Il fit défiler les messages de la conversation de Syh avec un sourire. Ils s'étaient accumulés pendant la semaine où il n'avait pas eu accès à son portable. Entre les lignes, Yuki lut combien ses amis s'étaient inquiétés. Il leur envoya une photo de son plateau-repas avec deux doigts victorieux dans le cadre : « J'ai récupéré mon tél ! ».
La réponse d'Hiiragi ne se fit pas attendre.
****Yuki-chan ! On avait parié sur la date de ton premier message, Shizu a perdu, je te raconterai. ****
Puis, dans les trente secondes.
****T'as pas l'air trop mal pour un mec en réa. Bosse tes compos et magne tes fesses, avant que je prenne ta place sur les solos ! ****
Yuki sourit.
Trois minutes plus tard, Shizusumi réagit à son tour, décalé comme toujours.**** La ventilation d'hôpital est nulle. Va pas choper pas une angine, tu pourrais plus chanter. ****
Yuki eut un éclat de rire. Retrouver la légèreté de cette normalité le réchauffait. Puis il se mordit les lèvres. Hiiragi, sans s'en rendre compte, et Shizusumi, pleinement conscient d'être dans le mille, ils avaient tous les deux mis le doigt sur ce qui lui faisait mal au ventre. Il n'allait pas pouvoir rejoindre Syh avant il ne savait pas combien de temps, mais trop. Au moins, à la voix. Il hésita un moment, commença à taper, effaça.
Mafuyu n'avait envoyé que trois messages. Son petit ami n'avait pas trouvé les mots ; il lui avait adressé des images. Des flocons de neige légers dans l'éclat d'un lampadaire, une cage d'escalier lumineuse - son lycée, probablement. La troisième était une vidéo. Il la lança et sentit son cœur sauter un battement en reconnaissant sa Gibson. Mafuyu avait cadré pour qu'on ne voie que ses mains. Un de ses médiateurs entre les doigts, il faisait tinter les cordes à vide. Puis il se penchait, et un tiers de son visage, orné de ce sourire dont Yuki était fou, demandait : « alors, elle est bien accordée ? ». Puis la vidéo s'arrêtait.
Yuki déglutit difficilement, la gorge nouée par autre chose que le traumatisme de sa trachée. Il se tourna vers la fenêtre, en retenant ses larmes - ah, il était sans cesse au bord d'un précipice émotionnel, ces derniers temps. L'une d'elles le trahit et roula sur sa joue.
Le téléphone avait également enregistré un message d'un numéro inconnu. C'était un fichier MP3 - la compo en cours de Ritsuka. Le lycéen la lui avait envoyée à 15 h, entre deux cours. Un deuxième SMS, une minute plus tard, indiquait : « j'ai demandé ton numéro à Mafuyu. Mes excuses pour l'intrusion. Dis-moi ce que tu en penses ? ». Ritsuka était un garçon poli. Et sa compo était à tomber.
Maintenant, en plus de ses larmes traitresses en haut, des nœuds bizarres se produisaient dans les intestins de Yuki. Deux médecins et un infirmier entrèrent dans la pièce. Il était trop en vrac pour se dissimuler derrière un masque : il s'allongea simplement en arrière et se laissa faire. L'ORL l'examina, échangea quelques mots à voix basse avec sa collègue psychiatre, puis sortit. L'infirmier fit de même après avoir vérifié ses constantes et ôté la perfusion, pour l'instant. La psychiatre attendit que la porte se soit refermée, fit rouler un tabouret et s'assit à côté du lit.- Yoshida... tu as reçu de la visite aujourd'hui. L'infirmier dit que tu avais l'air plus détendu, mais que tu ne peux pas t'empêcher de faire le fier devant tes amis, et de forcer sur ton larynx pour parler, comme si le moindre mot ne te causait pas mille douleurs actuellement.
Yuki détourna la tête. À nouveau, ses yeux le brulaient. La psychiatre lui tendit un mouchoir.
- Ah. Tu ne vas pas me croire, mais cela me fait plaisir de te voir enfin pleurer. C'est un ami proche qui est venu, ce matin ?
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Sur le sable, six empreintes (Given, fanfic)
FanfictionFix-it fanfic ! Yuki vit, et tout change. La gibson rouge sert de lien ; les yeux bleus d'Uenoyama s'immiscent dans le duo, Mafuyu aime, oscille, les trois se perdent, se trouvent, s'emmêlent, en équilibre. La fic est bancale, mais sincère :...