Reine malgré elle

La solitude d'une reine

Je marchai dans les couloirs du palais, mon esprit encore engourdi par la fureur et la confusion. Mes pas résonnaient faiblement contre le sol de marbre, tandis que mes pensées tourbillonnaient, s'entrechoquant sans relâche. Comment Xandar avait-il pu prendre une telle décision ? Comment pouvait-il, après tout ce que nous avions traversé, renoncer à l'aide qu'il avait promis à mon peuple ?

Je me sentais trahie, profondément blessée. Je l'avais cru différent, croyant naïvement que derrière son masque de roi vampirique, il y avait un homme capable de compassion, de loyauté. Mais il venait de prouver que son allégeance n'allait qu'à ce royaume, à ses conseillers, à cette vie de pouvoir et de politique froide. Mes mains tremblaient, et je réalisai que c'était en partie à cause de la déception écrasante qui m'étouffait.

Je me réfugiai dans la petite cour intérieure, le seul endroit où je pouvais trouver un semblant de paix. Le murmure de la fontaine couvrait à peine le bruit sourd de mon cœur battant dans mes oreilles. Je m'assis sur le banc en pierre, serrant mes bras contre moi-même, comme si cette étreinte pouvait apaiser le vide glacial qui me rongeait de l'intérieur.

— « Pourquoi... » murmurai-je, le regard fixé sur l'eau scintillante.

Je revoyais son visage, impassible, quand il m'avait annoncé la décision. Il n'y avait pas eu d'hésitation, juste cette froide détermination. "Le conseil a décidé", avait-il dit, comme si ces mots suffisaient à justifier l'injustifiable. Comme si le fait que je sois sa femme, que j'aie sacrifié ma vie pour cette alliance, n'avait aucune importance. Je n'étais qu'un pion dans cette partie d'échecs politique, un moyen d'assurer la paix, et maintenant, il était prêt à renoncer à ce qui comptait vraiment pour moi : la sécurité de mon peuple.

Je sentis les larmes monter, mais je les refoulai. Je ne pouvais pas me permettre de pleurer, pas maintenant. J'avais traversé trop de choses pour me laisser briser si facilement. Mais cette douleur, ce poids... il me semblait insupportable.

Soudain, des bruits de pas derrière moi me tirèrent de mes pensées. Je n'avais même pas besoin de me retourner pour savoir qui c'était. Je reconnus sa démarche assurée, le léger froissement de sa cape. Je restai figée, ne sachant pas si je voulais l'affronter de nouveau ou simplement le fuir.

— « Ashley... » Sa voix était basse, presque suppliante.

Je fermai les yeux un instant, tentant de rassembler le peu de force qu'il me restait avant de me lever et de lui faire face.

— « Qu'est-ce que tu veux, Xandar ? » demandai-je, ma voix plus froide que je ne l'aurais cru. « Tu n'as pas dit assez ce soir ? Tu n'as pas déjà pris ta décision ? »

Il se tenait à quelques pas de moi, ses traits tendus, son regard cherchant désespérément le mien. Mais je refusai de céder, refusai de montrer à quel point ses actions m'avaient blessée.

— « Je sais que tu es en colère, » commença-t-il, mais je l'interrompis avant qu'il ne puisse continuer.

— « En colère ? » Mon rire amer résonna dans l'air. « Xandar, tu viens de condamner des milliers de personnes, MON peuple, et tu crois que je suis juste en colère ? Je suis... brisée. » Ma voix trembla légèrement sur le dernier mot, mais je me repris rapidement.

Il ouvrit la bouche pour parler, mais je levai une main, le forçant à se taire.

— « Tu m'avais promis de les aider. Tu m'avais dit que cette alliance était un moyen de garantir une vraie paix, pas seulement entre nous, mais pour nos deux peuples. Et maintenant, tu me dis que tout cela, c'était des mensonges ? Que tu es prêt à les abandonner parce que ton précieux conseil a pris une décision ? »