Je t'ai recroisé, au détour d'un rayon, et les souvenirs m'ont frappé de plein fouet. Je ne voulais plus y penser, à tout le mal que tu m'as fait, à tes gestes, à tes paroles inappropriées. La réalité était telle que, ma respiration s'est coupée, tu ne m'as pas remarqué, tu es passé à côté de moi et j'ai continué d'avancer.
J'ai cherché un point de repère, un moyen de canaliser mes pensées, tout s'est chamboulé, ma tête recommençait à tourner. Parce que toi, ça ne t'a rien fait, tu n'as rien reçu, tu as donné, mais moi, mon corps se souvient, mon âme n'oublie pas.
Je n'ai plus su parler, les yeux baissés, les idées en vrac, c'est mon corps entier que tu as retourné. Plus sût qui j'étais, ce que je devais faire, où j'allais, j'ai fui. Je t'ai fui. J'ai fui mes souvenirs de toi, j'ai fui tes paroles, j'ai fui tes mains, j'ai fui la moi, adolescente, qui se souvient.
Parce que je m'étais juré de ne plus y penser, de ne plus ressasser, mais c'est la deuxième fois cette année, que je repense à ce que tu m'as fait. La première fois, le mois dernier, en passant proche de chez toi, j'ai paniqué. Et aujourd'hui, ton visage, à croire que c'était un présage : "Tu n'as pas fini d'avoir mal, tu n'as pas oublié".
