Chapitre 4 : L'ascension des Ténèbres

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Nina

Mon téléphone sonne. Il est dix heures. Je me suis accordée un peu de repos ce matin après la nuit horrible que j'ai passée. Voilà un mois que je suis la chef de mon clan, et le temps semble avoir filé à une vitesse effrayante. Chaque jour est une épreuve, une bataille pour maintenir mon autorité et m'assurer que tout se passe comme prévu.
Les dernières semaines ont été un tourbillon d'entraînement intensif et de réunions incessantes. J'ai passé des heures à maîtriser l'art de manier un flingue, essayant de gommer les hésitations et les maladresses. Les garçons, eux, sont devenus des visiteurs réguliers, se pointant deux fois par semaine pour nos réunions. Peut-être commencent-ils à m'apprécier, ou du moins à accepter ma présence. La route est encore longue, mais je peux sentir que la méfiance diminue, même si la froideur de Marco persiste.
​Marco... Il reste une énigme glaciale dans ma vie. Il me regarde à peine, m'ignore souvent, mais il y a une protection silencieuse dans son attitude qui me déroute. C'est comme s'il était à la fois distant et omniprésent, un paradoxe que je peine à comprendre. Pourquoi est-il si réservé ? Pourquoi cette distance, alors qu'il semble veiller sur moi d'une manière ou d'une autre ?
Nous avons appris par un de nos alliés que les Draks étaient tout près. Ils me veulent, et cela m'effraie autant que cela me questionne. Pourquoi se donner tant de mal pour conquérir un clan quand ils sont déjà en nombre supérieur par rapport aux autres clans du pays ? Pourquoi ne se cachent-ils pas ? Pourquoi veulent-ils ma tête si ouvertement ? Pourquoi moi en particulier ?
Les questions s'agglutinent dans ma tête, formant un tourbillon d'incertitudes. Je suis en quête de réponses, et l'urgence de la situation rend mes pensées plus chaotiques que jamais.
Il est crucial d'être parfaitement préparé à leur arrivée. Nous avons sécurisé chaque entrée de la maison, installé des alarmes dans un rayon de cinq kilomètres autour de ma résidence isolée. Les garçons vont se relayer pour rester avec moi. Mais je redoute particulièrement le tour de Marco. Sa présence est à la fois rassurante et perturbante, et j'essaie de ne pas penser à ce que cela pourrait signifier. Pour l'instant, je dois me concentrer sur d'autres choses. Je me lève du lit, mettant fin à mes interrogations pour me préparer.
Je choisis une robe moulante bleue électrique, le décolleté plongeant accentuant le contraste avec ma peau. Le maquillage est une autre armure, camouflant les signes de fatigue et donnant à mon visage une apparence plus fraîche. Je me maquille les yeux, ajoute un peu de blush, et enfile mes talons aiguilles. Me voilà prête à affronter le reste de la journée, une façade brillante pour cacher l'angoisse qui se cache derrière.
C'est Enzo qui restera avec moi cet après-midi et ce soir. Les Draks ont la fâcheuse habitude d'attaquer la nuit, et je dois être vigilante.
Il est midi, et mon estomac gronde, la faim se manifestant brusquement. Je me réchauffe rapidement ce que j'ai au micro-ondes et commence à manger lorsque soudain, un bruit inattendu me fait sursauter : on toque à la porte. Ça doit être Enzo, venu faire son tour de garde.
Je me dirige vers la porte, mais en l'ouvrant, je découvre un homme que je ne connais pas.
Il est très grand, avec une chevelure brune flamboyante et un physique imposant. La peur me saisit immédiatement. Instinctivement, je sors mon téléphone et envoie un message discret aux garçons : « Inconnu chez moi » Mon cœur bat la chamade alors que je scrute l'homme à travers la porte entrouverte, me demandant ce qu'il fait ici et si je dois m'inquiéter.
- Bonjour, Nina.
Me dit le bel inconnu, un sourire énigmatique sur les lèvres. Sa voix est douce, presque familière, mais quelque chose dans son regard me met mal à l'aise.
- Qui êtes-vous ? Lui demandai-je, ma voix trahissant une tension que j'essaie de dissimuler.
- Tu... ne te rappelles pas de moi ? réplique-t-il, une lueur de déception dans les yeux.
- Non, désolée, je... On s'est déjà vu ? demandai-je en me forçant à me souvenir, mais ma mémoire reste obstinément vide.
Je scrute son visage, cherchant désespérément un indice, un fragment de souvenir qui pourrait m'éclairer. Mais rien ne vient.
- Oui, on s'est...
Il n'a pas le temps de terminer sa phrase, car les garçons entrent dans la maison en trombe.
- Ne t'approche pas d'elle ! J'entends une voix familière, empreinte de menace et pourtant d'une étrange réassurance. C'est la voix de Marco.
La surprise et l'inquiétude se mélangent en moi. Marco et cet homme se connaissent-ils ?
- Je voulais juste prendre des nouvelles de Nina, rétorque l'inconnu d'un ton qui se veut détendu, mais qui semble contenir une tension sous-jacente.
Marco, visiblement furieux, attrape l'inconnu et l'entraîne à l'extérieur. Je ne parviens pas à entendre ce qu'ils se disent, mais la colère qui émane de Marco est palpable, presque électrique.
