{l'amour dans les ténèbres }

{entre lumière et ténèbres }

Les nuits qui suivirent marquèrent un tournant dans leur étrange relation. Les rencontres de Sarah et Jack, auparavant empreintes de peur et de tension, devinrent peu à peu plus intimes, comme un secret partagé entre deux âmes perdues. Chaque soir, ils s’éloignaient un peu plus des ténèbres qui les entouraient pour s'immerger dans cette bulle où la monstruosité de Jack semblait s’effacer face à la douceur inattendue de Sarah.

Ce soir-là, le ciel était dégagé, laissant entrevoir des étoiles scintillantes au-dessus des arbres. Sarah se tenait au bord du ruisseau, les pieds nus dans l'eau froide, savourant la tranquillité du moment. Elle savait que Jack l’observait de l’autre côté, caché entre les ombres. C'était devenu une habitude. Il la regardait toujours avant d’oser s’approcher.

— Tu comptes rester caché toute la nuit ? lança-t-elle en souriant sans se retourner.

Un léger bruissement des feuilles indiqua qu'il s'approchait. Jack, toujours silencieux, sortit des ténèbres pour la rejoindre au bord de l'eau. Il s’arrêta juste derrière elle, respectant toujours cette distance prudente. Mais ce soir, Sarah n’avait pas envie de cette distance.

Elle tourna lentement la tête, ses cheveux effleurant légèrement son bras, et le regarda. Jack, dans la lueur de la lune, semblait moins effrayant qu’à leur première rencontre. Son visage masqué, autrefois source de terreur, était devenu pour elle une part de son identité, une façade qu’il portait pour se protéger du monde.

— Qu’est-ce que tu regardes ? lui demanda-t-il avec une note de curiosité dans la voix.

Elle sourit doucement, se retournant complètement pour lui faire face. Il était si proche maintenant qu’elle pouvait sentir la froideur qui émanait de lui, mais cette sensation ne la dérangeait plus.

— Toi, répondit-elle simplement.

Jack sembla légèrement surpris par sa réponse, ses mains hésitantes se glissant dans ses poches comme s'il ne savait pas quoi en faire. Sarah, elle, se sentit soudain audacieuse. Elle s’approcha encore, comblant la distance entre eux, jusqu'à ce que son corps effleure presque le sien.

— Sarah… murmura Jack, sa voix rauque, pleine d'une émotion qu'il ne parvenait pas à cacher. Tu ne devrais pas...

— Je sais, l’interrompit-elle doucement. Mais je le veux.

Elle leva la main et, cette fois, posa directement ses doigts sur son masque, juste au niveau de ses yeux absents. Le contact fit tressaillir Jack, mais il ne la repoussa pas. Il resta figé, comme s’il craignait de briser cet instant fragile. Sarah, de son côté, caressait lentement la surface lisse et froide du masque, cherchant à comprendre ce qu'il représentait pour lui.

— Pourquoi caches-tu ton visage ? demanda-t-elle soudain, la voix emplie d'une tendresse inattendue.

Jack hésita, puis, après un long moment, répondit.

— Ce n’est pas mon visage que je cache, c’est ce que je suis devenu.

Sarah baissa doucement la main, mais son regard resta ancré dans l’obscurité de ses orbites. Elle voulait comprendre ce qu’il ressentait derrière ce masque, mais surtout, elle voulait qu’il sache qu’elle ne le voyait pas comme un monstre.

— Tu n’as pas à te cacher avec moi, murmura-t-elle.

Ses mots résonnèrent comme une promesse. Jack la fixa, et malgré l'absence d’yeux, elle pouvait presque sentir la lutte intérieure qui le dévorait. Il serra les poings, comme s’il tentait de se contrôler, mais cette fois, il ne recula pas.

— Sarah, je suis dangereux… Je ne peux pas changer ce que je suis. Même si je le veux… même si je veux être quelqu’un d’autre pour toi.

Elle sentit son cœur battre plus fort à cette confession. Ses doigts glissèrent doucement le long de son bras, et elle le sentit se tendre sous son toucher.

— Tu n’as pas à être quelqu’un d’autre. Je t'accepte tel que tu es, dit-elle avec une sincérité désarmante.

Jack détourna la tête, incapable de soutenir cette tendresse qu’il ne pensait pas mériter. Ses mains tremblaient légèrement, et il recula d’un pas.

— Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu restes ? demanda-t-il d’une voix pleine de douleur. Je pourrais te tuer, Sarah. Chaque nuit, je me bats contre ce besoin… cette faim qui me ronge.

— Mais tu ne l’as jamais fait, répliqua-t-elle calmement.

Elle s’avança à nouveau, refusant de le laisser s’éloigner. Son regard était ancré dans le sien, défiant. Elle ne pouvait expliquer cette attraction, ce lien qu’elle ressentait, mais elle savait que c'était plus fort que tout ce qu’elle avait jamais connu. C’était irrationnel, dangereux, mais terriblement réel.

— Parce que tu me rends plus fort que ça, admit Jack, la voix brisée. Quand je suis près de toi, je... je me contrôle. Tu es la seule raison pour laquelle je n’ai pas cédé à ce monstre en moi.

Il tendit la main, hésitant, puis la posa doucement sur la joue de Sarah. Le froid de sa peau la fit frissonner, mais elle n’y prêta pas attention. Le simple fait qu'il la touche de cette manière, avec une telle douceur, suffisait à remplir son cœur d’une chaleur inattendue.

— Jack… murmura-t-elle, sa voix tremblante.

Leurs regards se croisèrent à nouveau, et cette fois, il n’y avait plus de peur entre eux, juste une tension croissante, une envie partagée. Lentement, presque timidement, Sarah ferma les yeux et s’approcha davantage. Leurs fronts se touchèrent, et elle sentit la respiration haletante de Jack contre ses lèvres.

Elle savait que c'était fou. Tomber amoureuse d'un tueur, d'une créature maudite, n'avait aucun sens. Mais son cœur battait à tout rompre, et elle se sentait plus vivante que jamais. Sa main se glissa doucement dans la sienne, serrant ses doigts froids avec une douceur apaisante.

— Je ne veux pas que tu te battes seul, murmura-t-elle. Si tu dois te battre, alors je serai à tes côtés.

Jack ferma les yeux, et pour la première fois depuis qu'ils s’étaient rencontrés, il laissa tomber toutes ses défenses. Ses bras se refermèrent autour d'elle, l'attirant contre lui. Elle posa sa tête contre son torse, écoutant le silence de son cœur immobile. Le contraste entre sa nature inhumaine et le réconfort de son étreinte était troublant, mais Sarah n’avait jamais ressenti un tel sentiment de sécurité.

Ils restèrent ainsi un long moment, bercés par le murmure de l'eau du ruisseau et le souffle du vent dans les arbres. Jack resserra son étreinte autour d'elle, comme s’il craignait de la perdre. Sarah leva les yeux vers lui, leurs visages à quelques centimètres l’un de l’autre.

— Merci, souffla-t-il, ses mots presque inaudibles.

— Pour quoi ?

— Pour me donner une raison de croire que je peux être autre chose qu’un monstre.

Elle sourit doucement et, dans un geste impulsif, se pencha pour effleurer ses lèvres. Le baiser était léger, presque éthéré, mais il portait en lui toute la profondeur de ce qu’ils partageaient, une émotion brute et sincère. Jack ne bougea pas, comme figé par l'intensité du moment, mais il ne la repoussa pas non plus.

Quand Sarah recula légèrement, leurs regards se croisèrent à nouveau, et elle sut que, peu importe la noirceur qui les entourait, ils trouveraient une manière de surmonter tout ça ensemble.