Chapitre 8: Les Dangers du Paradis

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La faible lumière du soleil, voilée par les nuages, éclaire faiblement les vitraux de la chapelle. Tous les enfants sont réunis, mais pour une fois, ils ne sont pas agités comme d'habitude à cette heure matinal. Le silence est lourd, presque suffocant. Assise sur l'un des bancs en bois, j'attends qu'Aydan vienne me rejoindre, comme le tableau l'avait prédit. Pourtant, l'ombre de mon ami est absente. À la place, une silhouette plus grande, plus imposante, prend place à mes côtés. Loan. Je fronce les sourcils en le voyant. Ce garçon de 17 ans, censé me haïr, agit étrangement calme. Il me jette un regard accusateur, puis soupire avant de détourner les yeux.

-N'agit pas comme si c'est la première fois que tu me vois, dit-il d'un ton agressif.

-Je réagis comme quelqu'un qui te voit pour la première fois t'asseoir à côté d'elle.

Il reste impassible, comme s'il était habitué à mes remarques. Il tourne légèrement la tête pour observer Jeanne, puis revient vers moi.

-Comment va-t-elle ? J'ai entendu dire qu'elle avait passé la nuit à pleurer.

-Elle se sent coupable, dis-je en soupirant. Elle pense que la mort d'Abel est de sa faute.

Loan laisse échapper un rire amer. Je lui lance un regard noir, mais avant que je ne puisse réagir davantage, la directrice se racle la gorge, annonçant le début de son discours. Elle nous invite à mettre fin à nos messes basses. Loan, indifférent à son autorité, murmure à nouveau :

— C'est complètement sa faute. Elle aurait dû dire à Mme Brayley ce qu'elle avait vu. Mais elle a choisi de se taire. Son choix, sa faute.

— Ferme-la, Loan.

Sa voix, son attitude, tout en lui me hérisse. Il manque de respect à cet hommage et ne fait qu'ajouter à l'ambiance oppressante. Il soupire et ferme les yeux un instant, comme pour rassembler ses pensées. Lorsqu'il les rouvre, son regard se fixe sur le portrait d'Abel. C'est Loan qui l'a dessiné. Ils étaient proches, du moins c'est ce que j'ai remarqué en arrivant ici. Son regard brisé, emprisonné par la douleur, me fait mal. Il baisse les yeux avant de reprendre la parole, sa voix lourde de chagrin.

-Pourquoi a-t-elle fait ça ? Lygia était si douce... C'est comme si quelque chose l'avait poussée à commettre l'irréparable. La directrice a bien fait de la renvoyer, mais maintenant... qu'est-ce qu'elle va devenir ? Tu penses vraiment qu'ils vont l'envoyer en prison ? Avec sa gueule d'ange ? Non, elle finira dans une famille riche. Peut-être que c'était ce qu'elle voulait, fuir cet endroit. Mais elle n'arrêtait pas de dire qu'elle aimait être ici, qu'elle ne voulait pas partir...

— Loan, tais-toi. Ne pense pas à la meurtrière de ton ami, surtout pas pendant son hommage.

Il soupire à nouveau. Mes mots étaient durs, je le sais, mais je refuse de le laisser se perdre dans des théories dévastatrices sur une fille probablement mentalement atteinte.

— Pourquoi... pourquoi a-t-elle fait ça ? répète-t-il, presque pour lui-même. 

Il souffre. Moi aussi. Je ne connaissais même pas vraiment Lygia, je ne l'ai croisée que quelques fois. Mais il semblerait que je sois reliée à Anastasia Mella, quand elle s'est sentie mal dans le passé, je me sens mal. C'est comme si tout mes souvenirs de Lygia étaient enfouit en moi, je ne m'en rappelle pas mais il me reste toutes les émotions ressenties par mon sosie. Loan reste silencieux un moment, puis tourne à nouveau la tête vers moi, une lueur déterminée dans le regard.

-Peut-être que tu peux m'être utile. Tu sembles en savoir beaucoup.

-Utile ? Je ne suis pas là pour te servir, Loan.

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