Émotions mêlée

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Cela faisait quelques semaines que Léna était rentrée chez elle, après de longues journées de convalescence à l'hôpital. Malgré les bandages et les soins nécessaires, la douleur physique s'était atténuée. Mais la blessure la plus profonde, celle que personne ne pouvait voir, restait béante et insupportable : l'absence d'Hugo.

Son appartement semblait différent, vide, comme si la lumière avait disparu en même temps que lui. Elle s'efforçait de reprendre une routine, de manger, de dormir, mais chaque geste lui rappelait qu'il ne reviendrait jamais. Les objets qu'ils avaient partagés, les photos d'eux ensemble, tout était devenu un écho douloureux de ce qui avait été.

Un matin, alors qu'elle se tenait devant la fenêtre du salon, regardant le ciel grisâtre de La Rochelle, elle sentit quelque chose d'étrange. Un frisson. Léger, mais présent. Comme une main invisible posée sur son épaule. Elle se retourna brusquement, le cœur battant. Personne. Rien.

Elle secoua la tête, se disant que ce n'était qu'un effet de sa fatigue. Le chagrin, pensait-elle, avait probablement commencé à jouer des tours à son esprit. Mais cette sensation restait avec elle, flottant autour d'elle, inexplicable et dérangeante.

Les jours suivants, ces petites anomalies commencèrent à se multiplier. Un matin, en préparant son café, la tasse qu'elle avait déposée sur le plan de travail se mit à glisser doucement vers le bord. Léna la rattrapa de justesse, son cœur battant à tout rompre. Elle ne l'avait pas mal posée. Elle en était certaine. Pourtant, la tasse avait bougé seule.

Une autre fois, alors qu'elle s'asseyait pour lire un livre, un léger murmure effleura ses oreilles, si faible qu'elle n'était pas sûre de l'avoir réellement entendu. Cela ressemblait à son prénom, murmuré dans le silence de l'appartement. Elle releva brusquement la tête, écarquillant les yeux, ses sens en alerte.

— Hugo ? demanda-t-elle, presque inconsciemment.

Le silence lui répondit, pesant et oppressant. Elle secoua la tête, se reprochant cette pensée insensée. C'était impossible. Hugo était mort. Mort.

Mais malgré elle, une petite voix intérieure la poussait à croire que quelque chose se passait. Elle ne pouvait pas l'ignorer. La tristesse, le vide de son absence lui pesaient tellement qu'une partie d'elle aurait donné n'importe quoi pour le revoir, pour le sentir près d'elle. Mais était-elle prête à admettre que ces événements n'étaient pas seulement le fruit de son imagination ? Et si son esprit, épuisé par la douleur, commençait à perdre pied avec la réalité ?

Un soir, après une journée particulièrement éprouvante, Léna s'effondra sur son lit. Le chagrin était plus lourd que jamais, l'écrasant sous son poids insupportable. Elle se retourna, serrant le coussin contre elle, les larmes coulant librement sur ses joues. Ses sanglots résonnaient dans l'appartement vide, lui rappelant à quel point elle était seule.

Soudain, elle sentit à nouveau ce frisson, cette sensation subtile qu'elle avait déjà ressentie. Mais cette fois, c'était plus intense. Elle resta immobile, son souffle coupé. Il y avait une présence dans la pièce. Elle en était certaine. Une présence qu'elle ne pouvait ni voir ni toucher, mais qu'elle sentait.

Son regard se posa sur la porte de sa chambre, et c'est là qu'elle le vit.

Le livre qu'elle avait laissé sur sa table de chevet bascula doucement sur le sol, comme s'il avait été poussé par une main invisible. Elle se redressa, les yeux écarquillés, le souffle court. Ce n'était pas le vent, ce n'était pas elle.

— Est-ce que je suis en train de devenir folle ? murmura-t-elle en se frottant les yeux, comme pour chasser une hallucination.

Mais elle savait que ce qu'elle avait vu était bien réel. Chaque fibre de son corps le ressentait. Quelque chose ou quelqu'un essayait de se manifester. Était-ce lui ? Était-ce Hugo ?

Les jours suivants, Léna devint de plus en plus attentive à ces signes étranges, presque imperceptibles. Un tableau légèrement déplacé, une porte qui grinçait sans raison, et toujours cette sensation fugace d'être observée. Ces moments la hantaient, mais elle se refusait encore à croire l'impensable. Et pourtant, une part d'elle, enfouie sous la rationalité, espérait que c'était vrai. Que Hugo n'était pas entièrement parti.

Elle se mit à chercher des réponses, explorant des théories auxquelles elle n'aurait jamais cru auparavant. Des livres sur les esprits, les fantômes, les manifestations surnaturelles jonchaient désormais son salon. Elle lisait tard dans la nuit, espérant trouver des indices qui expliqueraient ce qu'elle vivait. Était-ce possible que Hugo soit encore là ?

Mais plus elle cherchait des réponses, plus la frontière entre le réel et l'imaginaire semblait floue. Chaque signe renforçait ses doutes et ses espoirs. Elle commençait à se demander si elle devenait folle à force de vouloir le revoir. Était-elle en train de s'accrocher à une illusion née de son chagrin ?

Un après-midi, alors qu'elle se promenait au bord de la mer, là où elle aimait tant venir avec Hugo, elle s'arrêta net, prise d'une étrange certitude. Elle se tenait là, regardant les vagues s'écraser contre les rochers, et soudain, elle sentit à nouveau cette présence. Cette fois-ci, c'était différent. Plus fort. Plus intense.

Elle ferma les yeux, essayant de calmer son cœur qui battait à toute vitesse. Une vague d'émotions contradictoires l'envahit. Était-ce vraiment lui ? Ou était-elle simplement en train de perdre pied avec la réalité, de sombrer dans un délire né de son désespoir ?

— Si tu es là... montre-toi, murmura-t-elle, ses mots emportés par le vent marin.

Le silence qui suivit était lourd, pesant. Léna attendit, immobile, ses yeux rivés sur l'horizon. Rien ne bougea. Seuls les bruits de la mer et des mouettes répondaient à son appel. Un soupir de frustration s'échappa de ses lèvres, et elle se mit à marcher de nouveau, chassant cette idée insensée.

Mais au fond d'elle, quelque chose avait changé. Elle savait désormais qu'elle n'était pas seule. Elle ne savait pas encore si c'était un espoir illusoire ou une vérité qu'elle n'avait pas encore saisie. Et si c'était Hugo ?

Cette pensée ne la quittait plus. Elle se demandait sans cesse si son esprit lui jouait des tours ou si quelque chose de plus grand, de plus mystérieux, était en train de se produire autour d'elle. Elle ne pouvait plus nier les signes, aussi subtils soient-ils. Mais elle ne savait pas comment y répondre, ni comment les interpréter. Le doute et l'espoir s'entremêlaient, la laissant perdue entre deux réalités.

Et quelque part, dans cette confusion, Léna sentit une lueur d'espoir renaître. Peut-être que, d'une manière ou d'une autre, Hugo n'était pas vraiment parti.

Échos d'un amour perdu Où les histoires vivent. Découvrez maintenant