- Qui est-il ? demandai-je, les yeux fixés sur les garçons qui, étrangement, évitent de me répondre.
Leur silence me fait monter la panique. S'ils évitent la question, c'est qu'ils cachent quelque chose. Et s'il faisait partie du clan ennemi ? Il n'aurait pas franchi le seuil de ma propriété ainsi, sans armes, n'est-ce pas ?
La confusion me submerge. Ma tête semble sur le point d'exploser sous le poids des questions sans réponses.
Marco rentre finalement dans le salon, seul. Sa présence est un mélange de soulagement et de tension pour moi.
Je le regarde fixement, la peur et la frustration se mêlant dans ma voix :
- Qui était-ce ? Que voulait-il de moi ? Pourquoi m'a-t-il demandé si je me souvenais de lui... Devrais-je le connaître ?
Marco se rapproche et me répond avec une voix calme, mais dont la froideur ne me rassure pas complètement :
- Ne t'inquiète pas. C'était un ami de ton père, quelqu'un que tu ne connais pas vraiment. ​Je ne sais pas pourquoi il prétend le contraire. Il voulait sûrement savoir comment tu vivais la maladie de ton père, mais nous devons nous méfier de tout le monde.
Je le scrute, cherchant des indices dans son regard. Son assurance et son ton détaché ne me convainquent pas entièrement. Il y a quelque chose de non-dit dans ses paroles, quelque chose que je ne parviens pas encore à saisir.
Les questions continuent de tourbillonner dans ma tête, laissant une sensation d'inachevé et de danger imminent.
***
Marco
Je lui mens encore une fois, sachant que chaque mot que je prononce est une pièce de plus dans le puzzle des tromperies que je dois maintenir. Sa vie est un tissu de mensonges, et il me faut jouer ce rôle jusqu'au bout. Je vois l'hésitation dans son regard, le doute qu'elle n'arrive pas à chasser. Elle ne me croit pas entièrement. Mais je ne lui laisse pas le temps de poursuivre cette conversation. Je me dirige vers le bureau avec les garçons, déterminé à écarter toute question inutile.
- On doit être plus prudent, s'exclame Marco, sa voix résonnant avec une gravité désespérée. Nina ne doit pas savoir. Elle ne peut pas être impliquée dans cette histoire, pas encore. Nous devons la protéger à tout prix.
Vincenzo, le visage marqué par la confusion, me fixe d'un air sceptique.
- Pourquoi ne pas lui révéler toute la vérité ? demande-t-il, avec une impatience palpable. ​Elle a le droit de savoir ce qui se passe réellement. Peut-être que cela l'aiderait à se préparer et à se défendre. Nous ne pouvons pas la laisser dans l'ignorance éternelle.
Je secoue la tête, ma frustration croissante se manifestant dans chaque geste.
- Tu es devenu fou ? Elle ne peut pas connaître toute la vérité maintenant. Pas dans ces conditions. Pour sa propre sécurité et pour la réussite de notre plan, il est impératif qu'elle reste éloignée de cette réalité. Il y a trop de risques. La vérité est une arme à double tranchant, et elle pourrait tout compromettre.
Giovanni, les sourcils froncés, interrompt avec une note de gravité dans sa voix.
- Tu sais que les Draks sont en approche et qu'ils pourraient faire échouer ton plan ? ​Nous avons peu de temps. Si elle apprend des détails cruciaux maintenant, cela pourrait compromettre notre stratégie et nous mettre tous en danger. Les informations qu'elle pourrait découvrir pourraient être un atout pour nos ennemis.
Je serre les poings, la tension palpable dans mon regard.
- Je ne le permettrais pas, réponds-je fermement, ma voix empreinte d'une détermination inébranlable. Nous avons tout planifié avec minutie.
Chaque détail, chaque mouvement a été calculé pour nous permettre de réussir. Nina doit rester à l'écart de tout ça, même si cela signifie lui mentir. Nous avons pris des mesures pour la protéger, mais elle n'est pas prête à affronter toute la vérité. Cette vérité qui pourrait la mettre en danger.
Je fais un geste vers le bureau, signifiant que la discussion est terminée. Les membres du clan échangent des regards lourds de signification, leurs expressions trahissant leur désaccord mais acceptant finalement ma décision. Le poids des secrets que je garde reste lourd, suspendu dans l'air comme une menace constante. Je sais que maintenir ces mensonges est une responsabilité écrasante, mais je suis prêt à tout sacrifier pour protéger Nina et pour que notre mission aboutisse. Nous ne pouvons pas nous permettre de faillir maintenant.
Nous rentrons chez nous, après cette longue journée. Nina est restée avec Enzo, comme convenu. Même si cette idée de m'enchante pas du tout, la laisser seule toute la nuit avec ce dragueur d'Enzo, je n'ai pas d'autre choix que de la laisser faire. Je ne peux pas me montrer jaloux, même si je l'ai déjà fait. Je ne peux plus me permettre de faire de faux-pas. Il ne faut pas qu'elle croit que je suis quelqu'un de bien pour elle. S'il ose poser la main sur elle, je lui arrache tous ses membres un par un et je les donne à manger aux cochons. Je l'ai prévenu.
