Chapitre 8 : Il n'y a pas de réussite sans échec

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Vadim

Vous avez déjà été partagé entre l'envie viscérale de tuer une personne, et en même temps l'envie de protéger cette même personne ?

J'ai cru que j'allais la trucider. Miss Bourgeoise a encore trouvé le moyen de me faire sortir de mes gonds, et je crois que si je me suis retenu de la frapper, c'est uniquement parce que l'infirmière lui a diagnostiqué une insolation.

Une insolation. Comment on peut faire une insolation en intérieur ?

Quand je suis revenu de l'infirmerie, Claire m'a aussitôt sauté dessus pour avoir de ses nouvelles, et je l'ai rassuré en baragouinant qu'elle allait relativement bien, et que ce n'était pas grand-chose. Et une fois redescendue de son nuage d'anxiété, elle a encore trouvé le moyen de me disputer parce que je faisais la gueule. Et quand je lui ai expliqué pour quelle raison j'étais de mauvaise humeur, elle m'a rouspété.

Encore.

« Il va vraiment falloir que vous fassiez des efforts, tous les deux ! Parce que vous commencez à me courir sur le haricot à vous chamailler comme des gamins de cinq ans ! Si vous n'arrivez pas à faire une trêve, je vais m'en charger personnellement, et je ne suis pas sûre que ça vous plaise ! ».

Voilà.

Que répondre à ça ? Vous n'avez pas d'idées ? Je vous rassure, je n'en avais pas non plus. Et je n'ai même pas eu le temps d'ajouter quoi que ce soit qu'elle était déjà repartie. Autant vous dire qu'intérieurement, je bouillais. Je ne voyais pas comment on allait pouvoir s'en sortir. Anna et moi, c'est comme Voldemort et Harry Potter. On ne peut pas se voir en peinture, on se jette des débilités à la gueule à chaque fois qu'on se voit, et on ne peut pas s'empêcher de se provoquer mutuellement parce que l'autre nous inspire continuellement de la haine. Ou du moins, une émotion dans ce genre.

Reste plus qu'à savoir qui de nous deux est Voldemort...

Thomas est en train de marcher à côté de moi, son nez collé à son téléphone, et pendant que je me remémore ma fin de journée. Je me demande comment il fait pour ne pas se prendre un panneau de signalisation en pleine tronche, ou alors pour ne pas finir mort écrasé sous les roues d'une voiture. Je lui ai déjà dit un million de fois que je déteste quand il fait ça, mais il s'en fout royalement.

Je le lui arrache des mains et le fourre dans la poche de ma veste en jean noir. Il râle mais n'essaye pas de le récupérer. Il sait très bien comment ça finit. On se chamaille, il tente de me le reprendre, il n'y arrive pas. Il perd à chaque fois. Il a beau être un peu plus musclé que moi, j'ai appris à me défendre avec des techniques de Taekwondo. Et ça change tout.

- Si tu me prives de mon portable, on parle de choses que ne te feront pas plaisir, me menace-t-il.

- Tu n'arriveras pas à me forcer à te répondre, le taquiné-je.

- Tu ouvres toujours ton clapet quand il s'agit de provoquer ou de te défendre. T'es même le meilleur là-dedans ! Et on a une discussion en cours qui n'est pas terminée, me rappelle-t-il.

J'adore mon meilleur ami, mais parfois, j'aimerais qu'il ait un peu moins de cervelle. Il retient tout et n'importe quoi, et ça me flingue. Il lui arrive même de me sortir des trucs dont il n'a entendu parler qu'une seule fois dans sa vie, et quand il était gamin. De nous deux, c'est clairement lui le plus intelligent.

- Je n'aurais pas appelé ça une discussion, moi. C'était plutôt toi, qui t'amusais à me passer un savon !

- Un savon que tu as largement mérité, me fait-il remarquer. Sérieux, faut que tu restes loin de cette fille. Elle va t'apporter que des emmerdes.

Jusque dans l'au-delà... et plus loin encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant