Reine malgré elle

Solitude et apparence

Finalement après ce dîner Xandar ne me parla plus pendant quelques semaines ce qui m'enrageait. Je comprenais qu'il me voyait comme un problème, et qu'il ne m'aimait pas, c'était réciproque mais il devait au moins être un allié. M'apprendre comment évoluer dans ce monde, dans cette société que je ne connaissais pas. Je ne pouvais pas me promener dans le château car dès que je mettais le nez dehors les gens me regardaient de façon si ignoble que j'en avais la chair de poule, les servantes ne m'adressait pas la parole et ne m'aidaient à rien, que ce soit à me changer ou à me guider. Les femmes de ce château me faisait comprendre que j'étais inférieur à elles et que n'importe laquelle d'entre eux était plus légitime que moi. Je me sentais affreusement seule, ma famille me manquait, mes amis également et notamment mon meilleur ami Rémy. Je me sentais épuisée, triste et voulait abandonner. Alors que j'étais en train de pleurer à chaude larmes Xandar entra dans notre chambre, et me regarda froidement ne prêtant pas attention aux larmes qui coulaient sur mes joues. 

"Nous avons un événement aujourd'hui. Tâche de te préparer correctement et de te montrer plus digne qu'en ce moment. Tu as l'air pitoyable."

Sans rien ajouter de plus il sorti de la chambre me laissant légèrement plus dévasté qu'il y a quelques minutes. Une ou deux heures plus tard une servante arriva avant de se présenter à moi et de m'informer qu'elle était venue pour me prépare au bal annuel. Je ricanai en me disant que les vampires, notamment Xandar, tenaient vraiment aux apparences. Je savais que cette servante ne respectait pas l'étiquette, qu'elle aurait du s'incliner en arrivant par exemple ou ne pas regarder dans les yeux comme si j'étais son égal. Hé oui je m'étais renseigné de mon côté mais honnêtement j'en avais pas envie de me battre. La servante s'approcha de moi avec un air détaché, presque condescendant, comme si elle se demandait pourquoi elle perdait son temps à me préparer. Mais je n'avais pas l'énergie de protester. Elle ouvrit une armoire et en sortit une robe magnifique, d'un bleu royal éclatant, le tissuemblait briller doucement sous la lumière tamisée de la pièce. Malgré mon humeur, je ne pus m'empêcher d'admirer le travail exceptionnel.

La robe était longue, presque solennelle, mais élégante. Le corsage était ajusté, mettant en valeur ma silhouette sans être trop serré. Il était orné de délicates broderies argentées qui tourbillonnaient autour du décolleté en forme de cœur, rappelant des motifs de vignes ou de filigranes anciens, presque comme si chaque détail avait été conçu pour refléter la noblesse et la puissance. Les manches étaient longues, légèrement bouffantes au niveau des épaules, avant de s'affiner jusqu'aux poignets, où des perles argentées ornaient les coutures. Le bas de la robe, quant à lui, s'évasait doucement à partir de la taille, créant un effet fluide et aérien, presque comme si je pouvais flotter en marchant. Une traîne subtile suivait mes mouvements, ajoutant une touche dramatique à l'ensemble.

La servante, bien que froide, était habile dans son travail. Elle me fit asseoir devant une coiffeuse en bois d'ébène, où de nombreux accessoires étaient étalés. Ses mains rapides se mirent à tresser mes cheveux d'une manière que je n'avais jamais vue auparavant. Elle commença par une tresse en couronne qui entourait délicatement le sommet de ma tête, mêlant des mèches de cheveux plus claires et plus foncées dans une harmonie sophistiquée. Les tresses se rejoignaient à l'arrière dans un chignon complexe, tissé avec précision, laissant quelques mèches s'échapper volontairement pour encadrer mon visage. Cela ajoutait une touche à la fois royale et un peu sauvage, comme si ma coiffure devait refléter la force que je ne ressentais pas encore.

Pour couronner le tout, elle plaça un diadème fin en argent sur le sommet de ma tête, presque invisible, mais assez brillant pour attraper la lumière à chaque mouvement. Le bijou était simple, mais symbolisait clairement mon rang. C'était une parure discrète mais imposante, parfaite pour cette mascarade à laquelle j'allais devoir assister.

Lorsque je me regardai dans le miroir, je fus frappée par le contraste entre ce que je ressentais à l'intérieur – la solitude, la tristesse – et l'apparence imposante et royale qui se reflétait devant moi. 

Comme si il était réglé comme une horloge, Xandar arriva à ce moment-là et congédia la servante qui cette fois s'inclina devant nous deux. J'avais envie de rigoler de son hypocrisie mais je n'avais plus la force de faire ça. Je passe mon bras autour de celui de Xandar et le suivi sans lui adresser un mot sachant que sa réponse serait froide et cruel. Je ricanai quand je senti sa main passer autour de ma taille pour à nouveau jouer à son petit jeu. 

Nous fûmes annoncés comme d'habitude, avant que le bal soit ouvert. Xandar m'abandonna rapidement, veillant à m'embrasser aux yeux de tous pour leur prouver je ne sais quoi. Je plongeai dans mes pensées sachant très bien que j'allais passer une soirée solitaire, tentant de la raccourcir du mieux que je pouvais. Tout d'un coup je sentis une main se poser sur mon épaule, et me retourna vers cette personne pensant que c'était Xandar.

"Qu'est-ce que tu veux ?", demandai-je exaspéré.

Je portais rapidement une main à ma bouche me rendant compte de mon erreur. Un homme se tenait devant moi et de toute évidence ce n'était pas Xandar. C'était un jeune homme d'environ mon âge, brun aux yeux verts, grand avec une carrure très imposante. Je ne pus m'empêcher qu'il était plutôt séduisant, certes d'un autre style que Xandar mais il était séduisant tout de même. 

"Je suis désolé de vous déranger. Je voulais juste vous rencontrer. Je peux revenir plus tard si vous le souhaitez.", dit-il avec une gentillesse et un respect auxquelles on ne m'avait pas habitué depuis que je suis ici.

"Oh non non non je vous ai pris pour quelqu'un d'autre désolé. Vous pouvez rester si vous le souhaitez."

"Quelqu'un vous importune ?", demanda-t-il de manière soucieuse.

"Pardon ? Oh non ne vous en faîtes pas pour ça, ce n'est rien."

"Vous êtes sûr ? Si vous voulez je peux en parler à Xandar, il réglera ça rapidement."

Je rigolai en me disant que c'était justement lui le problème.

"Rassurez vous tout va bien. Quel est votre nom ?"

"Je m'appelle Kael. Je suis le bras droit de Xandar et son ami d'enfance."

"Enchantée. Je m'appelle Ashley."

"Je sais, vous êtes plutôt connu maintenant. En tous cas je suis heureux de vous rencontrer. Et désolé de ne pas m'être présenté avant, j'étais en voyage au sujet de cette guerre. Je viens de rentrer."

"Oh vous devez être fatigué, vous ne devriez pas vous reposer ?"

"Non je préfère être ici à vous parler."

Sans savoir pourquoi je me sentis rougir face à sa phrase. Je me sentais enfin à l'aise avec quelqu'un et j'en étais très heureuse. La conversation continua et fut très agréable. Kael me faisait rire et me permettait de passer une soirée très agréable. Alors que je rigolais à nouveau aux éclats face à une de ses boutades quand je sentis deux mains passer autour de ma taille et me rapprocher d'un torse.

"Bonjour Xandar", salua Kael en s'inclinant. 

"Kael, je peux savoir ce que tu fous avec ma femme ?"

Avant même que ce dernier puisse répondre je me retournai vers Xandar.

"Je dois te rappeler que nous ne sommes pas encore marié ? Et puis laisse Kael tranquille au moins lui ne m'as pas ignoré toute la soirée. Bravo Xandar tu viens de me gâcher le seul bon moment que je passe depuis plusieurs semaines." 

Je me retournais vers les autres personnes qui me dévisageaient tous du regard.

"Et vous, tous autant que vous êtes, vous avez tous un point commun, vous êtes une bande d'hypocrites. Vous pouvez me regarder de haut si ça vous chante mais faites le aussi quand votre roi est présent. Vous me maltraitez et me jugez parce que je suis une humaine mais devinez quoi, après avoir passer quelques semaines dans votre société je suis heureuse d'être une humaine. Non j'en suis même fière."

Et sur ces mots je quittai la salle libéré de leur avoir dit ces quelques mots en face.