Les Echos d'Aldaria (Tome 1)

Chapitre 18 : Boucliers et fractures mentales

Les jours passaient, et la vie à Aldaria devenait plus routinière pour Elena. Les cours de télépathie étaient les plus troublants, surtout avec la voix qui continuait de la tourmenter. Elle lançait des piques peu subtiles à chaque moment de silence, comme un murmure constant dans son esprit. Elena avait pris l'habitude de répondre mentalement à cette présence, parfois même sans s'en rendre compte, et, chaque fois qu'elle le faisait en sa présence, elle sentait le regard pesant de Lyrian, comme s'il savait exactement ce qui se passait dans sa tête.

Ses cours avec Aerendyl, le professeur de télépathie, étaient de plus en plus intenses. Il insistait souvent pour lui demander si elle comprenait bien les exercices de protection mentale, et chaque fois, Elena sentait une tension. Elle se savait observée de près, et cela ne faisait qu'augmenter son malaise.

Ses pouvoirs étaient restés éteints, aucune nouvelle irruption de magie, cela angoissait Elena, elle ne savait pas à quoi s'attendre et n'avait le contrôle sur rien. Sa vie ne lui appartenait plus.

Dans les jours précédents, Elena commençait à remarquer Lyrian à des moments et à des endroits inattendus, toujours à une distance mesurée, comme s'il se fondait dans l'arrière-plan. Mais ses yeux, d'un vert émeraude brillant, étaient souvent posés sur elle, attentifs, presque trop perçants. À chaque fois qu'elle croisait son regard, elle sentait un frisson parcourir son échine, comme si quelque chose en lui savait plus qu'il ne laissait paraître.

Un jour, alors qu'elle traversait un couloir après les cours, elle sentit un regard appuyé sur elle. Elle se retourna et le vit, adossé nonchalamment contre le mur, à quelques mètres de là. Leur regard se croisa, et pour une fraction de seconde, elle pensa apercevoir un éclat de curiosité, peut-être même de compassion, dans ses yeux. Mais l'instant d'après, son visage redevint impassible, insondable.

La voix dans sa tête murmura alors, moqueuse : "Il te surveille, tu sais. Il doit sentir quelque chose... Mais qu'est-ce qu'il pourrait bien comprendre ? Rien du tout. Ils ne savent jamais rien."

Cette remarque la fit frémir, lui laissant l'impression qu'elle n'était pas simplement observée, mais étudiée. Elle ne savait pas si Lyrian était conscient de la présence de la voix dans son esprit ou s'il percevait seulement une aura troublée autour d'elle. Mais chaque fois qu'il apparaissait dans les parages, il éveillait en elle une étrange question : et s'il ressentait cette présence ?

Un soir, alors qu'elle se rendait à sa chambre, elle sentit à nouveau cette sensation de présence et s'arrêta brusquement. Lyrian était là, en retrait, comme toujours. Il la fixait, son regard semblait sonder chaque facette de son être. Après un silence pesant, il laissa échapper un léger sourire en coin avant de détourner les yeux et de disparaître dans l'ombre du couloir.

La voix ricana, l'écho de son amusement résonnant dans l'esprit d'Elena : "Penses-tu qu'il te comprend ? Qu'il est là pour t'aider ?"

Elena ne pouvait s'empêcher de se poser la question, prise entre la méfiance et une curiosité grandissante. Peut-être que Lyrian savait quelque chose qu'elle ignorait, ou peut-être était-ce la voix qui essayait de la manipuler en semant le doute. Chaque interaction, aussi brève soit-elle, semblait alimenter un mystère de plus, laissant Elena partagée entre la peur et le besoin de réponses.

Un matin, alors qu'elle revenait d'un cours d'histoire, elle trouva une lettre posée sur son lit, soigneusement cachetée avec un sceau officiel. Son cœur se serra en reconnaissant le symbole : c'était une missive de Dimitri. L'ouvrir provoqua une montée de nervosité. Elle s'assit sur le bord du lit et décacheta l'enveloppe.

"Elena, J'espère que tu t'acclimates bien à Aldaria. Je t'écris aujourd'hui pour te faire part d'une préoccupation sérieuse. Aerendyl, ton professeur de télépathie, m'a rapporté des signes inquiétants dans tes progrès et ta concentration.