UNTRUTH

𝐌𝐚𝐮𝐯𝐚𝐢𝐬𝐞 𝐩𝐢𝐨𝐜𝐡𝐞

La voiture du Dieu Nordique empeste l'odeur de mec.
Je sais pas si c'est parce que je suis trop près de lui ou s'il s'est noyé dans l'eau de Cologne avant de m'embarquer dans sa caisse.

— T'as toujours pas de nouvelles de ton amie ?
— Hum... non. Elle a dû s'endormir...

C'est faux. Son cafard d'ex plan cul a dû débarquer à l'improviste, et elle a "oublié" de me prévenir qu'elle serait occupée avec lui plutôt que de venir me chercher.
Daven 1 - True 0.

— Et sinon... toi, ça va ?

Ah, enfin ! Ça fait bien dix minutes que je sens que Logan veut dire un truc. Mais c'était pas vraiment ce que je pensais entendre.

— Ouais, ça va.
Je suis pas hyper à l'aise, et vu les gouttes de sueur qui perlent sur le front de mon chauffeur, lui non plus. D'habitude, c'est lui qui s'occupe d'engager les discutions avec les autres, pas moi.
Peut-être que je devrais lancer un sujet plus... intéressant. On a encore vingt minutes avant d'arriver chez moi. Autant combler le vide.

— Merci.
— Merci ? Logan me jette un regard rapide.
— Merci pour tout à l'heure. Au bar, avec le client.
— Oh... de rien.

Sérieux Logan, tu pourrais pas faire un effort ? Lâche des phrases un peu plus longues, ça m'aiderait.

— Et puis, j'ai horreur des mecs comme ça.

Ah tiens ?
Je me tourne vers lui. Cette fois, il me regarde en continuant :

— Aucun mec qui se respecte ne devrait parler à une femme comme ça. Surtout pas à une femme comme toi.

Attends... il est en train de me draguer là ?
J'en sais rien, mais bordel, il sent comme s'il s'était plongé dans une cuve de parfum ; Il est nul en conversation, mais qu'est-ce qu'il est canon. Surtout quand il sort une phrase comme ça. De quoi faire fondre n'importe quelle fille...
Mais est-ce que je suis "n'importe quelle fille" ?

...

J'ai eu ma réponse : je suis "n'importe quelle fille", vu que je me retrouve à moitié nue sur le vieux canapé de Logan, à me faire embrasser et tripoter. C'est quoi mon problème ? Quelques jolies phrases bien mielleuses et voilà, n'importe qui peut m'avoir dans son lit ? Il va sérieusement falloir que je bosse sur moi pour ne plus me retrouver dans ce genre de situations merdiques. Et puis "Dieu Nordique" embrasse comme un manche. Je vais devoir utiliser mes talents d'actrice pour pas paraître trop ennuyée.

— Ça va, True ?
Logan relève sa tête de ma poitrine. Il a les cheveux en bataille et me fixe avec un regard bizarre.

— Ouais, tout va bien. Continue.
Je lui remets la tête dans le creux de mon cou, simulant quelques soupirs et gémissements pour l'encourager. Après une session intense entre ma bouche, mon cou et mes seins, il se redresse enfin.

— Je vais chercher une capote.
Pas le temps de répondre que je vois ses fesses tachetées de rousseur s'éloigner en courant. La nuit va être longue...

Il revient au bout de quelques secondes, capote en main, et me force à me redresser. Ma tête se retrouve directement face à ses bijoux de famille.

— J'aurais bien aimé que tu me fasses une petite gâterie, mais...

— Tu sais, c'est pas parce qu'un vieux dégueulasse m'a maladroitement demandé une fellation et que j'ai dit non, que ça sera pareil pour toi.

Quoi ? C'est bien True Everhart qui parle là ? Je sais pas d'où me vient ce côté aguicheur, mais c'est sorti tout seul. Et à voir ses réactions corporelles, ça n'a pas l'air de lui déplaire. Peut-être que je devrais me laisser aller, juste pour ce soir.

— Oh putain, oui.
Il devient aussi rouge que mon soutien-gorge. Il attrape mes cheveux noirs entre ses mains et me regarde de haut.

— Tu es prêt ?
— J'attends ça depuis tellement longtemps... Et moi qui pensais que t'avais un balai coincé dans le...

Je m'arrête net, surprise. Je le regarde.

— Quoi ?
— Bah ouais, tout le monde n'arrête pas de dire que depuis que ta sœur est morte, t'es devenue une vraie coincée. Mais ils avaient tort.

Il se lèche les lèvres comme un chiens affamé.
C'est quoi ce bordel ? Je me lève pour être à son niveau.

— Attends, t'as dit quoi, Logan ?
— T'es une vraie chaudasse, True. J'ai la trique depuis le premier jour où t'es arrivée au bar.

Des larmes de colère montent. Ce connard sourit bêtement. Comme si ses paroles étaient les plus ordinaires qui soient. Et avant même de m'en rendre compte, ma main part toute seule.

— Putain ?! Tu m'as giflé ?! crie Logan en se tenant la joue, maintenant plus rouge que le reste de son visage.

— Va te faire foutre, Logan.
J'enfile mes fringues à la vitesse de l'éclair, prends mon sac et ouvre la porte de son appart en furie.

— Et tu vas rentrer comment ? Il pleut dehors !

— J'en sais rien. Mais je préfère être sous la pluie plutôt que de simuler un orgasme pour toi.

Et je le laisse là, nu comme un ver et complètement paumé, figé dans son expression d'abruti. Je fonce dans l'ascenseur, appuie sur "rez-de-chaussée" et m'effondre en larmes.

— Allô, Lauren ?
— Tutu ? Ça va pas, ma chérie ?
Elle chuchote au téléphone, son cafard doit être là.

— Je te dérange pas ?
— Non, pas du tout ! J'allais t'appeler.

Mauvaise menteuse...

— J'ai pas ma voiture et je suis loin de chez moi...
Je renifle comme une gamine à qui on a pris sa sucette. J'ai l'air pitoyable.

— Envoie-moi l'adresse, j'arrive te chercher.
— Vraiment ?
— J'arrive, je t'ai dit.