PARTIE 1 - AU COMMENCEMENT Chapitre 10 : Les Contrôleurs

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Edouard

Je m'avance dans la galerie que nous avons pour ordre d'inspecter. Je dirige ma lanterne vers les parois rocheuses, impressionné. Je n'avais encore jamais entendu parler de cet endroit, mais ces dimensions me laissent pantois. Bouche bée, je m'avance lentement tout en scrutant les alentours attentivement. Si on m'avait dit qu'une galerie pareille existait sous la ville, je ne l'aurais jamais cru ! Qui avait bien pu s'amuser à construire un truc pareil ? Pourquoi surtout ? Un tel réseau de tunnels aussi imposants sous la ville avait forcément dû servir un but quelconque à un moment précis de l'histoire. Mais lequel ? Je hausse les épaules. Ça, pour sûr qu'on ne le saura jamais...

Je fais encore quelques pas tout en détaillant la roche et les ombres qui nous entourent, moi et ma lanterne. Je pose ma main sur la paroi et la caresse, tel un amant caressant sa belle pour lui faire dévoiler ses secrets les plus douteux. Je hoche la tête d'un air entendu. Si les murs pouvaient parler, j'en entendrais de belles, sans aucun doute. Je regarde en direction de l'équipe qui s'active en suivant mes directives et de mon Chef, Commandant des Contrôleurs et de son Supérieur hiérarchique, Commandant des Hauts Gardes, tout en m'interrogeant. Plus curieux encore que le lieu même était l'intérêt soudain des Hauts Gardes pour cet endroit. Je ne suis que simple chef d'une unité de Contrôleurs et on ne me dit bien entendu pas tout, car mon rang n'est pas assez élevé pour cela. On me confie ce que j'ai besoin de savoir pour que mes équipes mènent leurs missions à bien, pas plus, pas moins. Tout ce que je sais pour le moment, c'est qu'un individu s'est introduit dans ce lieu hautement secret et que celui-ci doit être impérativement recherché pour être interroger. Interroger sur quoi? Ça... Je soupire profondément, d'un long soupir emplit de la lassitude et de la fatigue d'une vie entière portée à bout de bras. J'ai soixante ans putain! Le monde n'a pas tellement changé depuis ma naissance, depuis mon enfance. Tout semble monotonement suivre son cours, sans la moindre interruption. Et voilà que maintenant, ils se décident tous ici à jouer au jeu des cachotteries et des complotistes comme si nous manquions crûment d'événements marquants !

Mes pensées m'accaparent tant que je ne me rends pas compte que mon pied droit marche soudain sur quelque chose de mou. Je m'accroupis pour scruter le sol et ce que j'y découvre me laisse perplexe. J'ai dans la main un vieil ours en peluche rance et moisi. L'œil gauche est manquant, l'œil droit ne tient -littéralement- plus qu'à un fil et l'odeur que la chose dégage me fait froncer le nez et éloigner mon bras le plus possible.

Je vais finalement voir mon Chef et lui fais part de mes impressions. Il est clair que je n'ai pas acquis mes privilèges en droits aux rations doubles liées à mon poste en faisant part de mon avis, mais cette fois-ci, j'ai l'impression qu'il est important que je le donne. Il me rembarre gentiment en tentant de me contenter d'une vague et dérisoire histoire de « sabotage intérieur de la ville »et de « danger face au bon fonctionnement de la société ».Il me remercie de mes impressions, mais me dit que ce qu'il lui faut maintenant, ce sont des pistes concrètes. Sans réfléchir plus en avant, je lui tends ma découverte. Étrangement, la lueur qui s'allume dans son regard me confirme l'importance de ma découverte. Il me remercie avant de me congédier poliment avec mon équipe, mais son empressement à se débarrasser de moi ne m'échappe pas. Mon flair réagit aussitôt et je sais que je viens de mettre le pied sur quelque chose qui ne me regarde pas. Pourtant, le regard mort del'ours en peluche ne me quitte plus et accompagne chacun des pas que je fais jusqu'à chez moi.

Le Royaume de SkyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant