Les jours qui suivirent la confrontation dans la cabane furent étranges et tendus. Jack était devenu encore plus distant. Il refusait de croiser le regard de Sarah, comme si le simple fait de la voir lui rappelait une lutte qu'il ne voulait plus mener. Sarah, quant à elle, s'accrochait désespérément. Elle savait que Jack était en train de sombrer, que son côté bestial prenait le dessus, mais elle refusait d’abandonner. Elle refusait de croire que l’homme qui l’avait touchée si tendrement la veille était irrévocablement perdu.Un soir, alors que Sarah essayait une énième fois de lui parler, la tension éclata.
— Jack, s’il te plaît, arrête de me fuir, implora-t-elle, la voix brisée.
Jack se tenait dans l'ombre, sa silhouette massive à moitié dissimulée par l’obscurité qui envahissait la cabane. Son dos était tourné à Sarah, mais elle pouvait sentir l’énergie dangereuse qui émanait de lui. Il ne répondit pas, son corps raide, ses poings serrés.
— Je t’aime, Jack, et je sais que tu m’aimes aussi. Peu importe ce que tu dis, peu importe ce que tu essaies de faire croire, je le sais. Je le sens…
— C’est assez ! rugit-il soudain, sa voix grondant comme un tonnerre. Tu ne comprends rien, Sarah ! Rien !
Il se retourna brusquement, son visage déformé par une rage qu’elle n’avait jamais vue auparavant. Ses yeux, vides de pupilles mais pleins d'une noirceur intense, la fixèrent avec une telle violence que Sarah eut un frisson glacé dans le dos.
— Arrête de dire que tu m’aimes ! gronda-t-il, avançant d’un pas lourd vers elle. Arrête de croire que je peux être sauvé ! Je ne suis pas un homme, Sarah ! Je suis une bête ! Un monstre ! Tu n’es rien pour moi ! Rien !
— Jack… tu ne penses pas ça, murmura-t-elle, effrayée, mais déterminée à ne pas reculer.
— Si ! Je le pense ! rugit-il de plus belle. Regarde-moi ! Tu ne peux pas me changer, Sarah ! Je vais te détruire !
Avant qu’elle ne puisse répondre, Jack s’élança vers elle, plus rapide qu’elle ne l’avait jamais vu. Son corps se projeta sur elle comme une ombre meurtrière. Sarah n’eut pas le temps de réagir. Jack la saisit par les épaules avec une force brutale et la plaqua contre le mur de la cabane, ses griffes effleurant sa peau. La douleur fulgurante lui coupa le souffle, mais elle refusa de céder à la peur.
— Va-t’en ! hurla Jack, sa voix tremblante d'une fureur incontrôlable. Pars ! Avant que je ne te tue !
— Non… souffla Sarah, même si la douleur la faisait grimacer.
— Pars ! cria-t-il à nouveau, ses griffes s’enfonçant légèrement dans sa chair. Ses yeux morts étaient pleins d’une rage désespérée, mais aussi d’une terreur sourde. Il essayait de se retenir, mais elle pouvait sentir la bête en lui se débattre, prête à prendre le dessus.
Puis, dans un geste incontrôlé, il laissa une de ses griffes trancher légèrement la peau de son bras. Le sang perla rapidement, coulant le long de sa peau. Sarah émit un cri de douleur, mais son regard restait fixé sur Jack.
— Est-ce que tu comprends maintenant ? rugit-il, les larmes invisibles de sa souffrance brisant sa voix. Je suis un monstre, Sarah ! Je vais te tuer si tu restes ! Je te détruirai !
Il recula brusquement, comme s'il se dégoûtait lui-même, les mains couvertes de son sang. Il haletait, la rage et la peur se mêlant dans ses gestes. Sarah, titubante, porta une main à son bras blessé. La douleur était vive, mais pas insupportable.
— Jack… murmura-t-elle, ses yeux remplis de larmes.
— Non ! cria-t-il, reculant encore plus loin dans l’ombre. Je te l’avais dit… je t’avais avertie ! Mais tu n’as pas écouté ! Maintenant regarde ce que tu m’obliges à faire !
Sa voix se brisa, et soudain, il se laissa tomber à genoux, les mains tremblantes, comme terrassé par sa propre monstruosité.
— Pars, Sarah… pars avant que je ne fasse pire… supplia-t-il, sa voix à peine un souffle.
Sarah, malgré la douleur, s’approcha lentement de lui, posant une main tremblante sur son épaule. Il tressaillit au contact, mais ne la repoussa pas.
— Je ne partirai pas, murmura-t-elle, le souffle court. Je ne partirai jamais.
Jack leva les yeux vers elle, ses orbites vides pleins d'incompréhension.
— Pourquoi ? Pourquoi est-ce que tu t’accroches à moi alors que je ne suis qu’un tueur ? Je t’ai blessée… je t’ai presque tuée… Et je finirai par le faire si tu restes…
— Parce que je t’aime, Jack, répondit-elle doucement, ses larmes coulant silencieusement. Je t’aime, et je sais qu’il y a encore quelque chose de bon en toi. Tu te bats… tu essaies de me repousser pour me protéger, mais ça montre que tu m’aimes aussi. Même si tu refuses de l’admettre.
Il secoua violemment la tête, ses mains encore maculées de son sang.
— Je n’ai pas d’amour à te donner… Je suis une bête, Sarah…
Elle s’agenouilla à côté de lui, prenant doucement son visage entre ses mains, le forçant à la regarder.
— Non. Tu es Jack. Et tu as encore un cœur. Je ne partirai pas tant que je n’aurai pas réussi à te montrer que tu vaux mieux que ce que tu penses.
Jack, bouleversé, ne répondit rien. Ses mains, si souvent meurtrières, se crispèrent un instant, comme s’il luttait encore contre l’envie de la repousser. Puis, finalement, il laissa tomber ses bras, épuisé, terrassé par la tempête intérieure.
Mais la bête n'était pas loin. Et Sarah savait que cette bataille serait la plus dure qu’ils aient à affronter ensemble.
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{l'amour dans les ténèbres }
FanfictionPrologue : L'Amour dans les Ténèbres 《La lune, haute dans le ciel nocturne, répandait une lueur pâle sur la forêt épaisse et silencieuse. Les arbres noirs s'étendaient à perte de vue, comme une mer d'ombres mouvantes. C'est au cœur de cette nature s...