Chapitre 31 : l'éternité devant nous

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Le chemin serpentait devant eux, bordé d'arbres dont les feuilles dorées dansaient doucement au gré du vent d'automne. Phoebe et Owen marchaient côte à côte, leurs pas en harmonie avec le bruissement apaisant de la nature qui les entourait. Ils étaient partis de l'abbaye depuis quelques jours déjà, laissant derrière eux un chapitre de leur vie rempli de combats, de peurs, mais aussi de découvertes profondes.

Le soleil commençait à se coucher, peignant le ciel de teintes orangées et violettes. Phoebe sentait une douce mélancolie monter en elle en repensant à tout ce qu'ils avaient vécu. Le manoir hanté, les ombres, la brèche... Tout cela faisait désormais partie du passé. Leur avenir, en revanche, était encore un mystère.

— Ça te fait quoi de ne plus avoir à affronter des ombres chaque jour ? demanda Owen avec un sourire amusé, brisant le silence.

Phoebe éclata de rire.

— C'est étrange. Mais je pense que je m'y habituerai, répondit-elle en lui jetant un coup d'œil complice. J'ai un peu de mal à réaliser que tout ça est vraiment fini.

— Moi aussi. Mais peut-être que c'est justement ce qui rend ce moment si précieux, non ?

Ils continuèrent à marcher en silence, profitant simplement de la compagnie l'un de l'autre et de cette tranquillité nouvelle. Tout était redevenu normal, et pourtant, rien ne serait plus jamais comme avant. Ils étaient changés, profondément, et cette transformation les avait rapprochés d'une manière qu'ils n'auraient jamais pu imaginer.

Après un moment, ils atteignirent une petite clairière. Le sol était couvert de fleurs sauvages, et au centre, un vieux banc de pierre offrait une vue imprenable sur la vallée en contrebas, baignée par les dernières lueurs du jour.

— Faisons une pause ici, proposa Owen en s'asseyant sur le banc. C'est parfait.

Phoebe s'installa à côté de lui, contemplant le paysage. Le monde semblait si paisible, si lointain de tous les tourments qu'ils avaient affrontés. Elle ferma les yeux un instant, se laissant envahir par ce sentiment de sérénité qu'elle n'avait pas ressenti depuis longtemps.

— On dirait que le monde a changé, murmura-t-elle doucement, comme pour elle-même.

Owen acquiesça, mais il savait qu'il ne s'agissait pas du monde, mais de la manière dont ils le voyaient maintenant. Libérés des ténèbres, ils pouvaient enfin apprécier sa beauté dans toute sa simplicité.

— Qu'est-ce que tu vas faire maintenant, Phoebe ? demanda-t-il après un long moment de réflexion. Sans la brèche à sceller ni des esprits à combattre... Qu'est-ce que tu veux vraiment ?

La question resta suspendue dans l'air, et Phoebe se surprit à sourire. Elle avait été si longtemps tiraillée entre ses responsabilités et ses peurs qu'elle n'avait jamais vraiment réfléchi à ce qu'elle voulait au fond d'elle-même.

— Je crois que je veux simplement... vivre, répondit-elle après un instant. Profiter de chaque moment, comme celui-ci. Chanter, voyager, découvrir des endroits que je n'ai jamais vus. Et surtout... être avec toi.

Owen tourna la tête vers elle, ses yeux remplis d'une tendresse sincère.

— Ça me semble être un bon plan, dit-il en lui prenant la main. Où que tu ailles, je serai là.

Phoebe sentit une vague de chaleur monter en elle. Leur amour, forgé dans les épreuves les plus sombres, était devenu une lumière qui éclairait tout ce qu'ils faisaient. Il n'y avait plus de doute, plus de peur, juste cette certitude profonde qu'ils étaient faits l'un pour l'autre.

Elle se pencha vers lui, ses lèvres effleurant doucement les siennes dans un baiser léger, mais empreint d'une promesse silencieuse. Ils avaient survécu à tant d'épreuves, mais maintenant, ils avaient tout le temps du monde pour se découvrir, se redécouvrir, et construire une vie ensemble.

— Et toi ? Qu'est-ce que tu veux faire ? demanda-t-elle en reculant légèrement, son regard plongeant dans le sien.

Owen sourit, caressant doucement sa joue.

— Je veux continuer à te protéger, même si tu n'as plus besoin de moi pour ça. Et je veux construire quelque chose avec toi. Une maison, une vie... un avenir.

Phoebe sentit son cœur battre plus fort à ces mots. Elle avait toujours rêvé de quelque chose de simple, une vie sans les tourments des esprits ou des ombres. Et maintenant, avec Owen, cela lui semblait enfin possible.

Le crépuscule s'épaississait autour d'eux, la nuit tombant doucement sur la vallée. Les étoiles commençaient à scintiller dans le ciel, comme des promesses d'un avenir brillant et infini.

— Une maison, murmura Phoebe, son esprit voyageant déjà dans ces futurs possibles. Cela sonne bien. Une maison à nous, loin de tout, où l'on pourrait enfin être en paix.

Owen hocha la tête, son sourire s'élargissant.

— Oui. Et où tu pourrais chanter chaque jour, dans un jardin rempli de fleurs. Où tu pourrais être toi-même, libre, sans aucune ombre pour te hanter.

Phoebe sentit une larme couler sur sa joue, non pas de tristesse, mais de pur bonheur. Elle avait tellement longtemps rêvé de cette paix, et maintenant, elle était à portée de main.

Ils restèrent assis là, dans le silence apaisant de la nuit, contemplant l'avenir qui s'ouvrait devant eux. Un avenir rempli de promesses, de lumière, et d'amour.

Finalement, Phoebe posa sa tête sur l'épaule d'Owen, fermant les yeux. Elle sentait son cœur battre calmement contre le sien, leur souffle se synchronisant, comme si leurs âmes étaient encore liées, même dans la tranquillité.

— Je t'aime, murmura-t-elle doucement.

— Je t'aime aussi, répondit-il en l'enlaçant plus fermement.

Et tandis que le monde continuait de tourner autour d'eux, Phoebe et Owen, main dans la main, regardèrent vers cet horizon infini qui s'étendait devant eux. Ils avaient affronté les ténèbres, avaient trouvé la lumière, et maintenant, l'éternité leur appartenait.




                                                                                         FIN

Les ombres de la mélodieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant