Les Echos d'Aldaria (Tome 1)

Chapitre 28 : La disparition

Dimitri quitta la chambre d'Elena avec une lourdeur inhabituelle pesant sur ses épaules. Son esprit était en ébullition, parcourant en boucle les événements récents et cherchant désespérément une solution pour protéger la jeune fille. Il n'était pas question de rester davantage à Aldaria cette nuit-là, ni d'aller voir la directrice comme il l'avait initialement prévu, il lui enverrait un courrier depuis le ministère. Il était tard, et il savait que pour le moment, il ne pourrait rien faire de plus. Il lui fallait du temps pour réfléchir.

En arrivant au ministère, Dimitri se laissa tomber dans le fauteuil de son bureau, un peu usé, mais toujours aussi méticuleux dans son environnement de travail. Malgré la fatigue, il resta éveillé quelques heures de plus, réfléchissant à la manière dont il pourrait défendre Elena. Elle était encore jeune et manifestement incapable de contrôler ses pouvoirs. Si cette déflagration magique était remontée aux oreilles des autorités, il était presque certain que certains voudraient la maintenir sous surveillance, voire la garder enfermée sous prétexte de protection. Mais Dimitri savait que ce genre de "protection" n'était qu'un autre mot pour "contrôle".

Il se frotta les yeux, épuisé, et décida finalement de s'assoupir quelques heures dans son fauteuil. Il n'aurait pas le temps de rentrer chez lui cette nuit-là. Ses pensées tournaient autour d'une seule chose : comment aider Elena à ne pas se perdre dans cette tempête.

Le lendemain matin, juste après l'aube, un coup sec à sa porte le réveilla en sursaut. Il se redressa dans son fauteuil, encore un peu désorienté, mais rapidement en alerte. Lorsqu'il ouvrit la porte, un assistant lui tendit une convocation officielle.

— "Un grand conseil est réuni pour parler de la secousse magique d'hier à Aldaria," annonça l'assistant avec une certaine solennité.

Dimitri fronça les sourcils. La nouvelle était tombée plus vite qu'il ne l'avait espéré. Il remercia l'assistant avant de lire rapidement la convocation. Ce genre de réunion impliquait toujours des discussions complexes, et il savait que tout le monde chercherait une explication pour l'événement de la veille. Le cœur lourd, il se prépara mentalement pour la réunion.

Arrivé dans la salle du conseil, il observa attentivement chaque visage. Les autorités magiques présentes ne semblaient pas savoir d'où venait cette puissante déflagration. Les discussions tournaient autour de théories diverses : une rupture dans le réseau magique, un artefact défectueux, ou même une créature magique trop puissante libérée par erreur. À aucun moment, il ne fut mentionné qu'un étudiant, et encore moins Elena, pouvait en être responsable.

La salle du conseil était un chef-d'œuvre d'architecture magique, à mi-chemin entre la grandeur solennelle et une austérité fonctionnelle. Située dans les entrailles du ministère, elle semblait taillée directement dans une pierre d'un gris profond, parcourue de veines d'argent qui scintillaient faiblement, comme des rivières lumineuses imprégnées de magie pure.

Le plafond, haut et voûté, était orné d'un dôme enchanté qui reflétait l'état du monde magique extérieur. Parfois, il montrait un ciel nocturne constellé d'étoiles, d'autres fois, il affichait une mer d'éclairs tourbillonnants ou une lumière tamisée évoquant un jour pluvieux. Cela permettait aux ministres de rester connectés à l'équilibre magique de leur royaume, même enterrés sous des tonnes de roche.

Au centre de la pièce se dressait une table circulaire en obsidienne noire, si polie qu'elle reflétait comme un miroir. La surface semblait parfois vibrer légèrement, réagissant aux émotions ou aux débats enflammés des membres présents. Des symboles anciens y étaient incrustés en or, représentant les grandes forces élémentaires et les serments des premiers ministres magiques.

Autour de la table, de hauts fauteuils en bois sombre étaient disposés, chacun gravé de motifs uniques correspondant aux rôles ou spécialités de leurs occupants : un arbre pour le ministre de la nature, un œil pour celui chargé de la sécurité magique, ou encore un grimoire ouvert pour celui des archives et connaissances. Ces fauteuils semblaient faits pour intimider autant qu'ils servaient leur fonction.