Enchaînés par le destin

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Le lendemain matin, une lumière pâle filtrait à travers les lourds rideaux de la chambre royale. Je m'éveillai lentement, encore légèrement désorientée, prenant quelques secondes pour me souvenir d'où j'étais. Le canapé où j'avais passé la nuit était loin d'être confortable, mais j'avais finalement réussi à m'endormir, épuisée par les événements de la veille. À côté de moi, j'entendis le léger froissement de draps. Xandar était toujours allongé dans le lit, paisible, comme si la tension de la nuit passée n'avait jamais eu lieu.

Je me levai en silence, essayant de ne pas le réveiller. Une partie de moi craignait une nouvelle confrontation. Je pris un moment pour réfléchir à ce qui m'attendait : devenir reine d'une race que je ne comprenais pas, fiancée à un homme que je redoutais à moitié et à moitié... quelque chose que je n'osais pas encore nommer.

Je me dirigeai vers la fenêtre et tirai légèrement le rideau pour apercevoir l'extérieur. Le palais était entouré d'un immense paysage sombre et désolé, des montagnes déchiquetées et des forêts denses s'étendant à perte de vue. La lumière ici semblait différente, plus terne, comme si elle était tamisée par un voile invisible. Le monde des vampires était à la fois magnifique et oppressant.

"Tu es déjà debout." La voix de Xandar, bien que douce, me fit sursauter. Je me retournai et le vis assis, me regardant d'un air indéchiffrable.

"Je n'ai pas l'habitude de... ce genre de situation," avouai-je, en évitant soigneusement son regard.

"Je comprends," dit-il, avec une pointe de gravité dans la voix. Il s'étira avant de se lever à son tour. "Mais sache une chose, Ashley : ici, tout le monde te jugera, te testera. Être ma reine ne sera pas un titre symbolique, tu devras prouver ta valeur."

Je fronçai les sourcils, essayant de comprendre ce qu'il voulait dire.

"Et comment suis-je censée prouver quoi que ce soit ? Je ne connais rien de votre monde, ni de ce qu'on attend de moi."

"Tout commence par l'apparence," dit-il en s'approchant de moi. "Les vampires respectent la force, l'audace, et une certaine froideur. Montre-leur que tu es digne de ta place à mes côtés, et tu gagneras leur respect. En attendant, j'ai prévu de te former aux coutumes, à notre histoire, et à tout ce que tu dois savoir pour survivre ici."

Je croisai les bras, un peu méfiante. "Survivre ? C'est à ce point-là ?"

Xandar s'arrêta, puis me regarda droit dans les yeux, ses traits se durcissant. "Les vampires ne sont pas des créatures faciles, Ashley. Certains ici ne voient pas d'un bon œil le fait que je sois lié à une humaine. Ils testeront ta force, te pousseront dans tes retranchements. Si tu échoues, tu pourrais perdre plus que ta dignité."

Une boule d'angoisse se forma dans mon estomac, mais je me redressai, refusant de céder à la peur. "Très bien. Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?"

Il esquissa un sourire approbateur, comme s'il appréciait ma détermination. "Tu vas te préparer. Aujourd'hui, tu rencontreras ceux qui composeront ta cour. Certains seront des alliés, d'autres non. Mais tu devras tous les traiter avec la même maîtrise."

Il s'approcha, posant une main légère sur mon épaule, et pour la première fois, il y avait quelque chose de rassurant dans son geste. "Je suis peut-être froid, mais je suis aussi pragmatique. Nous avons tous deux un rôle à jouer. Si tu fais ta part, je m'assurerai que personne ne te fasse du mal."

Je hochai la tête, comprenant enfin l'ampleur de ce que serait ma vie désormais. "D'accord. Allons-y."

Le reste de la matinée se déroula dans un calme tendu. Après une brève toilette, une servante silencieuse m'apporta une robe d'un noir profond, ornée de broderies argentées. Elle était plus simple que la tenue de bal que j'avais portée la veille, mais elle dégageait une certaine élégance. Le tissu était fin, presque soyeux, et épousait mes formes sans pour autant être vulgaire. Cette robe semblait taillée pour imposer une certaine autorité. Je la passai sans protester, réalisant que dans ce nouveau monde, chaque détail comptait. Mon apparence n'était plus une question de simple goût personnel, c'était une armure.

Reine malgré elleWhere stories live. Discover now