***
Nina
Ma vie n'est devenue qu'un enchevêtrement de mystères et de questions sans réponse. Mon père avait-il parlé de mon ascension à quelqu'un ? Est-ce qu'il avait laissé des indices, des preuves que nos ennemis pourraient utiliser contre moi ? Je ne sais pas. Je ne sais rien. Cette incertitude est une constante dans mon quotidien désormais.
La nuit tombe lentement, enveloppant la maison d'une obscurité apaisante. Enzo, fidèle à son rôle, est affalé sur le canapé du salon, épuisé par la journée. Il dort paisiblement, surveillant mon espace comme un véritable garde du corps.
Mon téléphone vibre brusquement sur la table basse. Je le saisis et vois un message de Giovanni :
« Rendez-vous à vingt-deux heures au Vortex pour une soirée démentielle ! Je n'accepterai aucun refus. Ps : Enzo est aussi invité, bien sûr. »
Je fronce les sourcils, perplexe. Une soirée au Vortex ? Ce n'est pas le moment idéal pour se distraire. L'incertitude sur l'identité de l'inconnu qui est venu aujourd'hui et la pression constante de la direction du clan me pèsent. Mais une part de moi, une part qui réclame un peu de légèreté, désire s'échapper de ce tourbillon de responsabilités et de secrets. J'ai envie de retrouver cette part de moi qui s'amusait avant que cette nouvelle vie ne me tombe dessus comme un poids écrasant.
Je regarde Enzo, toujours endormi, et prend une décision. La vie continue, même si elle est empreinte de mystères et de dangers. Si je veux m'accrocher à une part de normalité, je dois faire cet effort.
« On sera là », réponds-je finalement, en appuyant sur envoyer.
Je prends une profonde inspiration, espérant que cette soirée pourra offrir un répit temporaire aux troubles qui hantent ma vie.
Je me dirige vers Enzo, déterminée à ne pas laisser place à une éventuelle objection. Je lui lance simplement :
- Prépare-toi, soirée au Vortex ce soir.
Avant même qu'il ait le temps de réagir, je m'éloigne, décidée à ne pas lui donner la possibilité de refuser. Le ton de ma voix ne laisse aucune place à la discussion, comme une tentative désespérée de reprendre le contrôle sur un aspect de ma vie qui semble toujours m'échapper.
Je me rends dans ma chambre et commence à préparer ma tenue. Je boucle mes longs cheveux bruns avec soin, chaque mèche parfaitement en place. J'opte pour une robe rouge pétante, moulante et courte, qui semble vibrer à chaque mouvement que je fais. Les talons aiguilles que je choisis sont ornés de strass, capturant la lumière de façon éclatante.
Le maquillage est une œuvre d'art à part entière ce soir. Je couvre mon visage de fond de teint pour unifier ma peau, applique une ombre à paupières sombre pour accentuer mon regard, et termine avec un rouge à lèvres flamboyant qui contraste intensément avec ma robe. Chaque détail est minutieusement pensé pour que je puisse me fondre dans l'atmosphère du Vortex, tout en affichant une confiance que je peine à ressentir en réalité.
En dépit de mes efforts pour masquer mes inquiétudes, la soirée au Vortex est une source d'angoisse constante. Les Draks peuvent frapper à tout moment, et chaque minute que je passe loin de la sécurité de ma maison me rend nerveuse. Mais je ne peux pas ignorer ce besoin pressant de normalité, de répit, même temporaire. J'ai besoin d'une pause, même si c'est juste pour quelques heures.
Alors que je me regarde dans le miroir, j'essaie de ravaler l'appréhension qui me serre la poitrine. Je veux profiter de cette soirée, me rappeler que je suis encore capable de vivre, même sous la pression constante de mes responsabilités et des dangers qui me menacent. J'espère que cette soirée sera une évasion bien méritée, un moment pour respirer et, peut-être, retrouver une part de moi-même que je perds peu à peu.
Je descends les escaliers de ma chambre, chaque pas résonnant dans la pièce avec une assurance feinte. Mes talons claquent sur les marches, brisant le silence de la maison. Enzo, en bas, lève les yeux et reste figé un instant. Il est évident qu'il est impressionné, comme en témoigne son expression stupéfaite.
- Tu es... ravissante, murmure-t-il, visiblement ébloui. Son regard se perd sur ma robe rouge, une touche de respect mêlée à une admiration non dissimulée.
Je lui souris, pleine d'assurance, même si une partie de moi se débat avec l'inquiétude.
- On y va ? demandai-je, en faisant un geste vers la porte d'entrée.
- Oui, répond-il, sa voix trahissant un mélange d'enthousiasme et d'appréhension.
Enzo est à la fois attentif et réservé, conscient que ce soir n'est pas une simple sortie. Sa pensée est claire, bien que non exprimée : elle est magnifique, mais il sait que son admiration ne suffit pas. Seul Marco a le droit d'approcher.
Enzo le sait, et il sent l'interdiction implicite de franchir cette ligne invisible. Marco ne tolérerait aucune autre prétention envers moi, et il ne se priverait pas de punir quiconque oserait le défier.
