POUR NOËL... Tout sauf cet enfoiré de Roméo ! ©

❄ CHAPITRE 8

Roméo

Juliette en train de se brosser les dents avec ma fille qui ne fait aucune histoire pour aller contre ce qu'on lui a demandé est une première. Je n'étais pas certain qu'elle ait bien entendu mes propos plus tôt, c'est pourquoi je me suis permis de quitter la table afin de m'assurer qu'elle avait bien trouvé le pyjama de Jade, et également pour surveiller qu'elle ne lui en faisait pas voir de toutes les couleurs. Si je m'attendais à ça !

Ma fille est heureuse, elle s'amuse comme une petite folle, et Juliette semble détendue. Plus qu'elle l'aurait fait d'ordinaire, ce qui m'intrigue. Dois-je en déduire que le drapeau blanc est bel et bien dressé ? Son regard troublé me sonde autant que le mien. Elle s'est vêtue si rapidement que son collant dépasse de quelques centimètres de la ceinture de son pantalon de pyjama tandis que son débardeur lui donne un air débraillé tout autant que ses cheveux quand elle y a passé la tête. Avec sa tâche de dentifrice et les joues rouges, elle me donne envie de rigoler, de lui ébouriffer davantage la crinière, mais je m'abstiens, surtout lorsque Jade lui a scandé de se ramener.

Je ne m'attendais pas à autant de complicité de la part de Juliette. Plutôt à une remarque vaseuse. Un minuscule sourire en coin ébauche ses lèvres avant qu'elle me dise : « Ce n'est pas le tout, papa, mais ta fille me demande, alors si tu pouvais te pousser du passage, ce serait sympa. »

Prestement, je m'exécute tandis que je l'entends ricaner en s'éloignant dans le couloir. Je les rejoins dans la chambre de la petite.

— Voyons voir, jeune fille. Dents faites. Pipi fait. Doudou à tes côtés, dit Juliette en faisant l'inventaire tout en tapotant son index contre sa bouche qui a toujours du rouge à lèvres.

— Une histoire ! S'il te plaît, Juju ! clame Jade, tout excitée, en se tortillant sous les draps.

— D'accord. Qu'est-ce que tu lui lis d'habitude ? m'interroge-t-elle en jetant un œil par-dessus son épaule.

— Petit ours brun, réponds-je.

Juliette se met à glousser, moqueuse.

— Oh, je sais que tu peux faire mieux ! Pourquoi n'en as-tu pas imaginé une pour l'endormir ?

— Tu n'as qu'à en inventer une si tu veux, je suis sûr que tu as des tas d'idées.

Juliette braque son regard dépité sur moi. Elle a essayé de me taquiner et cela s'est retourné contre elle. Jade est sagement allongée dans son lit, à attendre que celle-ci daigne lui raconter une petite histoire. Je suis certain que la jolie blonde est en train de me maudire un peu plus là tout de suite, mais ce n'est pas grave, ceci n'est pas à prendre au sérieux. Jade se moque bien de ce que nous lui racontons, tout ce qui compte, c'est d'être près d'elle lorsqu'elle ferme les yeux, ça l'apaise.

Elle ne parvient pas à s'endormir seule depuis le départ de sa maman. Un pédopsychiatre m'a laissé entendre que c'était parce qu'elle avait ressenti mon angoisse lors de la disparition de sa mère. J'ignore si cela est vrai ou si elle a simplement besoin de la présence de son papa à ses côtés, pour lui rappeler que je ne vais pas la quitter.

Amusé, je souris à Juliette et elle jette les armes, comprenant que je n'essaie pas de lui mettre de bâtons dans les roues comme elle l'a toujours pensé, mais seulement de distraire la petite. Elle entre dans mon jeu :

— Ok ! clame-t-elle. Heureusement que le ridicule ne tue pas, Roméo, car je serais déjà en train de te courir après pour te saucissonner à l'aide d'une guirlande électrique, avant de te lancer par-dessus la montagne, chuchote-t-elle uniquement à mon intention.