La lumière du jour perçait à peine à travers les rideaux de l'appartement de Léna. L'ambiance était pesante, presque étouffante, comme si l'air lui-même portait le poids du chagrin et des mystères non résolus. Hugo, toujours invisible aux yeux de Léna, flottait dans l'espace de l'appartement, perdu dans ses pensées. Depuis sa mort, il errait sans but, hanté par l'accident, cherchant des réponses qu'il ne parvenait pas à saisir.
Mais quelque chose d'inattendu s'était produit ces derniers jours. Un détail flou, enfoui dans sa mémoire, avait commencé à remonter à la surface. Un souvenir. Des fragments de ce qui s'était passé avant le crash. Il se revoyait au volant, la pluie martelant le pare-brise. Mais il y avait autre chose, quelque chose de trouble dans l'ombre des événements de cette nuit fatidique. Quelque chose n'allait pas.
Il s'obligea à revisiter ce moment, encore et encore, cherchant désespérément des indices. Le clignotant qui refusait de s'éteindre, une lumière vive à l'horizon qui l'avait aveuglé l'espace d'un instant, et ce bruit métallique juste avant le choc. Quelque chose dans ce souvenir ne collait pas, comme une pièce manquante à un puzzle complexe. Ce n'était pas un simple accident dû à la pluie et à la vitesse. Il en était certain.
Hugo savait maintenant qu'il devait mener sa propre enquête. Il était mort, mais il n'était pas sans ressources. Même dans cet état de fantôme, il pouvait encore observer, écouter. Il devait comprendre ce qui s'était réellement passé, car il sentait que c'était la clé pour résoudre son propre mystère et trouver enfin la paix.
Pendant ce temps, Léna commençait à faire des rêves troublants. Des rêves qui semblaient si réels qu'elle se réveillait en sursaut, le cœur battant à tout rompre. Dans ces songes, Hugo apparaissait. Toujours flou, comme une ombre à peine visible, mais elle savait que c'était lui. Il semblait vouloir lui parler, l'approcher, mais ses mots étaient brouillés, comme s'ils étaient noyés dans un brouillard épais.
Chaque nuit, elle le voyait, tentant désespérément de lui dire quelque chose, mais elle ne comprenait pas. C'était comme s'il essayait de lui transmettre un message crucial, mais ses lèvres bougeaient dans un silence oppressant. Lorsqu'elle se réveillait, un étrange malaise la gagnait. Ces rêves n'étaient pas des rêves ordinaires. Ils étaient trop intenses, trop vivants pour être de simples manifestations de son esprit.
Une nuit, le rêve prit une tournure encore plus étrange. Léna se trouvait dans la voiture, revivant l'accident. Elle voyait la pluie, les phares aveuglants, mais tout semblait ralenti, comme dans un film en pause. Hugo était là, à côté d'elle, tentant de lui dire quelque chose. Ses lèvres bougeaient rapidement, mais elle ne pouvait toujours rien entendre. Elle tendit la main vers lui, tentant de le toucher, mais il disparut avant que leurs doigts ne se rejoignent.
Elle se réveilla en sursaut, trempée de sueur, son cœur battant à tout rompre. Qu'essayait-il de lui dire ? Ces rêves n'étaient pas des hallucinations ou des manifestations de son chagrin. Elle le sentait au plus profond d'elle. Il y avait un message, une vérité cachée derrière ces visions nocturnes. Mais que signifiaient-elles ?
Hugo, de son côté, avait commencé à retracer les événements de cette nuit-là. Il se souvenait du trajet qu'ils avaient emprunté, de la route sinueuse qui longeait la côte. Il savait qu'il ne pourrait pas enquêter comme un vivant, mais il pouvait tout de même observer. Lors de ses errances, il commença à revisiter les lieux familiers. Il retourna sur la route de l'accident, au même virage fatal où tout s'était écroulé.
La route semblait paisible à présent, déserte sous le ciel gris de La Rochelle. Mais pour Hugo, elle était chargée de souvenirs douloureux. Il pouvait presque entendre l'écho du fracas du métal, sentir la terreur du moment juste avant l'impact. Mais il était venu ici pour comprendre.
En observant la route, il remarqua quelque chose qu'il n'avait pas vu cette nuit-là. À une centaine de mètres avant le virage, sur le bas-côté, des traces étaient encore visibles. Des marques sur le sol, comme si un autre véhicule avait freiné brusquement, laissant des empreintes profondes dans la terre. Un autre véhicule ? Hugo se figea. Était-ce possible que quelqu'un d'autre ait été impliqué dans cet accident ?
Il commença à observer les lieux avec plus d'attention. Un éclair de mémoire lui revint : une lumière vive, presque éblouissante, qui l'avait fait dévier de sa trajectoire. Il se souvint maintenant plus clairement. Un autre véhicule avait surgi de nulle part, ses phares illuminant brutalement la route détrempée. C'était à ce moment précis qu'il avait perdu le contrôle.
Hugo ressentit une vague de frustration. S'il avait su ce détail plus tôt, peut-être qu'il aurait pu faire quelque chose. Mais maintenant, il était piégé dans cet état fantomatique, incapable de parler à ceux qui pourraient l'aider. Il n'avait pas d'autre choix que de continuer seul. Il se promit de retourner sur les lieux, encore et encore, jusqu'à découvrir qui se trouvait dans cette voiture et ce qu'il s'était réellement passé.
Léna, de son côté, était de plus en plus tourmentée par ces rêves et les phénomènes étranges qui persistaient autour d'elle. Un soir, alors qu'elle se préparait à se coucher, elle entendit un léger bruit dans le salon. Un livre qu'elle avait posé soigneusement sur la table s'était retrouvé par terre. Encore. Son cœur s'emballa. Elle ne savait plus quoi penser. Elle se pencha pour ramasser le livre et, en le tenant dans ses mains, un souvenir de Hugo la traversa brutalement. Ils avaient acheté ce livre ensemble lors d'un de leurs week-ends à la campagne.
Elle sentit une bouffée d'émotions monter en elle, mêlant tristesse et espoir. Ces rêves, ces objets qui bougeaient... Hugo essayait-il de communiquer avec elle ?
Assise sur son lit, les larmes aux yeux, elle murmura dans le silence de la pièce :
— Si tu es là... Hugo... Si c'est toi, aide-moi à comprendre. J'ai besoin de savoir.
La réponse ne vint pas immédiatement, mais Léna ressentit une chaleur subtile l'envelopper. Comme un souffle doux, une caresse invisible sur sa joue. Elle ferma les yeux, le cœur serré, certaine que quelque chose de plus grand se jouait, au-delà de ce qu'elle pouvait comprendre.
Elle savait que les réponses étaient quelque part, cachées dans ces rêves, dans ces signes. Elle devait rester forte, prête à affronter la vérité, quelle qu'elle soit.
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Échos d'un amour perdu
RomanceDans la douce ambiance d'une petite ville côtière, Léna et Hugo vivent une romance aussi profonde qu'éphémère. Leur amour éclot sous le soleil, promettant des rêves de voyages et de complicité. Mais un tragique accident de voiture emporte Hugo, lais...