Reine malgré elle

Sous le voile du devoir

En quittant la salle de bal, je sentais l'adrénaline pulser dans mes veines. J'avais enfin osé exprimer ma frustration face à ces vampires qui me méprisaient pour ce que j'étais. Pourtant, à mesure que je traversais les couloirs du château, cette force s'étiolait, laissant place à une sensation de vide et de vulnérabilité.

Je n'avais aucune idée de où aller. Les couloirs du château me semblaient plus froids et oppressants que jamais. Le poids des regards, même ceux que je ne voyais pas, pesait encore sur mes épaules. J'aurais aimé disparaître, trouver un coin où personne ne viendrait me chercher.

Je m'arrêtais devant une grande fenêtre, observant la nuit noire qui enveloppait les terres alentours. Le silence n'était rompu que par le bruit léger de mes respirations, encore un peu saccadées après ma confrontation.

"Tu ne devrais pas être ici seule."

La voix basse et familière me fit sursauter. Je me retournai brusquement pour faire face à Xandar. Son visage était impassible, ses yeux perçants fixés sur moi. Son calme ne trahissait aucune émotion, comme d'habitude. J'avais du mal à lire ses pensées, et c'était épuisant.

"Et où devrais-je être, Xandar ?" demandai-je avec sarcasme. "À me faire humilier encore un peu plus dans cette salle ?"

Il ne répondit pas tout de suite, s'approchant lentement. Je remarquai ses mains se serrer et se détendre, comme s'il essayait de se contenir.

"Kael est un bon ami, mais il ne te connaît pas encore. Il ne sait pas que tu n'es pas censée te mêler aux affaires des autres."

Je levai les yeux au ciel, exaspérée par son discours. "Je ne me mêle de rien. Je cherche simplement à survivre ici, Xandar, et apparemment, ça dérange tout le monde."

"Tu as fait un spectacle ce soir. Tu as insulté des familles influentes. Crois-tu vraiment que c'était la bonne façon de t'intégrer ?"

Sa voix restait glaciale, mais je décelais une pointe de reproche. Quelque part, ça me fit mal, car au fond, je n'avais pas cherché à provoquer autant de tension. Je voulais juste qu'ils me respectent.

"Je n'ai pas à m'intégrer dans un monde qui ne veut pas de moi." Ma voix tremblait légèrement. "Tu m'as laissée seule ici, sans rien ni personne. Et maintenant, tu oses me reprocher de me défendre ?"

Xandar s'arrêta à quelques pas de moi, ses yeux s'assombrissant. Pour la première fois depuis des semaines, je crus voir quelque chose d'autre que de l'indifférence dans son regard. De la frustration ? De la colère ? Peut-être un mélange des deux.Je me retournai finalement vers Xandar, prête à lui dire une dernière fois ce que je pensais, mais il détourna les yeux. Je n'attendais plus rien de lui. Après ces semaines à ses côtés, tout était devenu clair : il ne m'appréciait pas, il ne me voulait pas ici, et pourtant, pour une raison qui m'échappait encore, il me gardait près de lui. Cette situation me consumait.

Je soupirai profondément. "Ne t'inquiète pas, je ne ferai plus de 'spectacles'. Je n'ai plus rien à prouver à qui que ce soit."

Xandar ne répondit pas, et pour être honnête, je ne m'attendais plus à des excuses ou des explications. Le silence entre nous était devenu plus familier que les mots, presque un compagnon constant. Après quelques instants, il se tourna sans un mot et quitta la pièce, me laissant seule une fois de plus.

Cette nuit-là, je restai éveillée, fixant le plafond de notre chambre sans vraiment le voir. Les événements de la soirée tourbillonnaient dans mon esprit, mais une fatigue émotionnelle lourde finit par l'emporter, et je plongeai dans un sommeil agité.

Le lendemain matin, je fus réveillée par un doux coup à la porte. J'ouvris les yeux, un peu désorientée, encore hantée par les souvenirs du bal. Une seconde plus tard, la porte s'ouvrit doucement et deux servantes entrèrent dans la pièce.