Reine malgré elle

Entre devoir et destin

Le jour du mariage arriva plus vite que je ne l'avais imaginé. Dès l'aube, une nervosité palpable flottait dans l'air du château. Les couloirs étaient animés par les servantes qui s'affairaient autour des derniers détails, tandis que l'écho des pas des gardes résonnait sur les murs. Dehors, le ciel était d'un gris uniforme, menaçant une pluie fine qui ne faisait qu'ajouter à l'atmosphère lourde.

Je me levai, la robe désormais prête, le tissu léger flottant autour de moi, me caressant à chaque mouvement. Je n'avais pas envie de me regarder dans le miroir. Je n'avais pas envie d'affronter cette réalité qui me paralysait. Ce mariage n'était pas un choix, ni un rêve devenu réalité. C'était une formalité, un contrat, un devoir. Le cœur lourd, je me laissai préparer par les servantes, qui, cette fois-ci, s'assuraient que chaque détail de ma mise était parfait. La couturière, fidèle à sa mission, avait ajusté ma robe à la moindre imperfection.

Le temps semblait s'étirer alors que je me trouvais seule dans ma chambre, à attendre que le moment vienne. Les heures passaient lentement, et le silence du château, en dehors des bruits de pas, semblait peser sur mes épaules. J'avais encore en tête la conversation d'hier soir avec Xandar. Il n'avait pas montré la moindre émotion, pas la moindre hésitation. C'était comme si ce mariage n'était qu'une formalité de plus dans sa vie déjà si pleine de contraintes.

À midi pile, un autre coup résonna à ma porte. Cette fois, c'était Kael, fidèle à son rôle de bras droit. Il s'inclina légèrement, le regard respectueux. Il avait l'air aussi professionnel qu'à son habitude, mais je pouvais voir une lueur de tristesse dans ses yeux, comme s'il compatissait avec ma situation.

« C'est l'heure, » dit-il d'une voix calme, posant un regard rapide sur ma tenue. « Le roi vous attend. »

Je n'avais pas la force de répondre. Je suivis Kael dans les couloirs, mon cœur battant à tout rompre. Tout semblait flou, comme si je m'étais dissociée de la réalité, observant ce qui allait se produire de loin. Les invités étaient déjà rassemblés dans la grande salle du trône, leurs regards fixés sur l'autel. Les nobles de la cour, les conseillers et les familles influentes étaient présents. La cérémonie avait un air d'impersonnalité, presque glaciale. Le silence était complet, sauf pour le son léger des robes qui glissaient sur le sol et des pas des serviteurs.

Je pénétrai dans la grande salle, les yeux rivés au sol, ressentant l'ampleur du moment. Les chandeliers brillaient, jetant une lumière dorée sur les murs imposants du château. L'autel était orné de fleurs blanches et dorées, symbolisant, probablement, ce que ce mariage était censé représenter : la pureté, la stabilité du royaume.

Xandar m'attendait déjà, au bout de l'allée, au pied de l'autel. Il était vêtu de sa tenue royale, une cape noire bordée d'argent, ses cheveux sombres tombant légèrement sur son front. Son regard était concentré, impassible, comme s'il ne ressentait rien de ce qui allait se dérouler. Mais au fond de ses prunelles, je crois apercevoir quelque chose... un sentiment fugace que je ne parvins pas à cerner. Peut-être la fatigue ? Ou une forme de regret, qui, en un instant, traversa son regard avant de se dissimuler derrière son masque d'indifférence.

Je pris une profonde inspiration et avançai lentement, mes pas résonnant dans la grande salle vide à l'exception des regards perçants des invités. Tout le monde se tenait droit, les visages impassibles ou intéressés. Je sentais l'humidité dans l'air, le poids des regards qui pesaient sur moi comme un fardeau que je ne pouvais fuir.

Une fois arrivée devant Xandar, je levai les yeux vers lui. Le regard qu'il me lança, bien que furtif, semblait plus intense qu'il ne l'avait jamais été. Ses prunelles sombres scrutèrent les miennes, et un léger frisson me parcourut l'échine.