Nous nous dirigeons vers son SUV, aux vitres teintées d'un noir profond, semblant presque absorber la lumière environnante. Il m'ouvre la porte côté passager, m'offrant un accès facile. ​Enzo me donne un coup de main en posant ses mains sur ma taille, me guidant avec une délicatesse calculée.
Dans son élan, un parfum envoûtant se dégage de moi, une fragrance riche et pénétrante qui flotte dans l'air. C'est une odeur presque enivrante, mélange de sophistication et d'élégance. ​Elle semble imprégner l'espace autour de moi, soulignant chaque mouvement que je fais. ​Enzo est un instant emporté par cette présence olfactive, son regard s'attarde un peu plus longtemps que nécessaire, manifestant une fascination qu'il ne peut complètement masquer.
- Prête pour une soirée exceptionnelle ? demande-t-il, tout en veillant à ce que je sois installée confortablement.
Je hoche la tête, une détermination nouvelle dans les yeux. Je suis prête, en dépit de l'appréhension qui se cache derrière mon sourire. La soirée au Vortex est une chance de m'évader, même si l'ombre des Draks plane toujours au-dessus de moi. J'espère trouver un moment de répit dans l'agitation de la nuit.
***
En route vers le Vortex, la route s'étire devant nous, et une demi-heure de trajet nous attend. ​Profitant du temps que nous avons ensemble, je décide de briser le silence et d'essayer d'obtenir des réponses d'Enzo. J'ai remarqué que son regard changeait quand il me parlait, et je suis prête à utiliser mon charme pour découvrir ce qu'il pense vraiment.
- Pourquoi est-ce que vous me détestez tous ? demandai-je, feignant une note de curiosité et de vulnérabilité.
Enzo lâche un soupir, visiblement agacé par la question mais aussi par le dilemme de répondre honnêtement.
- On ne te déteste pas, Nina. C'est plus compliqué que ça. Il marque une pause, puis ajoute avec un soupir : On ne comprend pas le choix de ton père. Tu es jeune, tu avais un avenir, et il te l'a arraché. Ce n'est pas un monde fait pour les femmes. Ce n'est pas un monde pour toi.
Je le regarde, essayant de déceler la vérité derrière ses mots. Je suis consciente que son discours reflète une partie de la vérité, mais je sais aussi qu'il y a plus à comprendre.
- Toi, peut-être que tu ne me détestes pas. Tu as été le seul à me défendre quand j'ai pris le pouvoir, et je t'en remercie, Enzo. Mais les autres... Ils... me détestent. Marco me déteste.
Mon ton est chargé d'une émotion sincère, bien que j'essaie de garder un certain détachement. ​Enzo secoue la tête, comme s'il cherchait les mots justes pour exprimer ce qu'il ressent.
- Ils ne te détestent pas, Nina, dit-il finalement. Ils ont peur de toi. Ils ont peur que tu nous empêches d'accomplir notre mission. Ils ont peur de ce que tu peux leur faire ressentir.
Je fronce les sourcils, essayant de comprendre.
- Peur de moi ? Pourquoi ?
Enzo tourne légèrement la tête vers moi, ses yeux perçants fixant la route.
- Oui, peur. Parce que tu es différente. Ils ont peur que ton arrivée change les règles du jeu, que tu bouleverses tout ce qu'ils ont construit. Ils ont peur de ta force, de ta détermination. Et plus que tout, ils ont peur de ce que tu pourrais éveiller en eux. Tu les confrontes à leurs propres faiblesses, à des émotions qu'ils préfèreraient ignorer.
Je laisse ses mots résonner en moi. C'est une perspective que je n'avais pas complètement envisagée. J'avais surtout ressenti le rejet comme une attaque personnelle, mais Enzo me montre un autre angle : celui de la peur et de l'incertitude face à ce que je représente.
- Et Marco ? Que pense-t-il vraiment ? demande-je, ma voix empreinte de curiosité et de désespoir.
Enzo garde les yeux fixés sur la route, mais je peux voir une lueur d'hésitation dans son regard.
- Marco est... complexe. Il est tiraillé entre ses devoirs et ses sentiments. Il a ses propres démons à affronter. Tout ce que je peux dire, c'est que la situation est plus compliquée que ce qu'il laisse paraître. Il est en conflit constant avec lui-même. Peut-être qu'un jour, il sera prêt à affronter ses propres peurs et à accepter ce qu'il ressent vraiment.
Je reste silencieuse, absorbant ses paroles. Enzo a révélé une partie de la vérité, mais il reste beaucoup de zones d'ombre. La route semble encore plus longue maintenant, chargée de questions sans réponses et de défis à venir.
La conversation s'interrompt brusquement quand nous arrivons enfin au Vortex. Enzo me tient la porte et nous pénétrons dans le bar, la chaleur et le bruit se mêlant à une atmosphère vibrante et animée. Le contraste est saisissant avec l'intensité de notre discussion. À peine entrés, je remarque immédiatement la bande habituelle, tous en costard-cravate impeccable. Et là, dans le milieu de la foule, je le vois : Marco. Vêtu d'un costume rouge, il est tout à fait dans le ton de la soirée et, ce qui me bouleverse profondément, il est en compagnie d'une femme. Il rigole avec elle, ses yeux sont rivés sur ses formes et son décolleter plongeant.
Mon cœur se serre, une douleur aiguë me transperce à la vue de cette femme. S'agit-il d'Angèle ? La simple idée me fait vaciller. La confusion et la jalousie se mélangent en moi, me laissant sous le choc. Je reste figée un instant, tentant de maîtriser mes émotions.
Vincenzo, qui est à mes côtés, me sort de mes pensées en me tendant un verre.
- Tiens, Nina, dit-il d'une voix douce malgré la tension ambiante. Pour toi.
Je prends le verre sans vraiment réfléchir. La soirée m'accable, et la douleur de voir Marco avec une autre femme est presque trop intense. J'ai besoin de me détendre, même si c'est pour un bref moment. Je remercie Vincenzo d'un geste distrait.
- De rien, ma douce, répond-il avec un sourire professionnel.
À ce moment, je vois la mâchoire de Marco se contracter, son visage exprimant une colère latente. Il est encore accoudé au comptoir, sa posture rigide et menaçante, tandis que la femme blonde à ses côtés, grande et élancée, semble presque insignifiante à côté de l'intensité de ses émotions.
Soudain, Marco se dégage de sa compagne et se dirige vers Vincenzo avec une démarche déterminée. Il tape violemment son poing sur le comptoir, faisant trembler les verres.
- Appelle-la encore avec ce surnom, mon surnom, et je t'arrache ta langue de pute, grogne-t-il d'une voix basse et menaçante.
Vincenzo se redresse, ses yeux lançant des éclairs. Il n'a pas l'air d'être effrayé, malgré la menace évidente dans le ton de Marco.
- Tu ne la veux pas, mais personne ne peut l'avoir, c'est ça ? Elle n'est pas ta chose. Elle ne t'appartient pas, lui rétorque Vincenzo avec une froideur déterminée.
La tension monte rapidement entre eux. Marco est sur le point de céder à la colère, ses poings se serrant, les veines de ses bras ressortant sous l'effet de la rage. Je sens que la situation va exploser si quelqu'un ne fait pas quelque chose.
- Vous voulez tous vous la faire, ou quoi ? Le premier qui la touche, je le bute, menace ​Marco d'une voix grondante, saturée d'une possessivité désespérée.
Je me sens tiraillée. Marco, avec tout son charme et sa passion, me faisait espérer. Mais maintenant, la situation est devenue un tourbillon de sentiments contrariés. Je n'ai jamais eu la chance de le toucher, d'assouvir mon amour pour lui. La simple idée qu'une autre puisse le toucher est insupportable. La possessivité de Marco est palpable, presque dévorante. Mais je dois aussi faire face à la déception qu'il représente.
- Tu n'es qu'un connard, Marco, dis-je, ma voix chargée de colère et de désespoir. Il serre les dents à l'entente de mon ton accusateur. Je poursuis, le regard perçant :
- Tu as quelqu'un, bordel ! Tu l'aimes. Comment peux-tu dire ça sur moi ? Comment peux-tu la trahir ? C'est ça que tu es devenu ? Un putain de menteur ?
Marco semble ébranlé, mais il garde son regard sombre et résolu. La vérité de mes mots frappe comme un coup de poignard. Je suis écorchée par le conflit intérieur qu'il semble vivre, une douleur poignante mêlée d'une profonde passion. La scène se déroule comme un drame, les émotions déchaînées et les alliances vacillantes, avec Marco et moi au cœur de cette tourmente.
***
Marco
Oui, je suis un menteur. Depuis le début, je lui mens pour la protéger. Mais la vérité est que je n'arrive pas à maintenir cette façade. Mon cœur se serre chaque fois que je vois les autres la taquiner ou s'intéresser à elle. Je ne peux pas la laisser partir. Je ne le veux pas. En me rapprochant d'elle, je fais en sorte que chaque mot que je prononce soit chargé de la froideur que je ressens.
- Ma douce, je t'interdis de me parler de la sorte, grondais-je, serrant les dents. N'oublie pas que tu n'es qu'une petite princesse. Tout t'est tombé tout cru dans la bouche. Alors ne me traite pas de menteur quand toi tu prétends être quelqu'un de forte alors que tu montres tout le contraire, à chialer comme une merdeuse à chaque occasion.
J'utilise ses faiblesses contre elle, la blessant encore une fois. Mon but est de la faire reculer, de l'affaiblir, même si chaque mot est comme un coup de poignard pour moi-même.
- Tu te prends pour qui, bordel ? Tu crois que je vais te parler normalement alors que tu es mon employé ? Tu es sous mes ordres, Marco. Et c'est toi qui me dois le respect, pas l'inverse, que tu le veuilles ou non, rétorque-t-elle, sa voix tremblante mais ferme.
- Si tu crois que je vais rester sous tes ordres, ma douce, tu te trompes lourdement. Tu me vois peut-être comme un gentil, mais je ne suis plus l'homme que tu as connu. Je suis cruel. ​Et une petite fillette à papa n'a pas sa place parmi nous. C'est qui qui va te sauver le cul, hein ? Regarde-toi. Tu es sortie sans flingue. Tu es juste une sotte qui se prend pour une grande. Ta mère, elle, était forte.
Je vois la douleur se peindre sur son visage alors que mes mots la frappent de plein fouet. J'ai été trop loin. J'ai touché un point sensible que je ne voulais pas effleurer. Ses yeux noirs, maintenant chargés de haine et de larmes, se plantent dans les miens. La colère et la tristesse se mêlent dans son regard, et je sais que j'ai brisé le peu de cœur qu'il lui restait.
- Tu n'avais le droit de parler d'elle, murmure-t-elle, la voix brisée. Tu n'as pas le droit de me rappeler à quel point je ne suis pas à la hauteur.
La souffrance dans sa voix est palpable, et je la ressens comme un coup direct. Je suis allé trop loin, et le poids de mes paroles, mes accusations, sont maintenant le fardeau que je dois porter. Dans cet instant, je comprends que les frontières entre ce que je ressens pour elle et ce que je suis devenu se sont effacées. La cruauté de mes mots ne fait que renforcer la profondeur de mon attachement.
***
Nina
Bordel, il utilise mes faiblesses contre moi. Il fait référence à la dernière fois où j'ai pleuré devant lui, dans la salle des armes, à ma vulnérabilité que je pensais avoir laissée derrière moi. ​Et il évoque ma mère, une femme que je n'ai que très peu connue. J'étais trop jeune pour me souvenir d'elle. Elle a été enlevée et séquestrée par un clan ennemi avant d'être tuée, simplement pour atteindre mon père. La mention de sa mort me plonge dans une profonde tristesse. Vais-je finir comme elle, une autre victime sacrificielle ?
Je me déteste de ne pas savoir contrôler mes émotions. Mon père ne serait pas fier de moi s'il savait ce que je traverse maintenant. Marco n'a aucun amour pour moi, juste de la haine mêlée à une étrange forme de possession. Il se fait une autre femme, mais il ne veut pas que les autres s'approchent de moi. Il est manipulateur, dangereux, et affreusement beau. Sa beauté est une torture supplémentaire, une ironie douloureuse.
Je me reprends et, malgré la rage et la douleur, j'exclame avec détermination :
- Ferme ta putain de gueule, Marco. Si tu n'as pas compris que, dans cette bataille, nous devons être soudés, alors tu n'as visiblement pas compris les enjeux. Ils veulent ma mort. À moins que tu veuilles que je meure ? Ça te feras un fardeau en moins, n'est-ce pas ?
Une telle haine envahit tout mon être. Je tremble de colère et de désespoir. Si Marco ne me protège pas, qui le fera ? Sa réponse tombe avec une froideur calculée, un ton supérieur :
- Ton destin est scellé, ma douce. Au moment où tu as accepté de prendre la suite de ton père, tu le savais. Tu savais que tu mourrais, comme elle.
C'est trop pour moi. Les mots de Marco résonnent dans ma tête comme des échos lugubres. ​La perspective de ce destin inéluctable, la réalisation de cette vérité glaciale, est trop lourde à supporter. Je sors précipitamment, cherchant à échapper à cette atmosphère suffocante. Je me dirige vers l'extérieur en vitesse, espérant que personne ne me suive.
Je m'assois sur un banc, face à l'entrée du bar. La ruelle est sombre, remplie de gens ivres et de ceux qui fument du cannabis. L'odeur âcre me parvient, mais je suis trop perdue dans ma douleur pour y prêter attention. Mes yeux se remplissent de larmes, qui coulent silencieusement sur mes joues. Tout semble se dissoudre dans une mélancolie profonde lorsque soudain, un homme d'une trentaine d'années s'assoit à côté de moi. Son apparition inattendue ajoute une nouvelle dimension à mon désespoir, et je me demande si ce moment de solitude sera finalement partagé.
Je suis là, tremblante, recroquevillée sur le banc, alors qu'il me tend son joint. Je pousse sa main avec la mienne, d'un geste franc. Un goût amer sur les lèvres. Sa présence est oppressante, et son haleine d'alcool me dégoûte. Il bégaye, ses mots imbibés d'ivresse et de menace.
- C'est toi, la petite fille qui a repris le clan mafieux de son père, Nina Martins ?
Le ton de sa voix est à peine audible dans le bruit des rues, mais chaque mot résonne comme un coup de marteau dans ma tête. Comment sait-il qui je suis ? Comment peut-il connaître mon nom ? Mon cœur s'emballe, la peur m'envahit. Les garçons avaient raison, j'aurais dû prendre mon flingue. Tout a changé en si peu de temps. Autrefois, j'étais la fille que tout le monde appréciait, et maintenant, je suis une cible pour le compte de mon père.
- Si vous savez qui je suis, vous savez que je suis dangereuse. J'ai hérité des gènes de mon père. Que voulez-vous ?
Je tente de garder mon calme, mais l'angoisse me ronge. Il se penche vers moi, et sa main sale se pose sur mon épaule. Il glisse ma robe sur mon épaule, et je me débats, mais il est trop lourd, trop fort. La ruelle, autrefois animée, est maintenant déserte. Personne pour m'aider, personne pour entendre mes cris.
- Laisse-moi tranquille, espèce de gros dégueulasse !
Je lutte, mais il est implacable. Son poids écrase mes jambes, rendant chaque mouvement presque impossible. Je tente de crier, mais ma voix est étouffée par la terreur. Il commence à soulever ma robe, et je suis paralysée, le visage brûlant de honte et de peur.
Soudain, je perds le contrôle. La panique me submerge, et je ne peux que m'accrocher à un mince espoir de survie. Mes yeux se brouillent sous les larmes, ma respiration est un souffle court et désespéré.
- S'il te plaît... laisse-moi...
Je murmure, luttant pour obtenir un peu d'air sous son poids écrasant. Je me débats comme je peux, mais il est trop fort. Il passe sa main sous ma robe, et c'est alors que tout devient flou.
- Continue de me supplier, ma jolie, j'aime ça. Tu vas voir ce que je vais faire à ta petite gueule d'ange.
Un bruit sourd résonne dans ma tête, et le monde autour de moi vacille. Je n'entends plus rien, seulement le sifflement perçant dans mes oreilles.
Un coup de feu éclate, brisant le silence. La douleur ne m'atteint pas immédiatement, mais je vois du sang. Beaucoup de sang. Est-ce le mien ? Je ne ressens aucune douleur. Je crie, effrayée, en voyant l'homme se tordre de douleur, la main en sang. Mes cris sont interrompus par un coup sec, et il me gifle, faisant exploser la douleur et l'humiliation en moi.
Je reconnais à peine Marco, tant mes yeux sont noyés de larmes. Il se précipite vers l'homme, le visage déformé par une rage incontrôlable. Ses actions sont rapides et violentes. Il met une balle entre les jambes du malfaiteur, et je vois la terreur dans les yeux de celui-ci. Marco ne s'arrête pas là ; il pose le canon de son arme sur la tempe de l'homme, la rage dans ses yeux.
L'homme, effrayé, essaie de parler sous la douleur écrasante de la balle de Marco.
- C'est cette salope.. Elle m'a... Chauffé et après elle joue les sainte-nitouche.
- C'est toi, l'unique salope ici, sale fils de pute. On ne t'a jamais appris le respect pour les femmes ? Ni la définition du mot : consentante ? Tu oses toucher Nina ? Ma nina ? Tu t'es attaqué à la mauvaise personne. Je vais te buter et j'enverrais ta tête en guise d'avertissement pour tous ceux qui voudrais poser leurs mains sales sur elle. Elle est sous la protection du tueur à gage le plus crains du pays, et quand on se retrouvera en enfer, compte sur moi pour te faire souffrir encore et encore, pour que même de là-haut, tu n'oublies jamais mon putain de visage, et pour venger les larmes qui coulent sur ses joues.
Le malfaiteur murmure, la voix brisée par la douleur.
- Tu sais qu'elle sera nôtre, mon clan la veut. Il en est ainsi, la parole est le plus important, dans notre monde.
Marco, hors de lui, ne laisse aucune place à la pitié. Il tire. Le bruit du coup de feu emplit l'air, et je regarde le corps tomber, une flaque de sang s'élargissant autour de lui. Mon cœur se serre alors que je réalise l'horreur de ce qui vient de se passer.
Je m'effondre à terre, la respiration haletante, mon corps tremblant de façon incontrôlable. ​J'ai peur, terriblement peur. Je me sens vidée, sale, impuissante. Cette sensation, je ne la connaît que trop bien.
Vincenzo et Giovanni arrivent, leurs regards remplis d'inquiétude. Marco, toujours dans une colère noire, leur ordonne de se débarrasser du corps.
- Débarrassez-vous du corps, de ce fils de pute, donner le à manger aux cochons, moi, je la ramène. Elle a assez souffert.
Son regard est froid, déterminé, un mélange de douleur et de colère. Il s'approche de moi, ses mains tremblantes se posant doucement sur mes épaules alors qu'il m'aide à me relever. Le monde autour de moi est flou, et je me sens brisée. Le seul réconfort que je trouve dans ce chaos est la présence de Marco, bien qu'il soit une source de contradictions déchirantes dans ma vie.
Lorsque Marco me prend dans ses bras, une vague d'émotions déferle sur moi. Sa présence est à la fois réconfortante et dérangeante. Ses bras, durs comme de l'acier mais étonnamment doux, m'enserrent avec une intensité protectrice. C'est comme s'il voulait me préserver de tout ce qui m'a été infligé, mais la chaleur de son étreinte me fait frémir, et une vague de confusion m'envahit. Peut-il vraiment me protéger de cette douleur, ou est-ce juste un autre tour du destin ? Ses gestes, empreints d'une tendresse surprenante, me rappellent l'affection que j'ai longtemps désirée, mais que je n'avais jamais cru pouvoir obtenir de lui.
Sur le chemin du retour, le silence entre nous est lourd, presque palpable. Je suis trop abattue pour parler. Chaque respiration est une épreuve, chaque pensée une torturante réminiscence de ce que je viens de subir. Ma tête est envahie par des images déformées de ce gros dégueulasse et de ses intentions ignobles.
En entrant dans la salle de bain, une vague de panique me submerge. Les souvenirs de ce qui s'est passé se bousculent dans mon esprit, et je me demande pourquoi cela m'arrive. Les larmes coulent sans fin, comme une pluie incessante qui ne fait que creuser le gouffre de ma douleur. Mon corps tremble alors que je me précipite sous la douche, espérant que l'eau chaude puisse effacer le dégout qui me colle à la peau.
Je regarde l'eau rouge se mélanger aux jets d'eau chaude. C'est du sang. Son sang. Le spectacle me remplit d'une horreur viscérale. Je frotte ma peau avec une intensité désespérée, espérant ardemment que la chaleur et le savon puissent éliminer les marques laissées par ses mains, effacer l'empreinte de celle-ci sur mon corps et sur mon âme. Mes gestes deviennent de plus en plus violents, et ma peau devient rouge sous la friction. Mais malgré tous mes efforts, je n'arrive pas à me débarrasser de ce sentiment de souillure, ni des souvenirs qui continuent de me hanter.
Quand je sors enfin de la douche, le corps engourdi par la chaleur et la tension, je suis enveloppée dans une serviette. Je vois Marco assis sur mon lit, l'attitude préoccupée, et mon cœur rate un battement. Mes cheveux dégoulinent, laissant des traces d'eau sur le sol. La vue de Marco dans ma chambre, me regardant d'un air sérieux, me fait sursauter. Mon visage est encore marqué par les larmes, et je suis dévastée par ce qui vient de se passer.
Je ne veux pas qu'un homme, même lui, me voie dans cet état de vulnérabilité. Pas après ce qui s'est produit. Le simple fait de le voir ici, dans ma chambre, alors que je me sens aussi brisée et exposée, me rappelle cruellement à quel point je suis loin d'être en sécurité, même dans les moments où je cherche désespérément du réconfort. La serviette qui couvre à peine mon corps semble une maigre protection contre l'immense chagrin et la honte qui m'envahissent.
Les émotions s'entrelacent dans mon esprit. La tristesse, la colère, la honte, la peur. Elles sont toutes là, en un tourbillon déchaîné. Je ne sais pas ce que je ressens envers Marco en ce moment. La confusion me submerge. Je sais qu'il a agi pour me sauver, mais ses actions ne peuvent effacer l'horreur que j'ai endurée. Je suis partagée entre le désir de me cacher encore plus profondément dans la couverture protectrice qu'offre la serviette et le besoin désespéré de comprendre où je me trouve dans ce labyrinthe émotionnel.
***
Marco
Quand je l'ai vue, lui, poser ses mains sales sur Nina, ma Nina, mon cœur a failli céder sous le poids de la rage et du désespoir. Je ne pouvais pas supporter l'idée qu'elle soit ainsi, vulnérable, sous l'emprise de ce monstre. La seule pensée que je n'étais pas arrivé à temps me hante encore. Que ce serait-il passé si je n'avais pas été là ? La question me tourmente, et je ne préfère pas l'envisager. Personne ne doit toucher Nina. Elle est mienne, même si elle ne le sait pas encore, même si je lutte contre mes sentiments.
Je la vois trembler devant moi, son corps frêle se serrant dans la serviette, sa peau encore marquée par l'horreur qu'elle vient de vivre. Sans dire un mot, je l'attire doucement dans mes bras. Mes gestes sont chargés d'une tendresse profonde, ma main se pose délicatement derrière sa tête, comme pour lui offrir une protection contre le monde extérieur et, surtout, contre les démons qu'elle a rencontrés ce soir. Je murmure à son oreille, ma voix aussi douce que possible, malgré la colère qui bouillonne encore en moi :
- N'aie pas peur de moi, ma douce. Je ne te ferai jamais de mal. Je ne te toucherai jamais sans ton consentement, et pas après ce qu'il vient d'arriver.
Ses mots se perdent dans le silence entre nous. Elle reste immobile dans mes bras, sa respiration lente et irrégulière contre ma poitrine. Le temps semble suspendu. Je ne sais pas combien de temps nous restons là, liés dans cette étreinte silencieuse, mais chaque seconde est une tentative désespérée pour lui transmettre un peu de réconfort, pour apaiser la tempête qui secoue son âme.
Je sais que si un jour elle est à moi, ce sera uniquement parce qu'elle le voudra. Je ne pourrais jamais lui imposer quoi que ce soit. J'ai été élevé par des femmes, et le respect que je leur dois est profond et indéfectible. Mon respect pour Nina est encore plus puissant. Les pratiques des Draks, ces monstres qui exploitent et abusent des femmes, me révoltent au plus haut point. ​Utiliser des femmes sans défense pour leurs besoins sexuels et pour faire de l'argent, c'est le comble de la lâcheté. Mais Nina ne sera pas l'une de leurs victimes. Elle sera mienne, et elle obtiendra le respect et la dignité qu'un homme doit à une femme.
Nous avons été séparés pendant tant d'années, mais la profondeur de mon amour pour elle n'a cessé de croître. Chaque obstacle, chaque épreuve, n'a fait que renforcer notre connexion, même si elle reste encore dans l'ombre de nos passés et de nos peurs. Aimer quelqu'un, c'est parfois reconnaître que ces défis ne font que solidifier le lien qui nous unit, et je suis prêt à affronter n'importe quoi pour protéger ce que nous avons, ce que nous pourrions avoir ensemble.
Je reste là, avec elle, espérant que mes paroles et mon étreinte suffisent à lui apporter un peu de réconfort et à lui montrer qu'elle n'est pas seule, que je suis là pour elle, même dans les moments les plus sombres.

Fragment de Pouvoir {DARK ROMANCE}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant