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J'avais trouvé une porte fermée à clef.

Il y avait ensuite une chambre d'enfant dans un état lamentable également. J'avais fait le tour pour m'occuper.

Les meubles et les jouets étaient de bonne qualité quoi que datés. La famille avait dû être prospère jusqu'à recemment en réalité.

Je decrochais les voilages, tentures, tapis, draps...  pour les rapprocher de la porte, me couvrant de poussière ce faisant. Aux beaux jours, il serait temps de les nettoyer pour les ranger à l'abri de la poussière.

Rien ne semblait cassé ici, c'était une des rares pièces préservées... J'allais commencer a épousseter les jouets puis il me vint à l'esprit que c'était là la pièce qui était la moins urgente de ce château...

En ressortant, je m'aperçois que la nuit est tombée et qu'il est probablement l'heure du dîner.

Je passe par ma chambre et Ronan l'a deserté. A l'époque, mes parents, même fachés, s'attendaient mutuellement pour rejoindre la salle à manger et leur entrée marquait le début du repas. Je me recoiffe à la hate avant de descendre.

Je m'engage dans l'escalier qui mène à la grande salle au mobilier cassé et un brouhaha me parvient déjà. Des voix d'hommes, rauques. Un rire feminin, Cristallin par contraste, s'élève depuis la salle à manger.
Intriguée, je descends à pas mesurés vers le bruit. La pièce, d'ordinaire plongée dans le noir, est animée d'ombres en mouvements, projetées par un grand feu brûlant dans l'atre.

Je reconnais Samuel, qui faisait partie de mon escorte, l'homme roux, dont j'ai oublié le nom, quelques autres que je ne connais pas, et Ronan.

Ronan.
Mon mari.
Assis sur un banc, une jeune femme serrée contre son flanc, avec qui il échange un sourire complice.

Mon ventre se tord.

Ô je sais bien que les époux se jurent fidélité et respect devant monsieur le curé et qu'apres ... Ce ne sont que des etres humains eprouvés par le temps... Au moins essayent ils, du moins au début, de respecter leurs vœux...

C'est ce qui s'était passé pour mes parents. Ils s'étaient aimé et respecté, au moins au début, puis mon père avait fini par trouver ma mère au lit avec l'un de ses métayer. Et s'en fut fini de la belle entente. Quelques mois plus tard, ma mère fut emportée par une pneumonie et on ne parla plus d'elle dans la maison, que pour rappeler la faute impardonnable qu'elle avait commise.

Mon époux, lui, n'essayait même pas. Il avait tué la lune de miel dans l'oeuf en me traitant comme une intruse dans sa demeure et en badinant avec une jeune femme.

"j'avais le choix entre une veuve ou vous. Vous aviez l'avantage d'avoir une dot substantielle et de vous situer moins loin. C'est chose faite, vous voilà mon épouse, tachez maintenant de vous faire discrète" voilà ce qu'il m'avait dit quelques heures plus tot et cela prenait tout son sens.
Mon mari était déjà occupé avant de devoir se chercher une épouse, ce qu'il avait fait pour pouvoir prétendre à son héritage et accéder à une petite fortune grâce à ma dot.
Et moi dans tout ça?
Est ce que j'étais condamnée à être perdante sur toute la ligne?
Rejetée de ma maison, mariée à un inconnu, privée de ma place de maîtresse de maison et ouvertement humiliée devant toute la maisonnée?

Série HISTORIQUE. Tome 2. Le Pire Parti Où les histoires vivent. Découvrez maintenant