Chapitre 1 : Une mauvaise rentrée...

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Anna

Cela fait un mois que nous sommes arrivés à Paris. Mon père travaille déjà treize heures par jour et mon frère est déjà parti pour Bordeaux – ils souhaitait se sauver le plus rapidement possible, échappant par la même occasion au fameux diner des Steal pour cause de « reprise des cours rapide » et de « non-disponibilité », alors qu'il a sa rentrée plus tard que la nôtre et qu'il a dix heures de cours en moins que nous par semaine.

Lâche.

Nous sommes mercredi soir. Il est vingt-heures. Nous dinons dans la grande salle à manger, avec la présence de notre père – qui l'aurait cru ! Une présence dont on se serait bien passé, d'ailleurs, car maintenant que les cours vont reprendre, il va redevenir bien plus exécrable qu'il ne l'est en ce moment.

Pour lui, il n'y a que les études qui comptent. Je n'ai jamais eu en dessous de seize de moyenne de toute ma vie. Il est très à cheval là-dessus et parfois, c'est fatiguant. On a l'impression qu'il n'y a que ça d'important dans la vie. Je sais qu'il veut le meilleur pour nous – même si un coin de ma tête persiste à penser que c'est surtout pour se vanter d'avoir de merveilleux enfants – mais s'en est presque maladif. Une fois, Baptiste lui a ramené un dix et on a vraiment cru qu'il allait nous faire une crise cardiaque.

Toujours est-il que ce soir, Henri a l'air de bonne humeur, alors autant en profiter un peu avant qu'il ne redevienne l'insupportable PDG.

- Qu'avez-vous fait, aujourd'hui ? nous demande-t-il alors qu'il se ressert en haricots verts.

- On est allé faire du kart, répond Raph tout en mangeant la bouche grande ouverte.

- Arrête de piaffer ! me retins-je de lui en mettre une.

Parce que s'il y a bien une chose que je ne supporte pas, ce sont les bruits de bouche. En plus, on voit tout ce qui se trouve à l'intérieur.

Ça me dégoûte !

- T'es pas ma mère ! rétorque-t-il, ouvrant la bouche encore plus grande, juste pour m'énerver.

- Ecoute ta sœur, me rejoint mon père. Ce n'est pas respectueux.

Il arrête tout de suite ses enfantillages tout en me fusillant du regard.

- Bon, et vous, les filles, vous avez fait quoi ? nous interroge ma mère.

- Pas grand-chose, répond vaguement Max. On a un peu préparé nos affaires pour demain.

- C'est une bonne chose, dit-elle. Je suis certaine que vous vous plairez, ici. J'ai entendu dire que l'établissement dans lequel on vous a inscrits, est réputé pour avoir l'un des meilleurs taux d'obtention du Bac de tous les lycées de Paris, alors même qu'il est public.

C'est mon père qui va être content, tien ! Lui qui veut – non, qui exige – toujours de nous la perfection.

- Un bon cadre pour travailler vous permettra de vous concentrer encore plus sur vos études, et de mieux réussir, continue mon père. On compte sur vous pour ne pas nous décevoir.

Le patriarche laisse couler son regard sur mon frère et ma sœur, essayant sûrement de leur faire passer un message. A la différence de Baptiste et moi, les jumeaux ont toujours eu un peu plus de mal avec l'école et surtout, avec l'autorité. Ils passent leur temps à provoquer tout et tout le monde, alors je vous laisse imaginer comment ça se passe quand un professeur tente de leur faire une remarque. Ils se sont déjà fait renvoyer plusieurs fois de cours à cause de ça., surtout que quand l'un se fait attaquer, l'autre réplique immédiatement, et ça finit souvent en joute verbale ou en bagarre.

Néanmoins, ils ont toujours eu des bonnes notes. Ce qui leur porte préjudice, ce sont les appréciations des professeurs, qui disent d'eux qu'ils sont perturbateurs, insolents, et qu'ils se fichent de tout. Des remarques que mon père a du mal de digérer. Ce n'est pas bon pour son image de père à la famille modèle, et il le leur fait savoir à sa manière, c'est-à-dire de toute les façons, sauf celle qu'il faudrait.

Jusque dans l'au-delà... et plus loin encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant