Chapitre 12

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Ma vie redevint alors d'une banalité affligeante. Chaque nuit, quand les étoiles semblaient me narguer de leur beauté, je sortais, reconquérant petit à petit ma magie.

Les entraînements de badminton avaient recommencé, et je reprenais pleinement mes forces. Parfois, Adrian semblait tendu à l'extrême, au point que son jeu en devenait mauvais. Quand je lui demandais ce qui n'allait pas, il me répondait toujours la même chose :

- C'est rien, ne t'inquiète pas. Concentre-toi sur la reprise.

Ce qui, bien évidemment, me mettait en colère. Il se permettait de me mentir éhontément. Quel abruti.

Les cours revenaient aussi dans ma routine. Je me levais, mangeais un bout, allais en cours, allais à l'entraînement et rentrais. Rien ne me paraissait plus ennuyeux. Le seul avantage que je retirais de mon absence, c'était que les garçons avaient cessé de m'embêter. Kyo se tenait anormalement à carreau et semblait plus familier avec moi, comme avec Adrian. C'était à peine si tous les deux ne se parlaient pas, comme de bons amis.

Un jour, un quinze janvier, soit au milieu de l'année, alors que ma professeure de maths nous faisait réviser pour le Bac, on toqua à la porte.

Toute la classe se retourna vers l'origine du bruit, n'étant pas habituée à de quelconques interruptions. Un surveillant entra et se plaça devant le tableau blanc.

- Bonjour, les terminales F. Vous ne le savez sûrement pas, mais un nouvel élève va intégrer votre classe. Il arrive en cours d'année dû à un déménagement. Je vous prie de l'accepter et de l'intégrer dans vos groupes déjà formés. Bonne journée. Je vais laisser votre professeure le présenter, à moins qu'il ne veuille se présenter lui-même.

Un jeune homme, d'un bon mètre quatre-vingt-dix, avec une chevelure de feu, entra dans la pièce. Des yeux bleus, d'une clarté éblouissante, complétaient ce garçon qui ne semblait pas humain. Pour ne rien arranger, une musculature digne d'un Apollon lui dessinait un torse de rêve au travers de son t-shirt.

Pas de doute. Sous une nouvelle apparence, Azariel se pointait dans ma classe. Qu'est-ce qu'il fichait là ? Ça me mettait en rogne, et je comptais bien découvrir son excuse.

Dès son apparition, les filles les plus superficielles de ma classe poussèrent des soupirs. Cependant, quand le regard de cet inconnu balaya la salle, il s'arrêta sur moi, et en relevant les yeux, sur Kyo, assis derrière moi. Son regard me pénétra avec insistance.

- Je m'appelle Clément Ongua, déclara le nouveau d'une voix grave. J'ai dix-huit ans et je viens de Paris. Mes parents ont déménagé à cause de leur travail, et me voilà arrivé dans cette nouvelle ville. Je vous prie de m'accueillir avec respect et j'ai hâte de rencontrer chacun de vous. Merci.

Sa présentation fut applaudie, et il fallut lui trouver une place. Toutes les filles qui étaient seules se dévouèrent, mais la prof les coupa dans leurs élans :

- Clément, tu peux aller t'asseoir à côté de... Kyo, le garçon aux cheveux noirs au fond de la salle. Kyo, accueille-le comme il se doit.

Ce dernier lança un "tch" dédaigneux quand les filles crièrent au scandale. Mon regard ne se détachait pas du nouveau quand il vint s'asseoir derrière moi.

- Qu'est-ce que tu fais là ? dis-je sèchement.

- Bonjour, fit simplement "Clément" avant de m'ignorer.

Je fulminais. Je ne pouvais simplement pas utiliser ma magie pour lui faire du tort. Elle n'était pas encore totalement rétablie. Il allait m'entendre à la récréation.

Azariel engagea la conversation avec Kyo, qui était étrangement bavard aujourd'hui. Clément lui dit alors quelque chose à l'oreille que je n'entendis pas, et Kyo se redressa d'un coup. Il se mit à parler en flot discontinu.

Dans les limbes...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant