Il ne s'en était même pas souvenu de suite. Il avait eu le temps de rentrer, se laver, se changer. On mangeait tard, ce soir-là, chez les Uenoyama. Ce n'est qu'en commentant mentalement les déboires amoureux de sa sœur, qui se coupait les cheveux de dépit après avoir enfin accepté qu'Aki lui ait mis un râteau, que l'image lui était revenue.
Il avait embrassé Mafuyu. Tout à l'heure, en plein milieu du concert, dans les coulisses. Pas pu s'empêcher. À présent, son cerveau hurlait « mais non pas possible t'as pas fait ça quand même ?!! », mais sa mémoire avait nettement enregistré le gout de ses lèvres, la forme, le poids de son corps entre ses bras. Ritsuka se claqua les deux joues en même temps — elles étaient déjà rouges avant cela. Et Yuki... ?
Yuki était arrivé juste à ce moment-là. Les avait vus s'embrasser. Avait enlacé Mafuyu, et puis... quoi ? Sa main sur sa joue ? Ritsuka porta la sienne là où l'autre s'était posée, la veille : il lui sembla que sa peau le brulait. « Je ferais bien pareil »... C'était cela, qu'il avait dit, non ?Ritsuka essuya la sueur de son front.
Il sauta le diner, dormit fiévreusement. Le lendemain, il partit au lycée l'esprit en ébullition et eut du mal à se concentrer toute la journée. À midi, il réussit difficilement à avaler trois bouchées. Au basket, il manqua tous ses paniers.
Mafuyu était absent. La conversation de Given, sur son tel, lui apprit qu'il était malade, comme un môme trop excité au lendemain de son premier concert. Ritsuka eut un sourire et une bouffée de tendresse.« Je passerai le voir après les cours », tapa-t-il pour Aki et Haruki.
Évidemment, ce fut une silhouette aux cheveux blonds cendrés qui lui ouvrit, un sourire mi-charmeur, mi-cynique aux lèvres en le voyant rougir dès qu'il croisa son regard.
– Il dort à moitié. Il a de la fièvre, mais rien de grave. Entre !
Il se sentit partir en combustion dès que la porte se referma. Il s'y appuya pour reprendre ses sens. L'appartement entier sentait l'odeur de Mafuyu et son bas-ventre y réagissait furieusement.
Yuki eut un souffle de rire.– Va pas attraper la fièvre juste parce que t'es là, toi, dit-il, moqueur. T'es jamais venu ?
Ritsuka fit non de la tête, à court de mots.
– J'y crois pas, râla Yuki en levant les yeux au ciel. Vous êtes bien dans le même groupe depuis six mois, ou j'ai rêvé ?
– Yuki... plaida Ritsuka.Il ôta ses chaussures, déposa au frais le repas à réchauffer, attrapa la bouteille d'eau vitaminée — sans bulles — et suivit Yuki dans la chambre. Mafuyu ouvrit un œil, se redressa à moitié. Il avait les pommettes rouges, la sueur au front, et ses yeux... ah, ses yeux. Ritsuka baissa la tête pour dissimuler son désir et sa panique.
– Tu fais un concert et tu tombes malade, dit-il la voix rauque.
– Uenoyama...
– Je t'ai amené un repas, il est dans le frigo. Ça ira ?
– Mn. Merci...
– Bouge pas dans tous les sens. Tiens, faut que tu boives.Il lui tendit un verre. Mafuyu lui offrit un sourire adorable et but sans rechigner. Ritsuka trembla.
Il fit mine de se redresser, de partir.– Reste.
– Oy !
– Juste un peu...Il resta et contempla Mafuyu longtemps après qu'il se soit rendormi.
Il ferma la porte de la chambre et gagna le salon, hésitant. L'appartement était fruste, comme si ses habitants venaient de déménager et n'avaient pas réellement pris le temps de l'aménager. Yuki l'attendait à la fenêtre du salon, le dos tourné. Indécis, il le rejoignit, plongea son regard sur la rue avec lui, mettant soixante bons centimètres de distance entre eux. La vue n'était pas particulièrement belle, ni laide, simplement ordinaire.
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Sur le sable, six empreintes (Given, fanfic)
FanfictionFix-it fanfic ! Yuki vit, et tout change. La gibson rouge sert de lien ; les yeux bleus d'Uenoyama s'immiscent dans le duo, Mafuyu aime, oscille, les trois se perdent, se trouvent, s'emmêlent, en équilibre. La fic est bancale, mais sincère :...