{l'amour dans les ténèbres }

{la fracture des cœur}

La nuit était tombée depuis longtemps lorsque Sarah se retrouva seule avec Jack dans la cabane, isolée au cœur de la forêt. Ils avaient partagé de nombreux moments ensemble ces derniers jours, malgré les dangers qui entouraient Jack et la réalité brutale de sa nature. Mais cette nuit-là, une tension différente flottait dans l'air, un mélange d’incertitude et de désir.

Jack s'était montré distant ces derniers jours, oscillant entre le protecteur et l'homme tourmenté. Son regard sombre, sans pupilles, fixait souvent le sol lorsqu'il ne se sentait pas observé. Pourtant, chaque fois qu'il posait les yeux sur Sarah, il semblait lutter contre lui-même, comme s’il essayait de retenir une part de lui qui voulait la repousser. Mais ce soir, Sarah sentait que quelque chose avait changé.

Ils étaient assis ensemble, côte à côte, dans la petite pièce à peine éclairée par la lumière vacillante des bougies. Le silence entre eux était lourd, presque palpable, jusqu’à ce que Sarah prenne la parole.

— Jack… murmura-t-elle, hésitante. Je sais que tu as essayé de me protéger. Mais je ne peux pas continuer comme ça, dans cette espèce de danse où tu me repousses à chaque fois que je m’approche trop près.

Jack détourna le regard, ses poings se serrant sur ses genoux. Il laissa un long silence planer avant de répondre, sa voix rauque et plus froide qu’elle ne l’avait jamais entendue.

— Tu ne comprends pas, Sarah. Tu ne sais pas de quoi je suis capable. Si tu savais vraiment ce que je suis, tu partirais sans te retourner.

— Arrête, Jack, je t'en prie, dit-elle en secouant la tête. Je t’ai déjà vu à ton pire, et je suis toujours là. Je ne partirai pas, peu importe ce que tu penses.

Jack se leva brusquement, s’éloignant d'elle avec un mouvement sec. Ses mains tremblaient, et elle voyait la tension dans chaque muscle de son corps.

— Tu ne devrais pas rester, Sarah. Je suis dangereux. Je suis un monstre. Tu es humaine, normale. Tu mérites quelqu'un de bien, quelqu'un qui pourra te donner une vie sans violence, sans… sans ça.

Il désigna son propre corps d’un geste brusque, comme s’il était une abomination. Mais Sarah ne bougea pas. Elle se leva à son tour, se plaçant face à lui.

— Je n’ai pas peur de toi, Jack. Peu importe ce que tu dis, je sais qu’il y a du bon en toi. Tu m’as protégée à plusieurs reprises, et je sais que tu as des sentiments, même si tu refuses de les admettre.

Jack la fixa, luttant visiblement contre l’envie de céder. Son visage était figé dans une expression de douleur et de colère.

— Tu ne devrais pas t’accrocher à moi, Sarah. Je ne peux pas être celui que tu veux que je sois.

Sarah s’avança lentement, réduisant l’espace entre eux, jusqu’à ce qu’elle puisse poser une main douce sur son bras.

— Je ne veux pas que tu sois quelqu'un d’autre. Je t'aime pour qui tu es, avec tes failles et tes ténèbres. Et je suis prête à tout affronter, pour toi.

Il se raidit sous son toucher, comme s’il était partagé entre l’envie de la repousser et celle de la prendre dans ses bras. Son regard sans pupilles la scrutait intensément, cherchant la moindre trace de peur, mais il n’y en avait aucune.

— Pourquoi tu t’obstines ? Pourquoi tu restes ? grogna-t-il, la voix brisée.

Sarah approcha son visage du sien, son regard plongé dans le sien.

— Parce que je t’aime, Jack. Et je sais que tu m’aimes aussi, même si tu refuses de l’admettre.

C'était à ce moment que quelque chose sembla se briser en lui. D’un geste brutal, il l’attrapa par les épaules, la rapprochant de lui, mais ses mains étaient tremblantes, comme s'il luttait contre une pulsion sauvage.

— Je ne suis pas fait pour ça, Sarah, murmura-t-il d’une voix rauque. Je te blesserai… peut-être même plus que tu ne peux l'imaginer.

Elle ne broncha pas. Son regard resta ancré dans le sien.

— Alors blesse-moi. Je préfère être avec toi, même si c’est dangereux, que de te perdre.

Jack resta silencieux un long moment, ses doigts s'enfonçant légèrement dans ses épaules, avant qu’il ne relâche enfin sa prise, ses mains glissant doucement sur ses bras. Son front vint se poser contre le sien, dans un geste à la fois tendre et désespéré.

— Tu ne sais pas à quel point c’est difficile, murmura-t-il. Tout ce que je veux, c’est te protéger… et tout ce que je suis, c’est un danger pour toi.

— Laisse-moi décider de ça, dit-elle doucement, ses lèvres effleurant presque les siennes.

Le silence s’étira encore, puis, lentement, Jack céda à l’impulsion qu’il avait tant tenté de réprimer. Ses bras l’entourèrent, et il l’embrassa avec une intensité désespérée, comme si c'était la dernière fois qu'il pourrait se permettre de la toucher.

Le baiser était à la fois tendre et brutal, chargé de tous les non-dits, de la douleur et du désir qu’ils avaient accumulés. C’était une libération, pour l’un comme pour l’autre. Jack, malgré tout, essayait de se contrôler, de ne pas céder entièrement à la part bestiale en lui, mais Sarah ne lui laissa pas le choix. Elle l’embrassa en retour avec une telle passion qu’il finit par abandonner toute résistance.

Ils passèrent la nuit ensemble, franchissant un cap qu’aucun d'eux n’aurait imaginé. Mais au matin, les nuages noirs revenaient.