Captives dans l'obscurité

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Irina

Le temps sembla se figer, et mon souffle se coupa, comme si le monde venait soudain de basculer dans une autre réalité.

Mon corps se mit à trembler. Mes mains, particulièrement, semblaient avoir une vie propre, et je sentais des frissons glacés courir le long de ma colonne vertébrale. Chaque fibre de mon être hurlait de ne pas bouger. Je savais que le moindre geste imprudent pourrait me coûter la vie. Ils avaient des armes, et cette simple pensée suffisait à raviver une peur viscérale, sourde et constante. Mon souffle se fit plus court. Mes yeux se posèrent instinctivement sur Sarah, à quelques pas de moi. Son visage était livide, figé dans une expression d'horreur pure. Elle semblait à deux doigts de s'évanouir, incapable de réagir face à l'atrocité de la situation.

Isa, quant à elle, gisait au sol, inconsciente ou pire. Mes pensées se bousculaient, cherchant désespérément une solution, un moyen d'agir. Mais quoi dire dans un moment pareil ? Comment trouver les mots alors que je ne comprenais même pas ce qui se passait ? Pourtant, il fallait que je tente quelque chose, n'importe quoi pour gagner du temps, pour les distraire.

-Comment avez-vous pu entrer dans cette base ? lançai-je d'une voix que je ne reconnus même pas, tremblante et cassée.

La réponse fut immédiate et brutale.

-Ta gueule, salope, ou je tire !

Mon cœur bondit dans ma poitrine, frappant si violemment contre mes côtes que j'avais l'impression qu'il allait s'arrêter net. Je déglutis avec difficulté, la gorge nouée, mes jambes flageolantes. Il faisait sombre, trop sombre pour que je distingue clairement leurs yeux, mais je pouvais sentir leurs regards peser sur moi, oppressants et menaçants. Trois silhouettes se découpaient dans la pénombre, presque fantomatiques, mais il n'y avait rien d'éthéré dans la froideur de leurs voix. Je savais que je ne devais pas tenter le diable. Un faux pas, un mot de trop, et je ne verrais plus jamais la lumière du jour.

L'un d'eux s'avança vers Isa. Sans un mot, il lui attrapa les poignets, les noua fermement dans son dos, avant de lui bander les yeux avec une brutalité désinvolte. Elle resta molle, inerte comme une poupée cassée. Sans un soupir, sans un cri. Mon ventre se tordit de douleur en la voyant ainsi, transportée comme un vulgaire sac de patates sur l'épaule de son ravisseur. Le deuxième homme se tourna alors vers Sarah. Elle aussi se laissa faire, incapable de réagir, totalement paralysée par la terreur. Je ne pouvais plus compter sur elle, je le savais.

Puis vint mon tour. Le dernier homme s'approcha lentement, ses pas lourds résonnant sur le sol. Chaque mouvement semblait calculé pour effrayer, pour rappeler à quel point j'étais vulnérable. Mon cœur battait tellement fort que je crus qu'il allait exploser à tout instant.

-Un conseil : ne bouge pas, me lança-t-il d'une voix grave, rauque.

Quelque chose dans sa voix me troubla. Un écho lointain, comme un souvenir enfoui, presque familier. Mais c'était sans doute une illusion. La peur faisait des ravages dans mon esprit, me plongeant dans une confusion totale. Et contre toute attente, ses gestes, eux, étaient... doux. Il attacha mes poignets avec une étonnante délicatesse, comme s'il craignait de me faire mal. Je ne savais plus quoi penser. Les deux autres avaient déjà emmené Sarah et Isa hors de la chambre, leurs pas disparaissant dans les ténèbres du couloir.

Puis, je le sentis approcher un morceau de tissu de mon visage. En un instant, ma vision disparut, me laissant aveugle, dans le noir absolu. La panique monta en moi, me prenant à la gorge, mais je n'eus pas le temps de réagir. Il me souleva, me jetant sur son épaule avec aisance, comme si je ne pesais rien.

IrinaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant