Chapitre 18

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Chapitre 18

(PDV de Nihal)

L'impression de danger que je ressentais si fortement quelques secondes plus tôt se transforma en véritable alerte d'urgence. Il fallait que je me tire d'ici, et au plus vite. Alors que je vis le bras de l'homme trop près de moi se tendre dans ma direction, il y eut un bruit étrange, comme comme un élastique trop étiré claquant finalement, et je vis avec étonnement la vitesse de la main du garde ralentir considérablement. Que faisait-il? Pourquoi ralentissait-il? Ça n'avait aucun sens! Mais je ne réfléchis pas. Mon coeur battait fortement dans ma poitrine, je pouvais l'entendre clairement, aussi clairement que ma respiration lente.

 Ce qu'il allait faire avec ce bras, je m'en doutais. Et je n'allais pas le laisser faire. Je repoussai d'une main ferme le membre qui s'approchait. Pendant ce temps, son "ami" se précipitait au ralenti vers moi, et je lui décochai un coup de pied solide dans le ventre, l'empêchant d'Avancer, puisqu'il se pliait maintenant en deux, l'air de souffrir. Pourquoi étaient-ils si lents? Mes réflexes étaient-ils véritablement devenus plus rapides? Ça n'avait pas de sens... Le premier homme, me regardai maintenant plus prudemment, mais il n'avait toujours pas abandonné, pensant sans doute que c'était la chance du débutant. 

Je baissai mon centre de gravité, prête à riposter s'il venait à esquisser ne serait-ce qu'un mouvement agressif envers moi. S'il croyait s'en tirer parce que j'étais une jeune femme, il allait s'en prendre plein la figure! Juste comme il allait se jeter sur moi pour me plaquer au sol, une voix forte et autoritaire - et furax - brisa ma concentration. Une impression de vertige me pris de court avant que tout redevienne vitesse normale. Je n'entendais plus mon coeur, ni ma respiration, mais les pas rapides de ce que je devinais être Leith. Ses sourcils étaient froncés dans une expression dure, et impardonnable. J'espérais qu'il ne m'avait pas vu me battre. Il pouvait se douter que quelque chose se tramait avec Maître Khawarizmi. 

-Leith, dieu merci, tu es là, m'exclamai-je d'une voix faussement apeurée. 

Je lui fis mes meilleurs yeux terrifiés, et son expression se durcit encore plus, si c'était possible. 

-Qu'est-ce que vous vous apprétiez à faire, messieurs? siffla-t-il d'une voix menaçante aux gardes. 

Les deux hommes eurent l'air affolés. Ils ne répondirent pas, alors je dus ajouter mon grain de sel.

-Ils.. Ils me touchaient... et-et je leur ai dit d'arrêter, mais ils... ne voulaient pas, et... j-j'ai eu si peur, bafouillai-je comme si j'étais réellement choquée par l'attrait sexuel que je pouvais provoquer chez ces babouins de bas étages. 

Leith était au comble de sa fureur. La confirmation de ce que ces hommes voulaient me faire l'avait plongé dans une colère noire, comme je n'en avais jamais vue chez lui. Je pouvais pleinement en profiter. Les deux violeurs allaient croupir en prison, et je pouvais manipuler plus profondéement Leith. Tout se déroulait bien mieux que ceque je pensais. Je n'étais pas particulièrement fière de mentir et tromper Leith, mais je n'avais pas le choix. Et il le méritait amplement. Rien que pour ce qu'il avait fait endurer à Lanie, il le méritait. Je ne le regrettais pas. Absolument pas.

Le regard de Leith se tourna vers moi.

-Tu devrais retourner dans nos quartiers. Tu ne veux pas me voir en colère, déclara-t-il d'une voix blanche. 

À vrai dire, je voulais assister à la chute des deux abrutis, mais si j'avais été réellement la fille apeurée que je prétendais être, il y aurait longtemps que je serais partie en courant, alors je ne fis que hocher faiblement la tête, et courai presque hors de cette section du tunnel, vers les chambres que je partageais avec Leith. J'entrai dans la gigantesque pièce de pierre, mon regard se posant sur le luxe que représentait la cambre de Leith - et maintenant la mienne aussi.

Les Héritiers de Perse - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant