Chapitre 4 : Chercher des noises

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Anna

Coco Channel disait : « L'élégance, c'est quand l'intérieur est aussi joli que l'extérieur ». Il faut croire, malheureusement, qu'Enzo ne l'a pas bien compris, ou alors qu'il s'en fout royalement.

Enzo, c'est le petit idiot de service. JP a fait tout un monologue sur lui en prévenant Max qu'il valait mieux pour elle de ne pas l'approcher, car sous ses airs de Saints, il n'en est rien.

J'ai d'ailleurs pu le remarquer tout à l'heure, lorsque Mr. Rasberg parlait aux murs. Il s'amusait à tirer les cheveux d'une de ses camarades, à lui faire des doigts d'honneur quand elle se retournait pour le fusiller du regard, et la traiter de tous les noms possibles si elle avait le malheur de dire quoi que ce soit.

Quant aux trois garçons qui l'accompagnent, je devrais plutôt les surnommer ses moutons de panurges. Ils le suivent au doigt et à l'œil, font tout ce qu'il leur ordonne, et essayent tant bien que mal de se faire passer pour ce qu'ils ne sont pas. Car ils ont beau être apprêtés comme des anges, tout ce qui se trouve à l'intérieur est plus pourri et démoniaque que Satan lui-même.

Je crois qu'avec ce portrait, vous avez compris à qui on a affaire, quand on se frotte à eux. Et moi qui voulais m'éloigner d'eux le plus possible afin de ne jamais les croiser, c'est loupé !

- Alors c'est toi la nouvelle, dit-il à mon intention. Américaine, c'est ça ?

Mais qu'est-ce qu'ils ont tous à vouloir savoir de quelle nationalité je suis !

Je ne réponds rien, l'ignorant totalement. Je n'ai pas envie de lui adresser la parole. En revanche, je ferai n'importe quoi pour me barrer d'ici, et en vitesse. Je ne supporte pas le regard qu'il me porte, comme s'il ne me déshabillait rien qu'avec ses yeux. J'ai l'impression de me retrouver à nue, devant lui, et je déteste cette sensation. Je déteste être comme prise au piège, ne sachant que faire ni comment m'en sortir.

Heureusement pour moi, je suis tombée, quelques minutes plus tôt, sur un jeune homme qui a beaucoup moins la langue dans sa poche que moi, et qui, pour une raison que j'ignore, a l'air de vouloir lui en coller une.

- Qu'est-ce que tu lui veux, Enzo ? lui demande-t-il.

- Faire connaissance ! Je suis sûr qu'on pourrait bien s'entendre.

Lui et moi, en train de discuter ?! Il a fumé la moquette !

Surtout que je ne suis pas certaine qu'on ait la même définition du mot « se connaitre ». Vue la façon qu'il a de me mater, je suis persuadée qu'il souhaiterait surtout découvrir ce qui me sert de corps, et pas forcément d'esprit.

- Sans vouloir casser tes chances, elle n'a pas l'air très encline à converser avec toi. J'ai même l'impression que tu lui fais peur.

Et c'est peut dire. En général, j'arrive plus ou moins, à repousser les lourdauds qui viennent m'accoster pour passer du bon temps. Parce que Max est près de moi et parce que, au bout d'un moment, quand ça fait cinq fois qu'on répète non et que le type en face ne comprend pas, on est bien obligée de s'énerver un peu.

Mais là, c'est différent. Cet Enzo me file la chair de poule. L'aura qu'il dégage ne me dit rien qui vaille. Et généralement, mon sixième ne me trompe jamais.

- Et si tu laissais princesse répondre toute seule comme une grande, se rapproche-t-il de Vadim comme pour le défier d'aller à l'encontre de ce qu'il est en train de dire. Je suis sûr que sa jolie bouche est capable de prononcer ses envies sans avoir besoin de recourir à un chevalier servant dans ton genre.

Le surnom dont il vient de m'affubler me donne un haut le cœur. Je ne suis pas sa princesse, ni la princesse de personne, d'ailleurs. Je refuse qu'il m'appelle comme ça. Et je refuse aussi ses compliments, qui, de dehors, peuvent paraître sans arrières pensées, mais qui dans la réalité, sont très loin de l'être.

Jusque dans l'au-delà... et plus loin encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant