Les lignes de faiblesses

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Irina

Le samedi était déjà là. Une semaine s'était écoulée depuis notre arrivée à la base, et le temps semblait étrange, à la fois étiré et fugace. Les jours étaient rythmés par une discipline rigide, mais, contre toute attente, je trouvais ce quotidien presque plus simple que ce que j'avais imaginé. Peu à peu, je prenais mes marques, m'habituant aux murs austères et aux protocoles, bien que la majorité de la semaine se soit déroulée dans une salle de boxe. L'Officier Drescu, inflexible et impassible, nous y faisait travailler sans relâche, comme s'il s'agissait de la seule chose qui comptait.

Le ton de l'Officier Drescu était sévère, acéré, et sa voix résonnait comme un coup de fouet. Hurler semblait être sa méthode d'enseignement privilégiée, une manière, sans doute, de faire ressortir en chacun de nous une force dissimulée ou de tester notre résistance. Cependant, nous avions tous compris qu'il n'avait ni la patience, ni le désir de nous accompagner individuellement. À vrai dire, cela m'arrangeait ; il ne m'avait presque pas adressé la parole, me lançant uniquement ces regards menaçants, qui, au fil des jours, étaient devenus un jeu silencieux entre nous.

Dans la base, les groupes restaient entre eux, formant des clans presque instinctivement. Même lors des dîners, où tous se retrouvaient dans le grand réfectoire, l'atmosphère demeurait divisée. Ce soir-là, assis autour de nos assiettes, nous partagions une tranquillité tendue, un calme avant la tempête. Demain, c'était notre premier test, une épreuve comme il y en aurait tant d'autres chaque dimanche, mais dont les résultats détermineraient les plus aptes à participer aux missions extérieures. Ces opportunités étaient cruciales, marquant un progrès dans notre dossier, une chance d'échapper un jour aux murs de cette base. Pourtant, à l'idée de ce qui attendait dehors, un frisson glacé me traversait. Les créatures qui rôdaient au-delà de ces murs me glaçaient d'effroi, même si j'étais bien décidée à donner le meilleur de moi-même.

-Irina, tu ne finis pas ton assiette ? demanda Eliot, son regard se posant sur moi.

Sa question me tira de mes pensées. Je lui tendis mon assiette, esquissant un sourire en coin.

-Non, finis-la toi, répondis-je, masquant à peine l'anxiété qui me coupait l'appétit.

Eliot me lança un regard amusé, ses yeux bleus pétillants.

-Je peux aller te chercher du pain si tu veux ? dit-il, un sourire aux lèvres, insistant d'un regard qui semblait attendre un acquiescement.

-Oui, je veux bien, répondis-je, rendant son sourire.

Eliot se leva en m'invitant à le suivre d'un geste. Curieuse, je me levai aussi, étonnée de son insistance. Peut-être voulait-il échapper aux bavardages de James sur ses conquêtes passées et aux récits de Harper, des fragments d'une vie d'avant qui lui paraissait presque exotique.

-Alors, pas trop stressée pour demain ? me demanda Eliot, ses yeux fixés sur les miens.

-Pas trop, mentis-je d'un ton assuré. Et toi ?

-Je suis plutôt confiant, répliqua-t-il avec une assurance tranquille.

Je l'observai un instant, remarquant pour la première fois les reflets dorés dans ses cheveux bruns.

-Tu mesures combien, exactement ?

Il me lança un regard surpris, ne s'attendant pas à cette question.

-1m82 précisément, répondit-il avec un sourire en coin. Et toi, tu es plutôt grande pour une fille.

Un éclat de malice passa dans mon regard.

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 11 ⏰

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