est choisi avec soin, une tentative de réveiller une partie d'elle qui semble endormie sous la couche de dureté et de pouvoir qu'elle a adoptée. Je la vois lutter avec les émotions intenses qui la traversent, et j'ose espérer qu'il y a encore une étincelle de la jeune femme qu'elle était, une trace de la compassion et de l'humanité qu'elle a laissées derrière elle.
Mon appel est à la fois un cri du cœur et une tentative stratégique, une dernière chance pour ramener Nina à la réalité avant qu'elle ne se perde complètement dans cette nouvelle identité qu'elle s'est construite. La peur que je ressens n'est pas seulement pour ma propre sécurité, mais pour la perte possible d'une personne qui, malgré tout, mérite d'être sauvée de la déchéance totale.
Elle pointe son arme vers moi, ses yeux flamboyants d'une rage incontrôlable. Sa voix éclate avec une intensité désespérée, une colère accumulée qu'elle ne peut plus contenir. Chaque mot qu'elle hurle est chargé d'une douleur brute et d'une accusation cinglante, une confession des ténèbres qui ont marqué sa vie.
- MON PÈRE ?  Crie-t-elle, sa voix tremblant d'émotions tumultueuses. Le père qui a fait violer sa fille pour prouver à son bras droit qu'il ne devait pas désobéir ? Le père qui a fait battre sa fille à mort ? Le père qui a donné le pouvoir à sa fille pour qu'elle paie le prix de ce qu'il appelle des erreurs passées et que tu paies d'avoir failli à ta mission ? Et le pire dans tout ça, Marco, s'exclame-t-elle, sa voix brisée par l'émotion. C'est que je ne voulais pas de ce pouvoir. Je n'en ai jamais eu l'ambition. Mon père le savait parfaitement. Il t'a manipulé, toi, ainsi que les Draks, pour vous faire croire que c'était une nécessité que je monte sur le trône.
Sa voix tremble sous l'effet de la colère et du désespoir, chaque mot accentué par la douleur accumulée. Il a orchestré cette comédie sinistre, te poussant à croire que ma montée en puissance était inévitable pour que les accords se réalisent, pour que vous puissiez tous obtenir ce que vous désiriez. Mais tout cela n'était qu'un stratagème de sa part, une manipulation habile pour atteindre ses propres objectifs et se venger des erreurs qu'il prétendait que j'avais commises. Il voulait que tu me brise le cœur, Marco. Et il a réussi.
Elle fixe Marco avec une intensité déchirante, comme si chaque mot qu'elle prononce est une révélation douloureuse qu'elle est enfin prête à partager. Ses yeux, chargés de larmes et de colère, montrent la profondeur de la tromperie et la cruauté de la situation dans laquelle elle a été placée. La vérité qu'elle expose est un coup de poignard dans le cœur des illusions, un appel désespéré à la compréhension et à la justice qui semble désormais hors de portée.
Chaque mot est une décharge électrique, un tourbillon de souvenirs douloureux et de trahisons qui refont surface. Son visage est déformé par la rage et la douleur, et je vois dans ses yeux l'éclat d'une injustice profonde et d'une souffrance qui l'ont consumée.
Elle semble incapable de trouver une issue à cette tempête intérieure. Son arme reste braquée sur moi, une manifestation tangible de la dévastation émotionnelle qu'elle endure. Le désespoir et la colère qu'elle exprime révèlent l'ampleur de la trahison qu'elle a subie, et chaque accusation qu'elle lance est comme une flèche enflammée, visant à détruire ce qu'elle considère comme la source de ses souffrances.
La scène est devenue une confrontation poignante, un moment où la vérité brutale de son passé se déverse dans l'air, et où chaque mot résonne comme un cri de détresse. Je suis confronté à une femme brisée, hantée par les abus et les manipulations, et je comprends que mon intervention pourrait soit apaiser cette tempête, soit l'exacerber davantage.
- Nina, ton père m'a manipulée, moi aussi. Ce qu'il a omis de te dire, c'est que je t'ai aimée dans l'ombre, en me forçant à te repousser, parce que te protéger, c'était aussi te perdre. Mais chaque mensonge que je t'ai dit n'a fait que renforcer ce que je n'aurais jamais dû ressentir. Tout ça, c'était pour l'amour que je te portais, un amour incroyablement fort, plus puissant que tout ce que je n'ai jamais connu.
Ses yeux se remplissent de larmes, brillant sous la lueur froide des cendres autour de nous. Je sens sa détresse, son cœur qui vacille entre la rage et la douleur. Elle me fixe, son arme toujours pointée sur ma poitrine, mais je n'hésite pas. Avant qu'elle ne puisse dire quoi que ce soit, je franchis l'espace qui nous sépare et la serre contre moi.
