Chapitre 3 : Une rencontre renversante

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Anna

On dit que dans la vie, les rencontres sont comme le vent : certaines nous effleurent, et d'autres, nous renversent[1]. Mais je ne pensais pas que c'était au sens littéral du terme.

J'étais en train de faire les cent pas, seule, dans un couloir très loin de la cantine et de mon frère, lorsque je me suis fait percuter par quelqu'un, qui ne devait probablement pas regarder où il allait. J'ai fini sur les fesses, et lui, à la différence d'Alessandro, n'a pas dû juger bon de me retenir.

A présent, je suis à ses pieds, en train d'essayer de me relever avec le plus de grâce possible – si tant est que ce soit possible – alors que cet inconnu me regarde faire sans m'aider.

Trop de galanterie, tue la galanterie, d'accord, mais un peu de galanterie, ça ne fait pas de mal non plus !

Une fois sur mes deux pieds et complètement stable, je relève enfin la tête pour voir qui m'est rentré dedans. Je suis surprise de constater la naissance d'un sourire, sur sa bouche.

Je dévie tout de suite le regard, ne voulant pas qu'il me prenne à fixer ses lèvres ainsi, alors que je n'ai rien de particulier en tête. Je tombe sur son nez, droit et fin. Ses yeux, d'un marron presque chocolat. Ses cheveux, bruns, bouclés et un peu ébouriffés, avec une mèche plus longue qui lui retombe sur le front. Une peau légèrement bronzée, en tout cas beaucoup plus que la mienne.

Il est l'exact opposé – ou presque – d'Alessandro. Et je me demande pourquoi je me mets à les comparer. Ce n'est pas comme s'ils m'intéressaient.

- T'as fini de me passer au scanner ? me fait-il revenir à la réalité.

- Et toi, t'as fini de me bousculer et de me faire tomber ? répliqué-je un peu plus sèchement que je ne l'aurais voulu.

Je ne dois pas reporter ma colère sur lui. Il n'y est pour rien. Mais je ne sais pas pourquoi, son petit air de Bad boy me donne envie de le provoquer. Ou alors j'ai juste envie que tout le monde soit d'une humeur aussi massacrante que la mienne, histoire de ne pas me sentir trop seule.

- C'est toi qui m'as foncé dedans ! me jette-t-il la pierre.

Je hausse les sourcils, mécontente de ce qu'il avance.

- Non, c'est toi. Tu ne regardais pas où tu allais, me défends-je.

- Dixit la fille qui ruminait en creusant une tranchée dans le sol à force de le sillonner !

Il dit ça comme si c'était drôle, sauf que ça ne l'est pas du tout.

- Je parcourais peut-être le couloir en long, en large, et en travers, mais je regardais devant moi, moi ! rétorqué-je.

- C'est pour cette raison que tu as fini par terre après m'avoir percuté !

C'est comme une partie de ping-pong. On se relance la balle, jusqu'à ce que le meilleur gagne en clouant le bec à l'autre.

- C'est dingue de ne pas vouloir reconnaitre quand on a tort ! m'exclamé-je.

- Tu veux dire, comme la mauvaise foi que tu incarnes, me titille-t-il.

Je fronce les sourcils, mais abdique, vaincue. Il est plus fort que moi à ce petit jeu, je dois bien l'admettre. Et je ne sais pas pourquoi ça m'énerve autant.

- Tu devrais arrêter de faire ça, désigne-t-il mes sourcils plissés. Tu vas avoir des rides avant l'âge !

Sa petite tentative ne m'apaise pas du tout. Je suis encore bien plus en rogne que cinq minutes auparavant. Et pourtant, je l'étais déjà beaucoup.

Jusque dans l'au-delà... et plus loin encoreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant