Chapitre 2 : Sacrées grenouilles

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Anna

Qu'est-ce qu'attendre ?

Je suis persuadée qu'on pourrait faire de ce verbe un vrai sujet philosophique. En tout cas, j'ai passé la matinée à disserter dessus, alors que Mr. Rasberg, notre P.P. et professeur de biologie, nous a présenté l'école, les attendus de chacun des membres du corps professoral, ainsi que le plan du déroulement de l'année. Car c'est une année un peu particulière. On passe notre Bac. Et avec la toute nouvelle réforme, il y a de quoi s'arracher les cheveux !

Il a mis presque une heure à nous expliquer en détail comment allait se passer notre évaluation, comment nous allions devoir travailler, sur quoi nous allions être testés. Et tout ça, je pourrais vous le résumer en cinq minutes, montre en main !

On a donc perdu une matinée à ne rien faire, ou alors à faire autre chose que ce qui était prévu. En l'occurrence, moi, je me suis ennuyée – je déteste la philosophie. Max, elle, s'est liée d'amitié avec le type devant nous, et ils ont passé trois heures à s'échanger des morceaux de papiers sur lesquels devaient être écrits des bêtises, puisqu'ils rigolaient toutes les deux minutes.

JP. Brun aux cheveux courts. Les yeux verts et la peau un peu hâlée. Il est le parfait archétype du tombeur, le caractère en moins. Il est incapable de tenir en place, et de ce que j'ai retenu, il ne s'intéresse pas du tout à l'amour. En revanche, il adore les commérages, surtout quand ça parle de sexe.

Je crois qu'ils vont bien s'entendre !

Nous quittons la salle dès que la sonnerie retentit, ne laissant pas le temps à notre professeur de terminer. JP court presque dans le couloir, se dirigeant tout droit vers les escaliers. Et je me demande bien pour quelle raison il a le feu aux fesses.

J'ai ma réponses quelques secondes plus tard, à peine, lorsque Max me tire pour que nous nous faufilions à travers la masse d'élèves qui se précipite vers l'extérieur.

- C'est le premier arrivé, le premier servi, m'explique-t-elle alors qu'elle me tient toujours et qu'elle continue de marcher vite.

Et ce qui devait arriver, arriva.

Grâce à ma maladresse légendaire, je loupe une marche. Et alors que je me vois déjà écraser mes camarades de classe et me taper la honte du siècle, je sens une main agripper mon poignet gauche et me retenir de tomber. Sauf que Max ne m'a pas lâchée, et je me retrouve écartelée, au beau milieu d'une cohue. C'est seulement quand elle sent que je lui résiste, qu'elle se retourne enfin, et comprend ce qui se serait passé si cet inconnu ne m'avait pas rattrapée.

Nous sommes arrêtés, alors que les autres continuent de descendre les marches à toute allure, et de nous insulter parce qu'on ne se pousse pas. Le type qui m'a évité une gêne incommensurable me ramène jusqu'à lui, me faisant retrouver la terre ferme. Et c'est seulement à ce moment-là que je peux savoir qui m'a sauvée.

Blond aux yeux bleus, le teint basané. Légèrement musclé et sourire charmeur. Il a tout du surfer que les filles passent des heures à mater, allonger sur le sable de la plage de Malibu. L'aura qu'il dégage me fait me ratatiner sur moi-même. Il a l'air sûr de lui, confiant dans chaque chose qu'il entreprend. Et ça me décontenance un peu.

Comment est-ce possible d'avoir autant de charisme à un si jeune âge ?

- Ravi d'avoir été le chevalier qui est allé à ton secours, me sort-il de mes songes, en me faisant la révérence.

Il me baise la main puis se redresse et me fait un clin d'œil, ce qui achève de me surprendre.

- Je m'appelle Alessandro, se présente-t-il, toujours avec un grand sourire.

Jusque dans l'au-delà... et plus loin encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant