Allons voir maman

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Après notre escapade à travers temples maudits, grottes sombres et chicaneries démoniaques, j'avais décidé qu'un petit retour à la maison s'imposait. Pas pour un moment familial émouvant ou quoi que ce soit. Non, juste pour me changer. Mes vêtements étaient dans un état lamentable après toutes ces aventures, et franchement, je commençais à sentir la forêt... mais pas la partie parfumée.

Tiphaine, évidemment, avait insisté pour m'accompagner. 

-Je ne rate jamais une occasion de me goinfrer, surtout si ta mère a de bons trucs dans le frigo,  avait-elle déclaré en sautillant à côté de moi.

-On est juste là pour que je me change, avais-je précisé. Pas pour un buffet. 

-Ouais, ouais. On verra. 

En arrivant devant la maison de ma mère, un charmant petit manoir aux briques rouges couvert de lierre, je poussai un soupir de soulagement. Enfin un peu de répit... ou du moins, c'est ce que j'espérais.

Nous entrâmes discrètement, mais ce plan échoua dès que Tiphaine repéra la cuisine. 

-Oh, une odeur de tarte ! s'exclama-t-elle avant de disparaître en courant.

Super. J'avais amené un estomac sur pattes chez ma mère.

J'avançai dans l'entrée, espérant éviter tout contact familial. Je n'étais vraiment pas d'humeur à expliquer pourquoi j'avais l'air d'avoir traversé une tempête de boue. Cependant, mon espoir d'invisibilité s'évanouit lorsque la porte du salon s'ouvrit brusquement, et là, debout, un torchon à la main, se tenait... la servante.

Celle du début. Celle qui m'avait vue dans mes pires moments de confusion existentielle Emilie. Génial.

-Mademoiselle Auriane ! s'exclama-t-elle, visiblement choquée de me voir. Vous êtes revenue ! 

-Oui, oui, murmurai-je, tentant de filer dans ma chambre. Je suis juste là pour... euh, me changer.

Elle me lança un regard méfiant. 

-Vous êtes dans un état épouvantable, mademoiselle. Que s'est-il passé ?

Je lui fis mon plus grand sourire innocent. -Rien de grave. Juste... une petite balade en forêt. 

-Vous avez l'air d'avoir fait du jardinage avec vos vêtements, plutôt, rétorqua-t-elle sèchement.

-Eh bien, le jardinage, c'est... euh... thérapeutique ? Je n'avais clairement pas d'excuse prête.

Avant qu'elle ne puisse continuer son interrogatoire, Tiphaine débarqua en trombe, une tarte à la main, déjà à moitié dévorée. 

-Auriane, ta mère fait les MEILLEURES tartes ! Sérieusement, j'en ai pris deux, t'en veux une ? 

La servante écarquilla les yeux, horrifiée. 

-Mademoiselle Tiphaine, ce n'est pas un buffet à volonté ici !

Tiphaine, un sourire de chaton satisfait aux lèvres, haussa les épaules. 

-Vous avez vu tout ce qu'il y a ? C'est un crime de ne pas partager tout ça. 

-Tiphaine, tu vas te rendre malade, soupirai-je.

-Oh, t'inquiète, j'ai un estomac d'acier. 

C'est à ce moment que ma mère apparut. Élégante, impeccable, comme toujours, avec ce regard perçant qui me faisait sentir comme une ado prise en flagrant délit de bêtise, même à mon âge. 

-Auriane, ma chérie ! dit-elle, avant de froncer les sourcils en me voyant. Mon Dieu, mais que t'est-il arrivé ? 

-Rien, rien, répondis-je rapidement. Juste besoin de me changer. 

Elle me scruta un instant, hésitant à poser plus de questions. Heureusement, Tiphaine, avec une autre tarte en main, détourna l'attention. 

-Madame, vos tartes sont légendaires ! Franchement, je pourrais vivre ici juste pour ça.

Ma mère lui lança un sourire amusé, mais je pouvais voir dans ses yeux qu'elle se demandait où diable j'avais trouvé une amie pareille. 

-Eh bien, je suis ravie que ça vous plaise, Mademoiselle... Tiphaine, c'est bien ça ? dit-elle poliment.

-Exactement ! Et si vous avez un repas de famille prévu, comptez sur moi, je mange pour trois. 

 -Oui, je commence à m'en rendre compte, répondit ma mère, un sourire crispé aux lèvres.

Je décidai que c'était le moment idéal pour me défiler. 

-Bon, je vais juste... monter me changer. 

Je m'éclipsai en vitesse, laissant Tiphaine discuter tartes et apéros avec ma mère. En montant les escaliers, j'entendais encore Tiphaine demander si elle pouvait goûter à tout ce qu'il y avait dans le frigo. Typique.

Dans ma chambre, je pris enfin une grande inspiration. Le calme. Je me changeai rapidement, profitant du confort de mes vêtements propres. Mais à peine avais-je enfilé un jean et un t-shirt que j'entendis un bruit de fracas en bas. Qu'est-ce que Tiphaine avait encore fait ?

Je descendis précipitamment et trouvai Tiphaine assise au milieu du salon, une assiette à la main, entourée de morceaux de vaisselle cassée.

-Je te jure, je n'ai rien fait. C'était le chat. Elle me lança un sourire angélique.

La servante, debout dans l'embrasure de la porte, fixait la scène avec une expression de désespoir profond. 

-Le chat est dehors, mademoiselle Tiphaine. 

-Oh... alors c'était peut-être un fantôme ?

Ma mère, qui venait d'entrer dans la pièce, poussa un long soupir en voyant l'état de la pièce.  

-Je vois que nous avons une invitée... pleine d'énergie. Elle me regarda, attendant visiblement une explication.

-Oui, c'est... Tiphaine, répondis-je, en essayant de ne pas rire.

Elle haussa un sourcil, mais décida visiblement de ne pas poser plus de questions. 

-Très bien, je vais monter préparer quelque chose. Tiphaine, essaie de ne pas... dévorer toute la maison pendant ce temps. 

Tiphaine lui fit un grand sourire. 

-Promis, madame ! Je ferai de mon mieux. 

Je secouai la tête, amusée, et aidai la servante à ramasser les morceaux de vaisselle brisée. C'était clair : rentrer à la maison avec Tiphaine était une expérience en soi. Mais au fond, cela faisait du bien de rire un peu, même au milieu du chaos.

Et puis, qui sait ? Peut-être que cette journée finirait sans qu'on déclenche un incendie... ou qu'on vide complètement le frigo. Mais honnêtement, avec Tiphaine, rien n'était jamais vraiment sûr.

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⏰ Dernière mise à jour : Oct 10 ⏰

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