Son corps tremble légèrement sous la pression de mes bras, mais elle ne me repousse pas. Le canon du pistolet est toujours là, contre ma peau, menaçant, mais je n'ai pas peur. Pas d'elle. Pas de ce qu'elle pourrait faire.
Je sais qu'au fond, malgré tout ce qu'elle a traversé, malgré les mensonges, la trahison, elle ressent la même chose que moi. Ce lien invisible, indestructible, que ni la haine ni la vengeance ne peuvent effacer.
Sa respiration est irrégulière, et je sens ses larmes couler sur mon épaule. Elle lutte. Je peux sentir chaque battement de son cœur, la lutte intérieure entre la Nina blessée qui veut me détruire et celle qui sait, au plus profond d'elle-même, que nous sommes liés, inexorablement. Elle inspire, ses lèvres tremblent légèrement contre ma chemise, et je murmure :
- Je suis là, Nina. Je suis là, et je ne te laisserai plus jamais seule.
Son bras se tend toujours, comme si elle hésitait à lâcher prise. Mais je la sens se détendre, imperceptiblement, comme si, pour la première fois depuis des années, elle baissait ça garde.

***
Nina
Je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur mon sort, pas maintenant. Les émotions bouillonnent en moi, mais je dois les refouler. Malgré tout ce que je ressens pour Marco — cet amour profond et brûlant qui a toujours été là, comme une flamme que je n'ai jamais pu éteindre — je ne peux pas ignorer la vérité. Il m'a trahie. Indirectement, certes, mais il m'a poussée dans un abîme de douleur dont je peine à sortir.
Chaque décision qu'il a prise, chaque mensonge qu'il a prononcé, m'ont brisée un peu plus. ​Il pensait peut-être me protéger, pensait qu'en m'éloignant de lui, il me préserverait de la noirceur de ce monde. Mais en réalité, c'est son amour pour moi qui m'a fait sombrer. C'est à cause de lui que j'ai été entraînée dans cette spirale infernale. À cause de lui que j'ai perdu ma propre identité, mes repères.
Je sens une rage sourde monter en moi, un mélange de trahison et de désespoir. J'aurais voulu que les choses soient différentes, que nous puissions être ensemble sans ce poids du passé, sans cette violence qui nous entoure. Mais le destin en a décidé autrement. Marco, celui en qui j'avais mis toute ma confiance, celui pour qui j'aurais tout sacrifié, est devenu à la fois ma plus grande faiblesse et la cause de ma descente aux enfers.
Et pourtant, je l'aime encore. Malgré la douleur, malgré la trahison. C'est ce qui rend la situation encore plus insupportable. Mon cœur se déchire entre l'envie de le détruire pour tout ce qu'il m'a fait subir, et ce besoin indescriptible de le retrouver, de sentir encore une fois sa chaleur, ses bras autour de moi. Mais je ne peux pas faiblir. Pas maintenant.
Je ne sais pas si j'arriverai un jour à lui pardonner. Chaque fois que je pense à lui, une part de moi vacille, tiraillée entre l'amour et la haine. Mon père est mort, son corps n'est plus qu'un souvenir, une silhouette lointaine dans mon esprit. Mais ses actes, eux, restent. Ils sont ancrés en moi, profondément, comme des cicatrices invisibles qui ne guérissent jamais.
Chaque décision que j'ai prise, chaque chemin que j'ai emprunté, a été influencé par lui. Même dans la mort, il continue de peser sur mes épaules, son ombre me suivant partout où je vais. Son emprise est encore là, comme un poison qui coule dans mes veines, rendant chaque moment de ma vie un peu plus sombre.
Et Marco... Lui qui était censé être différent, être mon échappatoire, m'a aussi trahie. ​Comment puis-je pardonner, alors que tout ce que j'ai perdu me rappelle ce que je n'aurai jamais ? Mon père m'a arraché une partie de mon âme, mais c'est Marco qui a enfoncé le couteau dans la plaie.
Peut-être que le temps atténuera cette douleur, mais je n'en suis pas certaine. Comment oublier ce que l'on ressent quand tout ce qui vous a construit se fissure, se décompose sous vos yeux ? Le pardon semble tellement lointain, presque impossible. Parce que même si mon père est mort, son héritage reste là, gravé en moi. Il a façonné la personne que je suis devenue, malgré moi.
Alors, non, je ne sais pas si je pourrais un jour lui pardonner. Pas à Marco. Pas après tout ce que j'ai perdu.

Fragment de Pouvoir {DARK ROMANCE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant