{l'appel des ténèbres }

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Les nuits suivantes, Sarah retourna dans la forêt, attirée par une force qu'elle ne comprenait pas totalement. Elle savait que c'était dangereux, peut-être même insensé, mais chaque rencontre avec Jack la fascinait davantage. Il était devenu une obsession, un mystère qu'elle voulait percer. Un soir, elle attendit plus longtemps que d’habitude. La lune était haute dans le ciel, projetant des ombres inquiétantes entre les arbres. Soudain, une silhouette apparut. C'était lui.

— Pourquoi reviens-tu toujours ? demanda Jack sans préambule, sa voix grondant dans l’obscurité.

Sarah se tourna vers lui, calmement. Elle avait préparé sa réponse, mais la présence imposante de Jack rendait toujours la conversation difficile. Son cœur battait un peu plus vite.

— Parce que je veux te connaître, répondit-elle. Je veux comprendre pourquoi tu agis ainsi.

Jack s'approcha lentement, sa grande silhouette se détachant dans l'ombre. Il s'arrêta à quelques mètres d’elle, observant sans yeux, mais semblant capable de voir à travers elle.

— Il n'y a rien à comprendre. Je suis un monstre, dit-il d'une voix plus sombre. Tu n'as pas idée de ce que je fais, de ce que je suis capable de faire.

Sarah plissa les yeux, le défiant du regard.

— Je sais ce que tu fais. Tu tues. Mais je refuse de croire que tu n'es que ça. Sinon, pourquoi m’as-tu laissée partir cette nuit-là ? Pourquoi ne me tues-tu pas maintenant ?

Un silence lourd s’installa. Jack semblait hésiter, son corps tendu comme un animal prêt à attaquer.

— Parce que tu n'es pas comme les autres, finit-il par dire, presque à contrecœur.

Il détourna la tête comme s'il regrettait déjà ses paroles. Sarah sentit son cœur se serrer. Malgré son apparence inhumaine et sa nature bestiale, elle percevait une humanité enfouie en lui, une faiblesse qu'il tentait de cacher.

— Alors pourquoi tu te bats contre ça ? Tu n’es pas obligé d’être ce monstre, Jack.

Elle s'approcha, cette fois assez près pour voir son visage pâle et mutilé. Son masque sombre contrastait avec sa peau, mais elle ne recula pas. Elle n’avait plus peur, ou plutôt, la peur avait cédé sa place à autre chose. De la pitié ? De la curiosité ? Peut-être même une forme d'affection.

— Tu ne comprends pas, souffla Jack. Je n’ai pas choisi cette vie. C'est... une malédiction.

Sarah fronça les sourcils, intriguée par cette révélation. Jack continuait de lutter contre lui-même, sa voix brisée par l’émotion.

— Il y a des nuits où je ne me souviens même plus de ce que je fais. Je me réveille couvert de sang, incapable de me rappeler les visages des gens que j’ai tués. Tout ce que je ressens, c'est ce besoin… ce besoin de chair humaine. Je ne suis plus que ça. Un prédateur.

Sarah le regarda un moment sans rien dire, digérant ses mots. Elle tendit la main vers lui, hésitant un instant, avant de la poser doucement sur son bras. Jack tressaillit au contact, comme si cette simple action le ramenait à une réalité qu’il essayait d’éviter.

— Alors pourquoi résistes-tu maintenant ? demanda-t-elle, ses yeux plongés dans le vide noir de son masque. Tu pourrais me tuer si tu le voulais, mais tu ne le fais pas.

Il resta immobile, comme s’il réfléchissait à cette question pour la première fois. Puis il baissa la tête.

— Parce que tu me fais sentir... humain, murmura-t-il.

Sarah sentit son cœur se serrer à ces mots. Derrière cette façade terrifiante, Jack semblait chercher un lien, quelque chose qui le raccrochait à l’humanité qu'il avait perdue. Elle sentit une vague d’émotions monter en elle, mélange de compassion et d’attirance. Contre toute logique, elle se rapprocha encore.

— Tu l'es, Jack. Plus que tu ne le crois, dit-elle d’une voix douce.

Jack leva lentement la tête vers elle, comme s’il cherchait à comprendre pourquoi elle restait. Ses mains tremblaient légèrement, mais il ne recula pas. Leur proximité devenait de plus en plus palpable, chaque battement de cœur de Sarah résonnant dans l’air lourd entre eux.

— Sarah… tu ne devrais pas être ici. Si tu restes avec moi, tu finiras par souffrir. Ou pire.

Elle hocha la tête, mais ses yeux ne le quittaient pas.

— Peut-être. Mais je choisis d’être ici. Je veux t’aider, Jack.

Il la fixa longuement, cette fois en silence. Puis, sans prévenir, il tourna brusquement les talons et s’éloigna, disparaissant dans les ombres de la forêt. Mais cette fois, Sarah savait qu'il reviendrait.

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Les jours passèrent, et leurs rencontres devinrent plus régulières. Ils se retrouvaient dans la forêt presque chaque nuit, parlant peu mais échangeant des regards lourds de sens. Sarah découvrait peu à peu les aspects cachés de Jack. Derrière ses instincts meurtriers, elle voyait un être brisé, quelqu’un qui luttait contre ses propres démons.

Un soir, alors que la lune était presque pleine, Jack arriva plus tôt que d’habitude. Sarah l'attendait déjà, assise sur une pierre près d'un ruisseau.

— Je pensais que tu ne viendrais pas ce soir, dit-elle en souriant faiblement.

Jack resta silencieux un instant, puis s’approcha d’elle. Quelque chose avait changé dans son attitude. Il paraissait plus calme, moins sur la défensive.

— J'ai essayé de rester loin, mais je ne peux pas, avoua-t-il, la voix légèrement tremblante. C'est comme si quelque chose me tirait toujours vers toi.

Sarah se leva lentement et s’approcha de lui, leurs regards se croisant à nouveau. La tension entre eux était palpable, mais cette fois, elle n'était pas marquée par la peur. C’était une tension différente, plus intime, presque magnétique.

— Moi aussi, murmura-t-elle. Je pense à toi constamment.

Jack sembla surpris, voire déstabilisé par cette confession. Ses mains se crispèrent, comme s'il se battait contre un instinct primaire. Mais au lieu de reculer, il fit quelque chose qu'il n’avait jamais fait auparavant. Il leva la main et effleura la joue de Sarah, doucement, presque avec crainte.

Elle frissonna au contact froid de sa peau, mais ne s’éloigna pas. Ses yeux se fermèrent un instant, savourant cette proximité inattendue. Puis, elle posa sa main sur celle de Jack, la pressant légèrement.

— Tu n’es pas un monstre pour moi, Jack, murmura-t-elle, la voix pleine d’émotion.

Il resta figé, comme paralysé par ses mots. Ses doigts glissèrent doucement le long de son visage avant de retomber lentement.

— Sarah, je... commença-t-il, mais les mots semblaient le trahir.

Il s’éloigna d’un pas, secouant la tête. Ses mains se serrèrent en poings, comme s’il tentait de reprendre le contrôle de lui-même.

— Je ne peux pas… Je ne peux pas te promettre que je ne te ferai pas de mal.

Sarah s’approcha à nouveau, posant ses deux mains sur son torse, là où elle imaginait son cœur battre faiblement sous la peau.

— Alors laisse-moi t’aider à te contrôler. Tu n'es pas obligé de faire ça seul.

Jack resta silencieux un moment, avant de poser ses mains sur les siennes. C’était la première fois qu’il la touchait avec une telle douceur.

{l'amour dans les ténèbres }Où les histoires vivent. Découvrez maintenant