Le lendemain matin, Isabeau et jézabel se présentèrent tôt le matin dans mes appartements.
«Ton père nous a demandé de t'apporter une robe pour tes noces» dit jézabel en riant. Isabeau déploya une somptueuse robe pour en brocart mordoré. Je savais exactement d'où elle venait... c'était la robe que portait ma mère pour leur mariage. Et je savais exactement pour quelle raison Isabeau et jézabel était allé exhumer cette reliques des malles de ma mère... À coup sûr, cela ne jouerait pas en ma faveur face à mon père.
« assieds-toi » ordonna rudement jézabel. « je vais te coiffer comme aime Lord Émlyn" fit elle en s'emparant d'une brosse "ce n'est certes pas à la dernière mode... enfin ça l'était quand il était jeune... il est certes un peu âgé mais il a une certaine présence. Tu verras ... il aime les jeunes femmes effacées et obéissantes .. Et tu as intérêt à le devenir car il n'hésite pas à lever la main quand il est contrarié... » continua t-elle en me poussant vers la chaise.
« ne me touche pas »
« grand bien te fasse mais tu as une tête de pouilleuse. Tu n'as quand même pas l'intention d'aller à ton... Mariage dans cet état... et ne crois pas qu'on t'enverra une bonne pour t'aider à t'habiller... En somme soit tu acceptes notre aide, soit tu te débrouilles seule »
« je me débrouillerai » dis je par fierté tout en sachant très bien que je serai incapable de lacer le corsage de ma robe et de l'enfiler étant donné son poids. Ceci dit, peut-être qu'à demie nue et décoiffée, on n'oserait pas me présenter à Lord Émlyn ou qu'on enverrait Héloïse ou papa pour me déloger...
Les filles avaient fait monter des seaux d'eau froide pour remplir la petite baignoire qui se trouvait dans ma chambre et évidemment, personne n'avait pris la peine de réchauffer l'eau ou d'y glisser quelques gouttes d'huile parfumée pour rendre le moment agréable. Je pris le temps de faire ma toilette avec soin et de me tresser les cheveux avant de les épingler sur la nuque. J'enfile une chemise de bâtiste, le jupon réglementaire et je suis surprise de voir qu'on m'avait monté un jupon de chasse et non pas un jupon de cérémonie. Enfin, j'étalais la robe de maman sur mon lit. Elle était splendide mais quelque chose se tordit en moi.
J'étais au plus profond de mon désarroi. Que faire ? M'apprêter donnait l'illusion que j'étais volontaire pour ce mariage, ne pas m'apprêter revenait à défier mon père et à le mettre dans de mauvaises dispositions pour m'écouter. Je soupirai d'agacement. Qu'elles étaient mauvaises, ces deux bonnes... c'était bien ma veine que mon père se soit entiché d'elles.
Et ce vieux Lord, qui avait manifestement également été l'amant d'au moins l'une d'elles, était-il si terrible ? Allait-il vraiment me battre si je devenais son épouse ? était-il si cruel qu'elles l'avaient depeint ? Si c'était effectivement un vieillard, j'en serais peut-être bientôt débarrassé... Pensais je avec amertume
La porte s'ouvrait brutalement sur jézabel.
« descends, ton père te demande. Les vigies ont repéré l'escorte de ton... Fiancé ! »Je passais devant elle avec ma robe baillant de tous les côtés, me donnant l'aspect d'un vieux chiffon brillant et me dirigeais vers la grande salle.
« père! »
« ma fille, je compte sur toi pour te comporter correctement et accueillir dignement le seul homme qui a bien voulu de toi en dépit de ta réputation »
« père, je n'ai rien fait pour mériter quelconque réputation. Je ne suis jamais sortie du château pour me faire connaître des châtelains alentour et je n'ai jamais frayé avec les domestiques ou les palefreniers. Tout ceci n'est que pure invention de vos... »
« il suffit ! »
« pere enfin, vous m'avez enfermé pendant des semaines sans aucune visite, sans ma nourrice, sans activité et... »
« cesse donc de te plaindre ! tu es bien comme ta mère qui... »
La porte s'ouvrit brutalement sous l'action du héraut, qui clama soudainement "Lord Émlyn".
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Série HISTORIQUE. Tome 2. Le Pire Parti
Historical FictionMahaut vit dans une région reculée des Highlands sous la coupe d'un père sévère. Lorsque ses maîtresses lui conseillent de marier bien vite la jeune fille, elles lui glissent un nom. Il est le pire parti que Mahaut puisse espérer. Quelques jours plu...