POUR NOËL... Tout sauf cet enfoiré de Roméo ! ©

❄ CHAPITRE 12

Roméo

Aux premières lueurs du soleil, Jade était déjà debout, s'inquiétant davantage pour le bonhomme de neige qui a dormi dehors, que pour son absence de bonnet, écharpe et manteau. J'ai dû lui courir après alors que j'étais encore moins vêtu qu'elle. En boxer et en chaussons, autant dire que la glace recouvrant mes mollets m'a bien réveillé. Je me suis empressé de la saisir dans mes bras pour opérer un demi-tour au sein du chalet avec elle. Elle pleurait en clamant qu'elle désirait voir monsieur Bob - c'est ainsi qu'elle a nommé le bonhomme de neige - et j'ai dû lui dire avec calme que nous irions après nous être habillés. Difficile de la raisonner.

Nous sommes montés à l'étage pour tous les deux nous vêtir. Malgré l'étoffe recouvrant ma peau, je me sens encore gelé. Les poils de mon corps sont dressés par la chair de poule qui m'a envahi depuis. On dirait même que mon cerveau a subi un choc glacial au point de le rendre incapable de réagir, la preuve : j'ai failli glisser sur une plaque de verglas en revenant à l'extérieur, suivi de près par Jade qui est emmitouflée dans son immense manteau qui l'habille jusqu'à la mi-cuisse. Elle n'a pas ri, elle m'a simplement regardé avec stupéfaction. Mes os se sont mis à craquer et j'ai prié pour ne pas m'être froissé un muscle, surtout avec le retour au travail qui approche. Je ne peux pas me permettre d'être en arrêt maladie.

— Tu vois, il n'a pas fondu et il se porte comme un charme. Maintenant, rentrons prendre quelque chose de chaud, ma puce, temporisé-je, en tremblant de froid.

Elle fait la moue.

— Je ne veux pas le laisser tout seul.

Sa réponse me cloue le bec une longue seconde, puis je lui propose qu'on lui fasse un copain tout à l'heure et elle accepte aussitôt. Ce sera une façon de moins appréhender notre départ, car je ne peux pas le foutre dans le coffre. Il fondra durant le trajet et ma fille se mettra à pleurer toutes les larmes de son corps à l'arrivée. L'horreur !

Nous regagnons le chalet, mon père est debout dans le séjour avec une tasse brûlante de café ainsi qu'un chocolat chaud tandis que ma mère vient rapidement à notre rencontre pour retirer le manteau de Jade et lui frotter les bras. Terminé depuis un moment l'époque où ma mère s'occupait de moi ainsi, ça me fait doucement sourire, qu'elle soit toujours si maternelle. Une grand-mère poule. Juste un peu...

Mon père me tend la tasse de café, je le remercie pour l'attention. J'en bois une grande lampée après m'être débarrassé de mon blouson. Jade s'installe sur le canapé et savoure son chocolat tandis que ma mère lui beurre une tartine en la fixant avec un sourire chaleureux. Bientôt, les Dubois nous rejoignent et nous nous retrouvons à déjeuner tous ensemble au coin du feu.

À l'instar d'hier, Juliette se révèle distante avec moi. Mon palpitant s'accélère alors qu'elle ne fait rien de particulier si ce n'est siroter un thé détox post-Noël, ce que je trouve un peu idiot, disons-le clairement. Elle n'a pas besoin de ça, elle est superbe. Ses courbes sont très bien réparties, en tout cas, à mes yeux, elle n'a rien à changer.

Sauf de mec, mais ça, c'est une autre histoire...

Tout chez elle me fait craquer, en passant par sa petite fossette au menton, qui s'accentue quand elle sourit. Ses pupilles bleues un peu mystérieux et enfantin. Ses boucles naturellement blondes, son teint de pêche, sa bouche fine et rose m'appelant à l'embrasser. Son corps, tout entier, à la caresser. Parfois, dans mon sommeil, j'ai la sensation de l'entendre soupirer, gémir. Elle me rend dingue, obsessionnel depuis que nous nous sommes retrouvés, que j'ai été à deux doigts de poser mes lèvres sur les siennes. Eh dire que je l'ai déjà fait et que je ne m'en souviens pas ! Quel gâchis !